Lutte contre la haine en ligne: l’Assemblée vote un meilleur ciblage

Lutte contre la haine en ligne: l’Assemblée vote un meilleur ciblage

L'Assemblée nationale a voté un meilleur ciblage des contenus haineux en ligne qu'entend combattre une proposition de loi LREM,...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

L'Assemblée nationale a voté un meilleur ciblage des contenus haineux en ligne qu'entend combattre une proposition de loi LREM, adoptée mercredi en nouvelle lecture.

Controversé, le texte de Lætitia Avia prévoit que plateformes et moteurs de recherche auront l'obligation de retirer les contenus "manifestement" illicites sous 24 heures, sous peine d'être condamnés à des amendes jusqu'à 1,25 million d'euros. Sont visées les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou encore religieuses.

"Il peut apparaître que le champ infractionnel était trop large", a reconnu dans la nuit de mardi à mercredi le secrétaire d'État au Numérique Cédric O, après des recommandations de la Commission européenne.

Les députés ont ainsi adopté un amendement du gouvernement excluant du champ de la régulation les contenus relatifs à la traite des êtres humains et au délit de proxénétisme.

Relayant des craintes d'associations, Raphaël Gérard (LREM) a appuyé cette dernière exclusion de contenus, soulignant qu'"un message à caractère sexuellement explicite ou publié par des associations de défense des droits des travailleuses du sexe (aurait pu) faire l'objet d'un retrait de la part des plateformes sans qu'il ne relève d'une activité illicite".

Le gouvernement souhaitait aussi initialement exclure du champ du texte le harcèlement sexuel, mais Lætitia Avia s'y est opposée.

"Vous essayez de toiletter l'article 1er" de la proposition de loi face à un "risque d'inconstitutionnalité", a lancé au gouvernement Guillaume Larrivé (LR), opposé à la mesure phare d'obligation de retrait des contenus "manifestement" illicites, tout comme la gauche de la gauche, le Rassemblement national et une partie des centristes, au nom de la liberté d'expression.

M. Larrivé a demandé que le président de la République ou le Premier ministre saisisse le Conseil constitutionnel.

Cette proposition de loi a suscité de nombreuses réserves, notamment du Conseil national du numérique, de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, ou encore de la Quadrature du Net, qui défend les libertés individuelles dans le monde du numérique.

Les députés ont en outre voté un amendement du gouvernement prévoyant une "règle spécifique", selon les mots du secrétaire d'État, pour les contenus terroristes ou pédopornographiques en cas de notification par les autorités publiques: le délai de retrait sera non plus de 24 heures comme actuellement, mais une heure.

Ce délai est "matériellement impossible à respecter pour la grande majorité des plateformes Web", qui "n'auront d'autres choix que de fermer boutique ou de déléguer leur modération aux outils de censure automatisée fournis par Google et Facebook", s'est émue la Quadrature du Net dans un communiqué.

L'Assemblée nationale a adopté mercredi la proposition de loi à main levée. Le Sénat l'examinera à son tour en nouvelle lecture le 30 janvier, avant son adoption définitive le 11 février à l'Assemblée, qui a le dernier mot.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Lutte contre la haine en ligne: l’Assemblée vote un meilleur ciblage
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Lutte contre la haine en ligne: l’Assemblée vote un meilleur ciblage
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le