L'Assemblée nationale a donné son feu vert jeudi soir pour permettre au gouvernement de procéder à la fermeture des quatre dernières centrales à charbon d'ici 2022, lors de l'examen du projet de loi énergie et climat.
La mesure, adoptée par 48 voix et 5 abstentions, prévoit qu'un décret plafonnera les émissions de gaz à effet de serre émises par les installations de production d'électricité à partir de combustibles fossiles situées en métropole "et émettant plus de 0,550 tonne d'équivalents CO2 par heure".
Cela "conduira les exploitants des centrales à cesser l'exploitation des tranches fonctionnant au charbon".
Est également prévu: un accompagnement spécifique pour les salariés des centrales concernées et leurs sous-traitants, environ 670 emplois directs et 740 indirects selon l'étude d'impact accompagnant le texte.
Deux des centrales à charbon appartiennent à EDF et sont situées à Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre (Seine-Maritime). Les deux autres, propriétés de l'Allemand Uniper, se trouvent à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Le groupe EDF a annoncé début juin qu'il fermera celle du Havre au printemps 2021.
"C'est un choix important en matière énergétique de tourner une page (...) et c'est concrètement la transition énergétique", a affirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy.
Il a ajouté que sur "beaucoup de ces territoires, d'autres activités de production énergétique, d'énergies renouvelables ou d'activité industrielle liées aux énergies renouvelables vont prendre le relais".
Le charbon représente "1,8%" de la part de production d'électricité, "mais c'est 35% des émissions que nous allons réduire", a souligné Célia de Lavergne, responsable du texte pour LREM, en se félicitant d'accomplir "un grand pas vers la neutralité carbone en 2050".
Sur la fermeture des centrales, Laure de la Raudière (UDI-Indépendants) a loué "une décision courageuse" puis l'ancien "marcheur" Matthieu Orphelin (non inscrit), proche de Nicolas Hulot, a salué "une avancée majeure".
Julien Aubert (LR) a approuvé une mesure "qui va dans la bonne direction" tout en appelant l'exécutif à "ne pas négliger les réalités sociales".
Hubert Wulfranc (PCF) s'est abstenu, estimant que "l'avenir immédiat des salariés" n'était "pas totalement sécurisé".
L'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho (non inscrite) a vu dans le choix de procéder par décret une volonté du gouvernement de "conserver manifestement une marge de souplesse". "Est-ce en fait pour mettre en veille ces centrales tout en gardant la possibilité de les faire tourner quelques heures?", a-t-elle demandé.
Mme Batho a, comme le groupe socialiste et les Insoumis, réclamé en vain la fermeture des centrales en 2022 sans passer par la voie réglementaire.