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Lubrizol : Normandie Logistique se pose en « victime » de l’incendie
Par Héléna Berkaoui
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C’est pas ma faute à moi. La formule résume à peu de chose près la posture des représentants de Normandie logistique, l’usine mitoyenne de Lubrizol, auditionnés par la commission d’enquête du Sénat jeudi. En octobre pourtant, le directeur de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Normandie, a relevé huit infractions pénales à l’encontre de l’exploitant. Des infractions également visées par le parquet de Paris dans le cadre l’enquête préliminaire pour déterminer les causes de l’incendie. « Nous, on se considère comme victime de cet incendie, pour nous il est impossible que l’incendie soit parti de chez nous. Nos assureurs ont fait des enquêtes, ils sont formels sur le fait que ça ne peut pas venir de chez nous », se défend le président de Normandie Logistique, Sylvain Schmitt.
Submergé par l’ampleur du sinistre et ses conséquences, Sylvain Schmitt considère que Normandie Logistique a fait figure de « bouc émissaire parfait pour cette crise ». Une défense qui a quelque peu éprouvé la patience du président de la commission d’enquête, Hervé Maurey. « Dans l’arrêté du 8 novembre, il y a quand même un certain nombre de manquements qui sont relevés par la DREAL. Donc vous êtes peut-être victime, vous êtes peut-être bouc émissaire mais vous avez quand même, semble-t-il, commis quelques manquements ? »
« On les réfute », maintient le président de Normandie Logistique. Pour lui, le président de la DREAL a cherché avant tout à protéger son administration. Rappelons que le procès-verbal vise notamment « le délit d’exploitation non conforme par une personne morale d’installation classée ayant porté une atteinte grave à la santé, la sécurité ou dégradé substantiellement la faune, la flore, la qualité de l’air, du sol ou de l’eau ».
Le directeur de la DREAL reproche également à Normandie Logistique une défaillance administrative. « Ils sont juridiquement une installation classée ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement) soumise à enregistrement, sauf que, à défaut de s’être manifesté après une modification des textes en 2010, ils sont restés connus chez nous comme ICPE soumise à déclaration (un niveau inférieur de classement) », précisait Patrick Berg devant la mission d’information de l’Assemblée nationale, en octobre.
Pour les représentants de Normandie Logistique, « même si quelques écarts pouvaient nous être opposés, il n’y a aucun lien de cause ou d’aggravation du sinistre. Cette polémique est sans objet ». Sylvain Schmitt préfère pointer du doigt l’usine mitoyenne, Lubrizol. « Ils avaient énormément de stockages extérieurs et donc on peut supposer que ces stockages ont peut-être débordé un peu mais ça, c’est leur problème. »
Les auditions de la commission d’enquête du Sénat, chargée d'évaluer l'intervention des services de l'État dans la gestion de l'incendie de l'usine Lubrizol, se poursuivent jusqu’au 18 décembre.