Lutte contre le racisme, et l’antisémitisme : « Une simple rencontre entre deux jeunes a beaucoup plus d’impact que des grands discours »
Pour son documentaire À notre tour, Hanna Assouline, a suivi quatre jeunes, juifs et arabes, engagés contre le racisme et l’antisémitisme. Par le dialogue et la rencontre, ils cherchent à désamorcer les ressorts de la haine. La réalisatrice a répondu à nos questions sur son documentaire.
Né en 2018 au sein de l’association SOS Racisme, le projet Salam, Shallom, Salut est porté par une vingtaine de jeunes, juifs et arabes. Ensemble, ils sont partis sur les routes de France, à la rencontre de leurs concitoyens pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme. La réalisatrice Hanna Assouline a filmé leurs échanges avec des jeunes d’horizons divers.
Dans le film il y a des propos très durs prononcés face caméra, des propos antisémites notamment. Est-ce que ce sont des propos banals pour ces jeunes ?
Ils ne sont pas banals, mais ce sont des propos qui existent, et qui sont à l’image d'une réalité, qu'il ne faut pas édulcorer. Ce qui est assez déroutant, c'est la façon dont ces jeunes se livrent face caméra. C'est vrai qu'on peut être choqué d'entendre ces choses-là. Mais je crois que ce qui est intéressant, et ce qui m'a interpellé chez ces jeunes c'est cette sincérité. Et leur capacité à essayer de comprendre d'où viennent leurs propres préjugés. Et c'est ça qui m'a semblé intéressant.
"À notre tour" de Hanna Assouline
Chaï Chaï films
Dans votre film, on perçoit un repli communautaire et une peur de l’autre, est-ce que ce sont des problématiques centrales ?
Cette question de la méconnaissance des uns et des autres, c'est peut-être la question cruciale. Dès qu'il y a rencontre, tout s'effondre. Les préjugés qu'on peut avoir de l'autre, les fantasmes désincarnés qu'on peut avoir sur l'autre. D'un coup « l’autre » devient concret, il a un nom, un visage, une histoire, des blessures.
Ce qui a été une découverte pour moi et ce qui est nouveau par rapport à ce qu'a pu connaître ma propre génération, c'est l'ampleur de cette méconnaissance : avoir des quartiers entiers avec des jeunes qui disent ne pas savoir ce qu'est un juif, et à l'inverse de l'autre côté, des jeunes qui vivent aux Pavillons-sous-Bois dans le 93 et qui disent ne jamais avoir rencontré et avoir fréquenté autre chose que le milieu communautaire juif. C'est assez glaçant de regarder en face cette réalité-là.
Cette question de la méconnaissance est centrale et elle nous interpelle sur la nécessité absolue de multiplier ces rencontres, de faire en sorte que ces jeunes puissent se regarder et s'écouter.
Ces haines entre communautés, ce sont parfois aussi des haines importées. Le conflit israélo-palestinien est mentionné plusieurs fois dans le documentaire, agit-il encore comme un détonateur sur les violences antisémites ici en France ?
Oui, surtout pour ma génération, ceux qui ont une trentaine d’années, avec la première et la deuxième intifada ; il est évident qu’à chaque fois que ça explosait en Israël/Palestine, il y avait des répercussions et des tensions très vives en France. Moi je me souviens que dans les cours de récré, et sur les réseaux sociaux c'était très présent.
Cependant, j'ai aussi vraiment voulu montrer dans le film que cela ne résume pas tout le problème. C'est quelque chose qui vient souffler sur des braises, mais il y a d'autres éléments, notamment la question de la concurrence mémorielle et victimaire qui est une question centrale.
Hanna Assouline, réalisatrice du documentaire "À notre tour"
Vous aviez fait un film sur les femmes palestiniennes et israéliennes qui s’unissent et marchent ensemble pour la paix (Les guerrières de la paix). Vous faites là un film sur l’action de ces jeunes Français musulmans et juifs. Peut-on faire des parallèles entre ce deux films ? C'est un sujet qui vous tient à cœur ?
Il y a effectivement une cohérence entre ces deux films, même si ce sont des films avec des réalités très différentes. Il y a en tout cas une même source qui est à la fois ma propre sensibilité et ma propre culture aussi. Je suis de culture juive séfarade, et la question du conflit israélo-palestinien est quelque chose qui a été très présent dans ma vie. La question très affective des relations entre juifs et arabes en France et là-bas, est une question qui est évidemment très sensible chez moi et qui m'est chère.
Si on doit faire un pont entre ces deux films, il y a cette volonté de mettre en lumière des initiatives positives, qui peuvent nous donner un peu d'espoir, sur des sujets qui sont habituellement assez déprimants et rarement traités sous cet angle-là. Il y a cette volonté de montrer que ces initiatives existent et qu'elles sont nécessaires.
Ces jeunes peuvent-ils faire la différence ? Quel est l’impact réel de leur action ?
Leur impact sera à la mesure du relais qu'ils pourront avoir. Seul, évidemment il est difficile de déplacer des montagnes. Donc il faut que ces jeunes soient portés, et c'était aussi la démarche de ce film : leur donner un écho et les mettre en lumière.
Je pense que ces initiatives, que l’on voit ici à travers ce projet magnifique Salam, Shallom, Salut, mais qui existent à différentes échelles et à différents niveaux ont un impact. Que ce soit avec des éducateurs de quartiers, qui font un travail considérable sur le terrain, ou avec des professeurs, qui s'engagent auprès de leurs élèves, qui font faire des voyages de mémoire, qui essayent de créer des rencontres... tous apportent leur petite pierre.
Ce que j’ai vu et qui me paraît assez évident, c'est qu'une simple rencontre entre deux jeunes a beaucoup plus d'impact sur les préjugés que les grands discours, ou les cours. Je pense que la rencontre concrète de l'autre c'est vraiment la clé.
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