Les Républicains tentent de « sauver les apparences » malgré les divisions

Les Républicains tentent de « sauver les apparences » malgré les divisions

François Baroin va soumettre un contre-appel, alors qu’une trentaine d’élus LR et UDI veulent répondre à la « main tendue » par Emmanuel Macron après la nomination d’Edouard Philippe. Un appel qui passe assez mal au groupe LR du Sénat.
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Certains imaginaient que les choses bougeraient après les législatives. En réalité, elles se précipitent, à la faveur de la nomination du LR Edouard Philippe à Matignon. Une trentaine d’élus LR ont répondu hier favorablement à « la main tendue » d’Emmanuel Macron, comme les juppéistes Benoist Apparu, Fabienne Keller, Christophe Béchu, ou encore Gérald Darmanin ou des proches de Bruno Le Maire, Franck Riester et Thierry Solère. NKM, et les UDI Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno, s’y sont également joints.

« La droite tient » assurait ce matin Bernard Accoyer, secrétaire général du parti, malgré les apparences. En réalité, ça commence à faire beaucoup. La recomposition semble bien en marche. « Bien sûr que ça fait beaucoup. Le parti ne tient pas. Au parti, il n’y a plus personne. Ou il n’y a que des personnes illégitimes » tacle un sénateur LR, qui remarque que les sarkozystes ont repris la main « alors que Nicolas Sarkozy a fait 20% à la primaire ».

« Ils auraient pu attendre un peu. Il ne faut pas casser les reins de tous ceux qui se présentent »

Face à l’hémorragie des troupes, les tenants de la maison LR organisent un contre-appel. Il sera soumis aux 577 candidats de la droite et du centre aux législatives. Annonce faite ce matin par le chef de file des LR aux législatives, François Baroin, devant une soixantaine de députés LR, qui n’ont pas apprécié l’appel en faveur de Macron.

Même chose à la réunion de groupe du Sénat, ce mardi matin. Par un communiqué, les sénateurs « ont réaffirmé leur soutien le plus total aux candidats LR/UDI aux élections législatives ». « L’initiative (des pros Macron, ndlr) n’a pas été bien perçue, c’est un euphémisme » a expliqué après la réunion Jean-Claude Lenoir, président LR de la commission des affaires économiques. « Un peu trop loin, un peu trop vite » résume Catherine Procaccia, sénatrice du Val-de-Marne. Le sarkozyste Pierre Charon ajoute qu’« ils auraient pu attendre un peu. Il ne faut pas casser les reins de tous ceux qui se présentent ». Lors de la réunion, le sénateur Henri de Raincourt a notamment critiqué Fabienne Keller, selon l’un des participants. « Des propos qui sont passés avec plus ou moins de bonheur… » glisse un sénateur.

« La manœuvre est en marche : après avoir détruit le PS, détruire la droite »

Au micro de Public Sénat, le président de la commission des lois, Philippe Bas, a mis en garde aussi sur ces ralliements : « Si entre Emmanuel Macron et les extrémistes il n’y a plus rien parce que tout le monde se rallie, à ce moment-là, quand il y a aura du mécontentement, il se réfugiera dans l’extrémisme. Il n’y aura plus de démocratie possible parce qu’il n’y aura plus d’alternance républicaine ». Regardez :

Philippe Bas sur le gouvernement : "Nullement besoin de débauchages, de modifier les frontières"
01:16

Les mots les plus durs sont venus, sans surprise, d’Eric Ciotti, avant le bureau politique des LR en fin d’après-midi. « J’ai réagi avec tristesse et une forme d’incompréhension. Cette démarche ne peut qu’affaiblir nos candidats (aux législatives).  C’est une erreur et même une faute, je le déplore et le condamne. Nous allons démontrer à ce bureau politique que l’immense majorité de notre famille politique veut se battre sur ses idées sans compromission et sans donner un gage à ceux qui veulent nous détruire. La manœuvre est en marche : après avoir détruit le PS, détruire la droite et le centre pour qu’il n’y ait plus qu’entre Monsieur Macron et le FN une espèce d’entre soi ». Regardez :

Eric Ciotti : « La manœuvre est en marche : après avoir détruit le PS, détruire la droite »
01:11

« C’est Juppé qui pour l’instant fait le jeu »

Mais les remontrances ne cachent pas la profonde division qui touche le parti depuis son élimination du premier tour. Un parti coupé en deux.

« Ceux qui parlent sont ceux qui ont perdu, ceux qui disaient qu’il fallait soutenir notre candidat à la présidentielle et qu’il allait remonter. On nous dit des balivernes. Mais personne n’est dupe. On en est à sauver les apparences » lâche un sénateur LR sous couvert d’anonymat.

Il ajoute : « C’est l’ancien monde qui donne des leçons ». Ce parlementaire, pas spécialement juppéiste, remarque que « c’est Juppé qui pour l’instant fait le jeu ». Et quid de l’appel des pros-Macron ? « La question est de savoir si ça s’arrête, jusqu’où ça va. Peut-être que ce sera une centaine dans 15 jours » affirme le même. Un chiffre déjà évoqué par NKM sur France 2.

Arnaud Robinet à la Santé, Jean-Baptiste Lemoyne à l'Agriculture ?

La composition du gouvernement, prévue mardi mais reportée à mercredi, pourrait amplifier le mouvement. On parle du député-maire LR de Reims, Arnaud Robinet, comme ministre de la Santé. Il a signé l’appel. Le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, premier parlementaire LR à avoir rejoint En Marche, dès la campagne, pourrait être gratifié en retour d’un maroquin. Pourquoi pas l’Agriculture. Bruno Le Maire pourrait hériter des Affaires étrangères. NKM se verrait bien à la Défense. Pour le moment, elle se retrouve avec un candidat dissident pour les législatives à Paris, dans l’ex-circonscription de François Fillon, avec le maire du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq…

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