Lutte contre le terrorisme : les propositions des candidats

Lutte contre le terrorisme : les propositions des candidats

Hier soir, un attentat revendiqué par l’Etat islamique a été perpétré sur les Champs-Elysées. Au même moment, les onze candidats à l’élection présidentielle étaient invités par France 2 à exposer leurs programmes en 15 minutes. S’ils se sont dit émus par l’attaque terroriste et ont rendu hommage au policier décédé, leurs mesures pour lutter contre le terrorisme n’ont pas vraiment été évoquées. Tour d’horizon de leurs propositions en la matière.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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François Fillon

Fillon s'exprime au lendemain de l'attaque terroriste
03:32

S’il est élu, le candidat LR à l’élection présidentielle prévoit de lutter « de façon implacable » contre le terrorisme. Pour y parvenir, il prône la déchéance de nationalité et l’interdiction de rentrer en France pour les nationaux partis combattre à l’étranger. Il souhaite également expulser les étrangers proches des réseaux terroristes.

Augmenter les effectifs policiers et renforcer les effectifs militaires sont également des mesures qui font partie de son plan anti-terrorisme.

Sur le plan pénal, il a affirmé ce matin qu’il souhaitait un « durcissement de la réponse pénale »  car selon lui il y a un « lien entre la délinquance de droit commun et le terrorisme ». François Fillon s’est aussi dit favorable à l’isolement en prison des détenus radicalisés et veut placer en détention dans un cadre judiciaire ou sur surveillance administrative les fichés S.

L’ancien Premier ministre appelle à la fermeture des lieux de cultes, même hors du cadre de l’état d’urgence - qu’il souhaite toutefois maintenir -, dès lors que « leur activité est de nature à porter une atteinte grave à l’ordre public et à la sécurité intérieure ».

Il compte aussi agir au niveau européen en « renégociant Schengen pour que le contrôle aux frontières nationales soit maintenu au-delà du mois de novembre 2017 ».  Par ailleurs, il veut mettre en place « sans délai » l‘accès au fichier des données des passagers PNF.

A l’échelle internationale, il a précisé dans la matinée que, s’il était élu, sa politique étrangère serait « ciblée sur la destruction de l’Etat islamique ». « De Washington à Moscou je prendrai l’initiative diplomatique afin de créer coalition internationale pour lutter contre le terrorisme islamiste », a-t-il ajouté. En outre, il veut « obtenir des Etats du Golfe qu’ils retirent tout appui direct ou indirect aux mouvements fondamentalistes ».

Il s’est adressé aux musulmans, qu’il appelle à « aider l’Etat français à faire le ménage contre l’intégrisme et l’obscurantisme ». Quant aux imams, « aucun d’eux ne pourra prononcer un prêche contraire aux valeurs de la République, à moins d’être interdit s’il est Français ou expulsé s’il est étranger ». Il prône aussi une « tolérance zéro à l’égard de l’islam radical »

Enfin, il veut dissoudre tout « mouvement se réclamant du salafisme ou des Frères musulmans ».

Marine Le Pen

Ce matin, la candidate du Front national s’est exprimée en réaction à l’attaque terroriste d’hier soir. Elle demande à François Hollande le « rétablissement immédiat des frontières », alors même que l’auteur de l’attaque terroriste d’hier soir était Français. Elle a rappelé son intention d’expulser tous les fichés S étrangers du territoire. Dans son programme, elle étend même cette volonté à « tous les étrangers en lien avec le fondamentalisme islamiste ». S’agissant des binationaux, elle compte les déchoir de leur nationalité française.

Elle souhaite également renforcer les moyens humains pour lutter contre le terrorisme et prévoit ainsi « 15 000 policiers et gendarmes » supplémentaires et des capacités militaires élargies. 

Concernant la répression, elle a affirmé ce matin vouloir mettre fin aux remises de peine automatiques, rétablir les doubles peines et les peines plancher et mettre en place une « perpétuité réelle pour les atteintes à la vie des forces de l’ordre » pour en finir avec « le laxisme pénal » qui, selon elle, a permis au terroriste de la veille de commettre son attentat. Si elle est élue, elle prévoit  d’abroger les lois Dati et Taubira.

Marine Le Pen a également pris l’engagement de fermer « toutes les mosquées extrémistes recensées par le ministère de l’Intérieur » et souhaite proscrire le financement étranger des lieux de culte.

Par ailleurs, elle appelle à une « révision totale (des) relations avec le Qatar et l’Arabie Saoudite », qu’elle considère être des « promoteurs de l’obscurantisme islamiste ». Elle a aussi rappelé son intention d’interdire l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), qu’elle estime faire partie « des structures associatives, culturelles ou culturelles qui font la promotion pour financer l’idéologie du fondamentalisme ».

