Les sarkozystes en force dans la nouvelle équipe de Fillon
François Fillon, qui a sauvé sa candidature à l'élection présidentielle malgré l'affaire qui mine sa campagne, a dévoilé jeudi une nouvelle...
Par Déborah CLAUDE
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François Fillon, qui a sauvé sa candidature à l'élection présidentielle malgré l'affaire qui mine sa campagne, a dévoilé jeudi une nouvelle équipe, où les sarkozystes se taillent la part du lion, en particulier François Baroin, chargé du "rassemblement".
M. Baroin, actuel président de l'Association des maires de France (AMF), prend du galon puisqu'il était jusqu'à présent "conseiller politique". L'ex-ticket de Nicolas Sarkozy -- il devait être le Premier ministre d'un Sarkozy de retour à l'Elysée -- vient renforcer une équipe qui a pris l'eau.
Depuis les révélations du Canard enchaîné fin janvier, son nom est revenu en coulisses à de nombreuses reprises comme l'un des possibles plans B mais aussi comme l'un de ceux voulant neutraliser le retour d'Alain Juppé avec qui il entretient une inimitié notoire.
François Fillon "a demandé à François Baroin de travailler sur le rassemblement, à la fois de notre famille politique et de toutes les sensibilités autour de sa candidature", a expliqué Luc Chatel jeudi matin au sortir d'une réunion de comité de campagne. Celui-ci devient porte-parole et remplace Thierry Solère qui avait démissionné de ses fonctions la semaine dernière.
Car en l'espace d'une semaine, et après la conférence de presse où il avait annoncé de manière anticipée sa probable mise en examen le 15 mars, François Fillon a enregistré de nombreuses défections: d'abord Bruno Le Maire et ses partisans, puis les juppéistes, et enfin son directeur de campagne, Patrick Stefanini.
François Baroin, mais aussi Christian Jacob, patron des députés LR nommé jeudi "coordinateur" aux côtés du fidèle Bruno Retailleau, faisaient partie des seuls ténors LR à être venus dimanche soutenir le candidat place du Trocadéro lors d'un rassemblement de la dernière chance.
Pour Luc Chatel, "aujourd'hui il n'y a plus de sarkozystes, de juppéistes, de lemairistes, il y a des électeurs de droite qui veulent gagner. Nos électeurs de droite sont en colère, ils veulent qu'on se rassemble, ils veulent qu'on aille au combat, ils veulent qu'on gagne, là il n'y a plus de chapelle. Tout le monde est rassemblé derrière celui qui est notre candidat", a-t-il martelé.
- Une tâche difficile -
A cette réunion de jeudi, Jean-Pierre Raffarin était là pour les juppéistes. Le maire de Bordeaux, sèchement battu à la primaire de novembre, n'a pas été tendre avec François Fillon lundi dans sa déclaration, jugeant qu'il était "dans l'impasse" et que "le noyau des militants et sympathisants LR s'est radicalisé".
François Fillon salue ses partisans réunis au Trocadéro à Paris le 5 mars 2017
AFP/Archives
Jean-Pierre Raffarin et Valérie Pécresse vont donc tenter de ramener les juppéistes dans l'équipe mais la tâche s'annonce difficile.
Les centristes de l'UDI ont l'air eux de rentrer au bercail. Même si l'UDI a dit attendre des "initiatives" de la part de François Fillon, elle a validé l'accord des législatives avec LR.
Son président, Jean-Christophe Lagarde, doit rencontrer M. Fillon vendredi. D'ores et déjà, le président de la région Normandie Hervé Morin, qui s'est entretenu avec d'autres parlementaires de l'UDI jeudi matin avec François Fillon, a expliqué à l'AFP qu'il avait prévu de faire des meetings communs avec François Baroin.
D'autres nominations vont également intervenir la semaine prochaine, selon l'équipe Fillon dans son communiqué.
"La priorité était de donner des gages aux sarkozystes", mais "l'équipe va s'élargir forcément" ensuite, juge une source LR filloniste, selon laquelle "l'attitude des sarkozystes a été plus clean que celle des juppéistes" dans les semaines passées. "Au moins quand les sarkozystes vont à la bataille, c'est clair et net", selon cette source.
Certains sarkozystes misent sur l’atterrissage de Laurent Wauquiez à la tête de LR pour remplacer Bernard Accoyer. "C'est fait!" disait un ténor sarkozyste mercredi. "Fillon attend de voir, car il n'a pas particulièrement confiance en Laurent Wauquiez", nuançait jeudi un autre ténor LR.
M. Fillon, qui reprend de timides couleurs dans les derniers sondages, poursuit lui sa campagne, avec un meeting jeudi soir à Besançon.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.