Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
LR resserre les rangs jusqu’à dimanche
Par Nadège PULJAK
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Les Républicains, sonnés par l'ampleur de leur défaite au premier tour des législatives, se sont engagés lundi à resserrer les rangs d'ici dimanche, le temps de la "reconstruction" d'un parti désormais déchiré ne devant intervenir qu'à l'automne.
"Il faut éviter d'avoir une Assemblée monolithique", a réaffirmé François Baroin, chef de file LR pour les législatives, au cours d'un bureau politiques qui a rassemblé au plus une cinquantaine de participants. Parmi les grands absents figurait notamment le vice-président Laurent Wauquiez, décidé à ne s'exprimer qu'"après le 18 juin".
"Nous sommes sur un chemin de crête avec deux versants nord", a également affirmé M. Baroin, traduisant la morosité d'un parti qui risque de se retrouver, selon un décompte LR, au mieux avec 110 députés (en comptant les UDI), au pire avec 70, alors que le parti du président Emmanuel Macron pourrait en rassembler plus de 400.
Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, a qualifié la nouvelle donne de "séisme politique. C'est une situation inédite sous la Ve République", a-t-il dit. "La seule priorité jusqu'à dimanche est de soutenir nos candidats".
Lundi en fin d'après-midi, M. Baroin devait se rendre dans les Hauts-de-Seine pour soutenir Constance Le Grip, en ballottage défavorable face à un candidat REM. Il a l'intention d'arpenter le pays tout au long de la semaine, à raison de quatre ou cinq circonscriptions par jour.
M. Raffarin devait au même moment soutenir Nathalie Kosciusko-Morizet, en ballottage défavorable dans la deuxième circonscription de Paris face à un candidat REM.
Lors de leurs déplacements, les responsables LR martèleront leurs principaux arguments de campagne: outre "le danger" de voir se constituer, avec REM, un "parti unique", la hausse de la CSG infligera aux Français "un choc fiscal encore pire que celui de Hollande", répète M. Baroin.
"Nous avons vocation à être un contre-pouvoir exigeant sur nos valeurs, sur nos idées, par exemple sur la loi Travail, à pousser le gouvernement, à le tirer le plus loin possible et à voter contre (l'augmentation de) la CSG", avait prévenu dimanche soir Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France.
- Vote de confiance -
Les divergences sur la ligne à tenir vis-à-vis du nouveau pouvoir devraient être mises sous le boisseau cette semaine, pour resurgir après le 18 juin.
Faudra-t-il ou non accorder la confiance à Édouard Philippe, le Premier ministre issu de LR, après son discours de politique générale début juillet ?
Cette "question fondamentale sera tranchée après les législatives", a affirmé M. Accoyer lundi.
Parmi ceux qui accorderont leur confiance au chef du gouvernement figurent, outre M. Raffarin, Thierry Solère ou Frank Riester. Ces deux derniers, en ballottage favorable dans les Hauts-de-Seine et en Seine-et-Marne, avaient été ménagés par la République en Marche qui ne leur avait pas opposé d'adversaire.
La question se pose de savoir si les députés LR favorables au vote de confiance (qui se baptisent "les constructifs") constitueront ou non leur propre groupe à l'Assemblée, le 20 juin.
Outre le fait qu'ils ne seront peut-être pas suffisamment nombreux (il faut un minimum de 15 députés pour faire un groupe), ils risqueraient de "s'exclure de fait" du parti, comme l'a fait remarquer un responsable LR à l'AFP.
C'est surtout à l'automne, au moment du congrès et de l'élection du nouveau président du parti, qu'apparaîtra la vraie fracture à LR.
Selon Jean-François Copé, maire de Meaux et ancien président du parti, "c'est un désastre (...) il y a tout à refaire".
Deux lignes se dessinent: celle de Wauquiez, conservatrice et identitaire, celle du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, centrale. Selon certaines sources, Mme Pécresse, qui se revendique d'une "droite authentique, ni dans la revanche, ni dans le ralliement", pourrait également être candidate à la présidence.