Les soutiens de Juppé lâchent à leur tour Fillon

Les soutiens de Juppé lâchent à leur tour Fillon

Les défections « en cascade » se multiplient à droite dans une campagne en forme de chemin de croix pour François Fillon. Les appels au plan B Juppé font leur retour. Après les proches de Le Maire, ceux du maire de Bordeaux lâchent à leur tour le candidat.
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La navire tangue et fuit de toutes parts. Avant de couler ? Les défections se multiplient à droite depuis que François Fillon a décidé de ne pas lâcher la campagne, malgré sa mise en examen à venir dans l’affaire de l’emploi présumé fictif de sa femme Penelope. Après une folle journée de campagne mercredi, ce jeudi a pris l’allure d’un grand sauve qui peut. L’opération débranchage de Fillon semble belle et bien engagée. Même si aucun ténor du Conseil politique n’a encore officiellement lâché le candidat, laissant encore à François Fillon un peu d’air pour respirer.

« Les élus ? On fera sans eux ! » dit Fillon

L’intéressé résiste pour le moment. « Les élus ? On fera sans eux ! » a répondu François Fillon lors d’un déplacement à Nîmes, interrogé par Le Monde sur les défections des parlementaires. « La base, elle, tient ». Elle est invitée à le soutenir lors d’un grand rassemblement au Trocadero, dimanche à Paris.

La saison des départs a été ouverte hier par Bruno Le Maire, vite suivi de plusieurs de ses soutiens comme le maire de Reims, Arnaud Robinet, qui a lancé avec d'autres maires un appel dans L'Opinion contre Fillon, ou Franck Riester. Ce dernier a même envoyé son parrainage à Alain Juppé. Plusieurs salariés de la campagne proche de Le Maire se sont aussi retirés.

L’« assurance-vie » Juppé

Les juppéistes prennent maintenant le relais. Le sénateur Jean-Pierre Grand a ouvert d’abord le bal. Il a appelé hier sur publicsenat.fr à parrainer le maire de Bordeaux pour « sécuriser la présidentielle », en cas de retrait du candidat.

Aujourd’hui, trois juppéistes de poids, les députés Benoist Apparu et Edouard Philippe et le sénateur Christophe Béchu, se retirent. Le premier n’est autre qu’un des porte-paroles de François Fillon… « La tournure que prend aujourd'hui la campagne (leur) paraît incompatible avec (leur) façon d'envisager l'engagement politique » affirment ces quadras dans un communiqué.

Autre juppéiste, le sénateur LR Jean-Baptiste Lemoyne lâche aussi le candidat. « Les yeux dans les yeux. Cher François Fillon, pose-toi la question » a-t-il lancé, interrogé par publicsenat.fr. « A partir du moment où on se rend compte qu’on n’est plus en capacité d’unir la famille, est-on en capacité d’unir la France ? » demande le sénateur LR de l’Yonne pour qui « Alain Juppé doit se tenir prêt ». Il appelle aussi à lui envoyer des parrainages. « C’est ce qu’on appelle une assurance-vie »… Regardez :

Jean-Baptiste Lemoyne (sénateur LR) : « Cher François Fillon, pose-toi la question »
09:15

Hier soir sur Public Sénat, la sénatrice Fabienne Keller, soutient du maire de Bordeaux, a reproché au candidat de prendre à partie la justice. « On sent bien que François Fillon n’est plus en capacité ou a très peu de chances d’être en capacité d’être au second au tour et de l’emporter, donc de porter nos valeurs » souligne la sénatrice du Bas-Rhin. Regardez :

« On sent bien que François Fillon n’est plus en capacité d’être au second au tour », déclare Fabienne Keller
01:30

Et les mises en retrait continuent : Gilles Boyer, très proche d’Alain Juppé et trésorier de la campagne de François Fillon, annonce sur Twitter sa démission.

« Rapport de force »

Côté sarkozystes, l’hémorragie est plus mesurée, mais elle existe. Après Catherine Wautrin, George Fenech, qui avait été un des premiers il y a trois semaines à demander un autre candidat, Sébastien Huyghe, c’est maintenant Gérald Darmanin, qui prend ses distances. Il a « honte à (sa) droite ».

« Ce sont des retraits en cascade qui illustrent bien le malaise profond » estime le sénateur Alain Houpert, qui avait aussi demandé un plan B lors de la révélation de l’affaire. Le candidat prend-il en otage son camp ? « De fait oui, par cette non décision d’accepter de tourner la page et de régler ses affaires privées. Par cette obstination de rester  dans ce statuquo, c’est moi ou le chaos » souligne le sénateur de Côte d’Or. « Concrètement, c’est une espèce de rapport de force qui se passe entre notre candidat qui organise une manifestation dimanche pour affirmer sa légitimité, et les citoyens et parlementaires qui demandent son retrait » ajoute Alain Houpert.

Fillon « emporte son camp dans une course vers l'abîme » selon Villepin

Pour couronner cette nouvelle journée difficile pour le candidat, Dominique de Villepin sort de sa réserve dans une tribune au Figaro. Il accuse François Fillon d’« emporter son camp dans une course vers l'abîme ». « En appeler à la rue contre la magistrature, c'est aussi dangereux qu'irresponsable », dénonce l’ancien premier ministre.

Pour l’heure, Nicolas Sarkozy n’a rien dit. Mais ses proches se rassemblent mardi matin, d’après BFMTV. S’ils lâchent à leur tour massivement le candidat, ils pourraient bien faire basculer le destin de François Fillon. Reste à savoir ce que va faire Alain Juppé. « Tant que François Fillon se maintient dans la campagne, il n'y a pas de sujet » pour le maire de Bordeaux, « qui ne se mettra jamais en travers de sa route », affirme son entourage, contacté par l’AFP. Alain Juppé « reste légitimiste et loyal ». Jusqu’à quand ?

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