Les syndicats face aux appels du pied de Marine Le Pen

Les syndicats face aux appels du pied de Marine Le Pen

Sur la France inter ce mardi 12 avril, la candidate d’extrême-droite Marine Le Pen a appelé à restaurer le « dialogue social », avant de proposer, au cours d’une conférence de presse à Vernon dans l’Eure, la création d’une « démocratie sociale ». Un appel du pied aux syndicats qui après le premier tour se positionnent en majorité contre les idées portées par le Rassemblement National.
Public Sénat

Par Klara Durand

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« Je suis fondamentalement attachée au dialogue social », a déclaré ce matin, sur le 7/9 de France Inter, la candidate du Rassemblement National. « Emmanuel Macron a tué les syndicats qu’on n’a plus entendus, il a tué le dialogue social, les corps intermédiaires ont été effondrés en 5 ans. Il faut le retour du dialogue social et une grande conférence avec l’ensemble des acteurs économiques, avec l’ensemble des syndicats, qu’ils soient salariés ou patronaux, il faut revivifier le dialogue social », a-t-elle complété.

Deux jours après le premier tour, la candidate qui a obtenu 23, 1 % des suffrages, cherche à courtiser les sympathisants des syndicats. Elle possède déjà une petite assise parmi cet électorat potentiel puisqu’elle a franchi la barre des 10 % des votes exprimés par lesdits sympathisants, en particulier des syndicats d’employés et de salariés. Avec sa campagne centrée sur le pouvoir d’achat, le sondage réalisé en ligne, ce 10 avril, par Harris Interactive pour Liaisons sociales quotidien, montre qu’elle a progressé, en particulier, parmi les plus grosses organisations du pays : chez les soutiens de Force Ouvrière, elle atteint 31 % des voix contre 24 % en 2017, ce taux s’élève à 22 % chez les proches de la CGT contre 15 % précédemment et il atteint les 19 % pour les proches de l’UNSA, ainsi que 15 % pour la CFDT contre 7 % auparavant pour ce dernier.

« Les valeurs du syndicalisme sont incompatibles avec sa proposition de priorité nationale »

La candidate d’extrême droite a donc décidé de faire un appel du pied aux organisations syndicales. Après son intervention sur France Inter ce matin, elle a réitéré le même discours lors d’une conférence de presse à Vernon dans l’Eure : « Je souhaite faire émerger une démocratie sociale, s’appuyant sur les grands corps intermédiaires », a-t-elle détaillé à propos de son objectif de revaloriser l’importance des syndicats.

De leur côté, les syndicats en question ont souligné leur volonté de préserver leur autonomie et leur indépendance, à l’instar de Force Ouvrière qui, dans un communiqué publié le 11 avril, a précisé : « l’indépendance syndicale est fondatrice de la Confédération générale du travail Force Ouvrière », précisant que FO a toujours été et demeure : « Sans faiblesse, sans concession sur ses valeurs fondamentales : le refus du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie, des slogans qui font de l’étranger, du migrant, le bouc émissaire faute d’apporter des réponses de justice sur le terrain économique et social. » Tout comme la CFDT, qui, dans son propre communiqué publié le 10 avril, appelle « toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie et aux valeurs de la République, à se mobiliser dimanche 24 avril pour battre la candidate du Rassemblement National en votant pour Emmanuel Macron », précisant que cet appel ne vaut « ni approbation du bilan du président sortant ni adhésion à son programme », mais le syndicat souligne que le Rassemblement National, malgré une volonté affichée de dédiabolisation, « n’a fondamentalement pas changé ».

Il en va de même pour la CGT : « Les valeurs du syndicalisme, c’est la défense de tous les travailleurs quels qu’ils soient, c’est incompatible avec sa proposition de priorité nationale », affirme Nathalie Verdeil, secrétaire confédérale de la CGT, faisant référence à la proposition de la candidate d’extrême-droite de prioriser l’accès au logement social et à l’emploi « aux Français », tout en soutenant l’accès aux prestations de solidarité pour les personnes de nationalité étrangère à l’accomplissement de « cinq années de travail » dans le pays. « Là-dessus on ne s’entendra jamais et les dirigeants syndicaux ne tomberont pas dans son piège. A la CGT, on est visés par des attaques de locaux comme en Italie où des forces d’extrême-droite ont attaqué la CGIL. Et pour le monde syndical, quoi qu’elle en dise, elle incarne l’extrême-droite », ajoute Nathalie Verdeil.

« Dans son programme, il n’y a pas une seule ligne sur les syndicats »

D’autre part, plusieurs syndicalistes rappellent qu’il n’y a « jamais eu d’échanges entre les gros syndicats et Marine Le Pen. Dans son programme, il n’y a pas une seule ligne sur les syndicats ». Ils alarment en revanche sur les tensions qu’ils perçoivent chez les ouvriers et les employés : « Tous ces emplois qu’on a qualifiés d’essentiel attendent aujourd’hui une reconnaissance à laquelle il faut apporter une réponse effective ».

« Son discours peut attirer, même dans nos rangs », confirme Nathalie Verdeil, avant d’ajouter, « mais ils se trompent car elle représente une imposture sociale. Le dernier rapport de la défenseure des droits nous pointe que les discriminations en raison de l’origine sont très actives dans le travail et nous luttons contre ce phénomène. Or, Madame Le Pen, on le sait, est pour l’émergence de syndicats autonomes et indépendants qui ne respectent pas ces valeurs. Elle est l’ennemi de tous les travailleurs ».

Côté patronat, le Medef a apporté, lundi 11 avril, son soutien à la candidature d’Emmanuel Macron, jugeant que le programme économique de Marine Le Pen représente une « impasse ».

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