Ce mercredi, la commission de la défense et des affaires étrangères du Sénat auditionnait pour avis le patron de la gendarmerie nationale sur ses moyens alloués. « Plusieurs bonnes nouvelles budgétaires sont intervenues […] On les a plutôt trouvées dans la loi (de finances) rectificative de juillet et dans le plan de relance » que dans le projet de loi de finances 2021 a estimé en introduction, le président LR de la commission de la défense, Christian Cambon.
Pour mémoire, le ministère de l’Intérieur évalue la hausse du budget de la gendarmerie à 335 millions d’euros pour 221 dont 280 millions d’euros de fonctionnement et d’investissement et 55 millions d’euros de crédits de masse salariale.
« Avant les appels à projets sur l’immobilier, en termes de dépenses de fonctionnement et d’investissement, on est à +161 millions d’euros, plan de relance compris » a précisé Christian Rodriguez.
Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, a également rappelé que la crise sanitaire avait généré « un surcoût de 30 millions d’euros dont 21 pour les équipements de protection individuelle », financés par le dégel de 51 millions d’euros de la réserve.
À ce sujet, Gérald Darmanin s’est engagé à mettre fin à une pratique budgétaire qui consiste à bloquer une partie conséquente (11 %) de ses crédits de fonctionnement en début d’année.
Des blindés « contemporains de la Renault 12 »
Christian Rodriguez a souligné que le quatrième projet de loi de finances rectificative a permis de dégager 21 millions d’euros « pour acquérir des équipements de protection individuelle, des moyens d’information et de communication et pour finaliser la commande de 1300 véhicules ».
« Enfin, on va pouvoir renouveler nos engins blindés qui sont vieux. Ils sont contemporains de la Renault 12, le début des années 70 […] L’idée c’est de pouvoir en commander 45 au début de l’année prochaine […] et 253 véhicules de maintien de l’ordre. La crise des gilets jaunes a mis à l’épreuve les véhicules de maintien de l’ordre » s’est félicité de patron de la gendarmerie.
Logements dans « un état catastrophique »
Des crédits indispensables pour le renouvellement du parc immobilier, l’une des inquiétudes de Christian Rodriguez. « Le modèle gendarmerie tient parce que le gendarme est militaire et qu’il habite sur place […] Comme il habite sur place il intervient vite c’est pour ça qu’on couvre 95 % du territoire. Mais le centre de gravité c’est le logement […] Je suis en train de me demander si je ne vais pas demander aux gendarmes de nous faire remonter directement des photos des logements qui sont dans un état catastrophique » […] Il faut qu’on ait une oreille attentive à ce que les gens nous disent sur le terrain » a-t-il plaidé.
Brigades en camping-car
Le directeur général de la gendarmerie a évoqué le projet Néogend « qui permet au gendarme de tout faire en mobilité ». Un projet qui permettra « dans beaucoup de départements » de ne plus faire venir le public à la gendarmerie mais de faire « du sur-mesure ». Par exemple, pour un dépôt de plainte, le gendarme recevra une notification et se rendra directement au domicile du plaignant. De même dans le Limousin et en Corse, la gendarmerie a lancé une expérimentation d’une brigade mobile en camping-car. « Pendant trois jours, ils font la tournée des communes et sont présents à un endroit et à un moment où le maire considère que c’est le plus pertinent » a-t-il expliqué.
Lors de son audition, le patron de la gendarmerie nationale a également expliqué que le réseau intranet de la gendarmerie subissait des cyberattaques « toutes les secondes ». « Malgré toutes les attaques qu’on a eues, on n’a pas eu de problème. Le système est très résilient » a-t-il rassuré.
Les réservistes indispensables pour répondre aux situations d’urgence
Le projet de loi de finances pour 2021 prévoit également de déploiement de 500 gendarmes supplémentaires sur le terrain. Le budget de la réserve opérationnelle est quant à lui sanctuarisé à 70,7 millions d’euros. Toutefois, la menace terroriste et la crise sanitaire ont conduit à une sollicitation plus grande qu’à l’accoutumée des 30 000 gendarmes réservistes. « Si on est sur le même rythme d’emploi de réservistes en 2021, il est certain que les 70 millions ne suffiront pas […] Les gendarmes réservistes sont l’une des ressources qui permettent de répondre à des situations d’urgence » a-t-il prévenu.
Le projet de loi de finances pour 2021 est examiné à, partir de jeudi 19 novembre au Sénat.