Enfin, la candidate FN s’engage à une « remise à niveau et une réorganisation du renseignement », dont elle veut aussi renforcer les moyens humains et techniques. Elle veut d’ailleurs rattacher l’administration au ministère de l’Intérieur « afin de l’intégrer pleinement à la communauté du renseignement.

Benoît Hamon

Benoît Hamon sur France 2 à Paris, le 20 avril 2017
Benoît Hamon sur France 2 à Paris, le 20 avril 2017
POOL/AFP

« Ce sont les moyens qui doivent être consacrés au renseignement et à la lutte contre l'islamisme radical qui me semblent être les priorités », a rappelé ce matin Benoît Hamon, sur RMC et BFM-TV.

Dans son programme, le candidat du Parti socialiste dit vouloir renforcer le renseignement « grâce à un coordonnateur national directement rattaché au Premier ministre ». Il mise également sur le renseignement territorial, le mieux « à même d’identifier les signaux faibles pouvant échapper aux technologies » selon lui, et veut donc amplifier ses moyens.

Lors de son « Entretien d’embauche » face à Jean-Jacques Bourdin ce matin, il a également souligné le besoin d’effectifs pour renforcer la sécurité des Français face au terrorisme. Il s’est engagé à créer 9000 postes de policiers et de gendarmes et veut faire appel aux réservistes.

Sur l’état d’urgence, il souhaite convoquer dès l’été un débat parlementaire. « Le recours à l’état d’urgence tiendra compte des nouveaux moyens des lois anti-terroristes qui permettent de limiter son usage », ajoute-il dans son projet présidentiel.

Concernant la répression, il est favorable à un alourdissement des peines et veut créer un délit d’entreprise terroriste individuelle. Il veut aussi engager des poursuites à l’égard des personnes ayant participé à des camps d’entraînement terroriste à l’étranger et interdire du territoire les suspects candidats au djihad.

Pour finir, il souhaite renforcer les contrôles aux lieux publics et transports en commun et fermer les lieux de culte « au sein desquels sont tenus des propos constituant une provocation à la haine ou à la violence ».

Emmanuel Macron

Le leader « d’En Marche » a affirmé ce midi que « le combat (devait) être porté en dehors (des) frontières, et notamment en Irak et en Syrie, où se trouvent les instigateurs de ceux qui tuent ici, en Europe et en France », avant d’évoquer ses mesures pour lutter contre le terrorisme sur le plan intérieur.

Emmanuel Macron envisage notamment de recruter 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires et de créer un « organe de coordination rattaché au président de la République, qui sera capable d’agir 24h/24h contre Daesh », appelé « task force ». En matière de renseignement toujours, il veut le renforcer à l’échelle locale.

Enfin, il entend faire de la cyberdéfense et de la cybersécurité des « priorités ». Une volonté qu’il a réaffirmé ce matin en disant vouloir mener une « action vigoureuse pour lutter contre la radicalisation islamiste y compris sur internet.

Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise lors de l'émission politique
Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise lors de l'émission politique "15 minutes pour convaincre" à Paris, le 20 avril 2017
POOL/AFP

Dans son programme, le candidat de La France insoumise dit vouloir « sortir des guerres déstabilisantes et des alliances hypocrites »

Au niveau national, il souhaite ramener les effectifs de policiers et gendarmes à ceux de 2007, soit 7000 de plus qu’aujourd’hui. Il compte aussi faire du démantèlement des réseaux terroristes une priorité.

« La logique d’exception ne protège pas mieux que l’état de droit », affirme t-il également pour justifier sa volonté de sortir de l’état d’urgence.

Enfin, il veut renforcer le renseignement territorial.

Philippe Poutou

Philippe Poutou, à Paris, le 19 avril 2017
Philippe Poutou, à Paris, le 19 avril 2017
AFP/Archives

Ce matin, sur LCI, le candidat du NPA a dit que « plus de policiers » n’était pas la solution pour faire face au terrorisme. Plus encore, il a ajouté que « si les policiers n’étaient pas armés, peut-être qu’ils n’auraient pas été visés », confirmant sa volonté de désarmer les forces de l’ordre. Quant aux fichés S, il a confié ne pas savoir « ce qu’il faut en faire ».

Sur le plan international, il plaide pour « l’arrêt des interventions militaires françaises à l’étranger », qui « alimentent le terrorisme » selon lui.

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France à la présidentielle, lors de son meeting au Cirque d'Hiver à Paris, le 19 avril 2017
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France à la présidentielle, lors de son meeting au Cirque d'Hiver à Paris, le 19 avril 2017
AFP

Une partie du programme de Nicolas Dupont-Aignan est consacrée au développement d’un « plan anti-terroriste s’inspirant des meilleures pratiques mondiales ». Il préconise ainsi le port permanent de l’arme pour les personnes habilitées, dont les gendarmes et les policiers, afin qu’elles puissent « riposter en temps réel à une attaque terroriste ».

