« Lubrizol, c’est une pollution professionnelle et environnementale très grave » dénonce Annie Thébaud-Mony de l’Inserm

« Lubrizol, c’est une pollution professionnelle et environnementale très grave » dénonce Annie Thébaud-Mony de l’Inserm

Lors de son audition devant la commission d’enquête du Sénat post-Lubrizol, Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé et directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a souligné la gravité de l’incendie de Lubrizol dans ses conséquences sanitaires « à long terme ».
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La commission d’enquête du Sénat créée suite à l’incendie de Lubrizol, a auditionné ce jeudi Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

Cette sociologue de la santé qui a beaucoup travaillé sur les cancers d’origine professionnelle, n’a pas mâché pas ses mots durant son audition : « Lubrizol, c’est une pollution professionnelle et environnementale très grave. Les travailleurs sont les premiers concernés. Et pas seulement ceux du site (…) et les sous-traitants. Mais aussi tous ceux qui travaillent 8 heures par jour et qui ont travaillé 8 heures par jour, même au moment où le nuage passait. »

« L’épidémie de cancer en France, c’est 400 000 nouveaux cas par an. Moins de 0,5 % sont reconnus en maladie professionnelle. Ce qui est un scandale permanent parce que le travail tue par le cancer. Au niveau européen - parce que des pays font un travail différent - on peut estimer à environ 130 000 décès par an, le nombre de décès dû à des cancers professionnels. »

"Les travailleurs sont les premiers concernés"

La sociologue de la santé n’hésite pas à comparer l’accident de Lubrizol à ceux du World Trade Center ou de Fukushima, en expliquant qu’il s’agit ici aussi d’une catastrophe aux « conséquences sanitaires gravissimes ».   

« Ce qui rassure c’est la réalité de faits »

Selon Annie Thébaud-Mony, ces conséquences sanitaires de l’incendie de Lubrizol doivent être vues « à long terme » : « Les cancers ce n’est pas dans trois ans, ce n’est pas dans 5 ans. Cela peut être dans 10, 20,30 (ans). »

Interrogée sur la défiance des citoyens vis-à-vis de la parole publique, la sociologue de la santé a répondu en soulignant les conséquences néfastes de « l’obsession des pouvoirs publics à rassurer » : « Ce qui rassure c’est la réalité de faits et comment on les combat. »

Et d’ajouter :« La première mesure qui aurait dû être prise, pour Lubrizol et pour les autres catastrophes, c’est de dire la réalité des faits : il y a une usine qui brûle, restez chez vous, fermez vos commerces. Ne sortez pas. Et on va faire des analyses de ce que ce nuage a transporté. La demi-mesure qui a été prise par rapport à l’agriculture, elle aurait dû être appliquée beaucoup plus tôt et pour toute la ville de Rouen. »  

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