Effectuer des démarches en ligne, rechercher des informations sur internet, créer du contenu numérique… des compétences loin d’être acquises par tous. Aujourd’hui, en France, 13 millions de personnes sont touchées par l’illettrisme numérique. Un handicap qu’on appelle désormais « l’illectronisme ». Pour réduire cette fracture, les sénateurs ont créé une mission d’information sur la lutte contre l’illectronisme et pour l’inclusion numérique.
La crise du Covid19 a mis en lumière le rôle essentiel des outils numériques pour organiser le télétravail et les relations sociales. Mais elle a aussi accéléré les fractures numériques. D’après le sénateur du Gers, Raymond Vall, rapporteur de la mission d’information : « La crise nous a montré que la situation dans ce secteur était mauvaise ». En effet, 20% de la population déclare avoir un accès limité ou inexistant à internet. Pour le sénateur, plus de doute possible : « La lutte contre l’illectronisme doit devenir une cause nationale »
Pour esquisser les différentes solutions à ce problème, les sénateurs de la mission d’information ont réuni les opérateurs français ainsi que les grandes entreprises du numérique lors d’une table ronde en visioconférence. Orange, Free, SFR, Bouygues, Apple ou encore Microsoft étaient présents. Chacun a pu présenter les différentes actions mises en place pour lutter contre l’illectronisme, notamment pendant le confinement.
Multitude d’actions pour l’inclusion
L’illettrisme des temps modernes touche bon nombre de catégories : les personnes âgées, les personnes isolées mais aussi les jeunes générations : « Beaucoup ne savent pas faire du traitement de texte ou intégrer une image dans un document Word et pourtant ils sont à l’aise sur des applications de téléphone » explique en introduction Anthony Colombani, directeur des affaires publiques de Bouygues Telecom. Du côté de chez SFR, on rappelle l’importance d’accompagner les plus précaires dans la formation à l’outil numérique : « 90% des emplois se trouvent aujourd’hui sur internet ». Pour faire face, les solutions mises en place fleurissent. « Je suis étonnée de voir qu’il y a autant de projets » s’étonne même la sénatrice Martine Berthet. Matériels pour les élèves et les professeurs, formations pour les demandeurs d’emploi, appels à projets… les opérateurs et entreprises balayent les différents territoires de leurs initiatives.
Allier acteurs privés et publics
Des initiatives en pagaille qui semblent manquer « d’accompagnement » d’après le sénateur Raymond Vall. En effet, Claire Perset, directrice des relations institutionnelles de la Fondation SFR, explique les nombreuses barrières à la mise en place des espaces « Emmaüs Connect », qui permettent d’aider les citoyens à se familiariser aux outils numériques. « Quand on souhaite ouvrir un espace Emmaüs connect, on mobilise tout un écosystème : la mairie, la préfecture, des bénévoles (…) il faut pouvoir amplifier la fluidité entre structures privées et publiques (…) on perd souvent beaucoup de temps à cause de ça » souligne-t-elle.
De son côté, le rapporteur de la mission d’information, souligne « l’effort budgétaire déjà mis en place par l’État et notamment les collectivités territoriales ». « Dans les territoires ruraux on a payé le prix fort pour l’installation des infrastructures. On absorbe près de 50% des coûts » s’alarme-t-il. Le sénateur espère ainsi voir les acteurs privés prendre toute leur place dans la lutte contre l’illectronisme afin de soulager les finances publiques.
Cartographie des solutions numériques
Face à la multitude d’initiatives créées par les acteurs du numérique, le président de la mission Jean-Marie Mizzon pointe du doigt « le manque d’accompagnement » auquel font face les entreprises numériques. Pour « un meilleur maillage territorial », la sénatrice du Cher, Marie-Pierre Richer, suggère l’idée d’une « cartographie des solutions proposées ». D’après l’élue et ses collègues, cela permettrait de mieux identifier les besoins et les solutions en fonction des territoires. L’idée est approuvée par les différents acteurs de la table ronde, « ça serait beaucoup plus simple si nous avions un interlocuteur identifié pour agir » acquiesce la représentante de SFR.
Le rapport de la mission d’information devrait être rendu durant le mois de juillet.