Le candidat de Debout la France souhaite également renforcer la protection de zones identifiées comme des cibles privilégiées des terroristes, à savoir les aéroports internationaux, les grandes gares ainsi que les transports publics.

Par ailleurs, il ambitionne de créer une Cour de sûreté de la Nation exclusivement consacrée aux affaires de terrorisme. Les individus qu’elle condamne à des peines d’emprisonnement seront incarcérés dans « des établissements pénitentiaires éloignés du territoire métropolitain. Ceux liés à des actes terroristes seront, eux, isolés.

En matière de répression, il veut expulser « tout étranger condamné pour un crime ou un délit passible d’emprisonnement » et arrêter touts les individus coupables d’apologie du terrorisme « notamment sur les réseaux sociaux ». Il se dit favorable à l’instauration d’une peine plancher pour ces derniers. Quand aux individus condamnés pour terrorisme, il souhaite mettre en place la rétention de sûreté à la fin de leur peine.

Sur le plan international, Nicolas Dupont-Aignan veut intensifier la lutte contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie et, au niveau européen, il entend dénoncer les accords de Schengen et instaurer un « véritable contrôle aux frontières nationales ».

Enfin, il prévoit de fermer les mosquées « où est prêchée la haine ».

François Asselineau

Le candidat de l'Union populaire républicaine, François Asselineau, salue ses soutiens lors d'un meeting à Lille, le 10 avril 2017
Le candidat de l'Union populaire républicaine, François Asselineau, salue ses soutiens lors d'un meeting à Lille, le 10 avril 2017
AFP/Archives

Les seules mesures spécifiques à la lutte contre le terrorisme présentes dans le programme du candidat sont de mettre fin à l’opération Sentinelle ainsi que donner les moyens nécessaires pour « détruire l’Etat islamique en Syrie, en coopération avec la Russie et la Turquie ». Enfin, il veut « redéployer l’outil de sécurité sur l’ensemble du territoire » sans vraiment préciser comment.

Jacques Cheminade

Le candidat de Solidarité et Progrès à la présidentielle, Jacques Cheminade, au port du Havre, le 5 avril 2017
Le candidat de Solidarité et Progrès à la présidentielle, Jacques Cheminade, au port du Havre, le 5 avril 2017
AFP/Archives

Le candidat veut créer un centre de lutte anti-terroriste et une direction générale du renseignement territoriale. Il souhaite également intégrer les gendarmes au premier cercle de la communication du renseignement, sécuriser les espaces publics (avec la présence de physionomistes et de comportementalistes).

Sur le plan répressif, il souhaite pénaliser « plus lourdement » la consultation répétitive des sites djihadistes et renforcer la réserve opérationnelle de l’armée (100 000 réservistes). Il compte également affecter un policer de la DGRI dans chaque établissement pénitentiaire.

Enfin, Jacques Cheminade prévoit d’organiser un sommet sur la lutte contre le terrorisme et estime indispensable pour mettre fin au terrorisme de reconstruire la Syrie, la Lybie et les autres pays de cette région.

Nathalie Arthaud

La candidate Lutte ouvrière à la présidentielle Nathalie Arthaud, lors d'une conférence de presse avant un meeting à Marseille, le 8 avril 2017
La candidate Lutte ouvrière à la présidentielle Nathalie Arthaud, lors d'une conférence de presse avant un meeting à Marseille, le 8 avril 2017
AFP/Archives

Invitée ce matin de territoires d’Infos, sur Public Sénat et Sud Radio, elle a dit vouloir mettre fin aux « alliances » de la France avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, « qui financent les bandes djihadistes ». Elle a également affirmé être  contre renforcer l’arsenal des policiers mais ne veut pas les désarmer pour autant. Enfin, elle est contre l’état d’urgence.

Jean Lassalle

Le député centriste et candidat à la présidentielle Jean Lassalle (d), lors d'un déplacement de campagne à Marseille, le 12 avril 2017
Le député centriste et candidat à la présidentielle Jean Lassalle (d), lors d'un déplacement de campagne à Marseille, le 12 avril 2017
AFP

Lui aussi est opposé à l’état d’urgence : « On attente un peu plus à la liberté de chacun d’entre vous. Votre liberté d’aller et venir est mise est en jeu », a-t-il confié hier matin. Il regrette que la France « mouline dans le vide » sur le plan sécuritaire mais ne formule pas de propositions précises pour lutter conte le terrorisme.

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