Les municipales, un test pour l’ambition de LREM et la résistance des sortants
Deuxième grand rendez-vous électoral de l'ère Macron, les élections municipales de mars 2020 seront un test de la capacité des macronistes à s...
Par Dominique CHABROL
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Deuxième grand rendez-vous électoral de l'ère Macron, les élections municipales de mars 2020 seront un test de la capacité des macronistes à s'implanter localement et de la résistance des maires sortants.
Les 15 et 22 mars, les Français éliront plus de 500.000 conseillers municipaux qui désigneront ensuite les maires des quelque 34.970 communes - dont moins de 1.000 comptent 10.000 habitants ou plus.
Après des mois de tensions avec l'exécutif, les maires sont revenus au centre du jeu avec le grand débat organisé pour sortir de la crise des "gilets jaunes".
A six mois du scrutin, si certains ont déjà fait connaître leurs ambitions, comme à Paris, Bordeaux ou Lyon, l'heure est encore souvent aux discussions sur le terrain pour passer des alliances et composer des listes, dans un paysage politique chamboulé.
-Les grandes villes dans la balance-
Benjamin Griveaux en campagne à Paris le 29 août 2019
AFP/Archives
Comme souvent, le parti qui l'emportera à Paris a des chances de faire figure de vainqueur du scrutin. Dans une capitale qui a placé Emmanuel Macron et LREM en tête depuis 2017, la maire PS sortante PS Anne Hidalgo devrait tenter de défendre son siège face à un parti présidentiel divisé entre Benjamin Griveaux, candidat officiellement investi, et le dissident Cédric Villani, sans compter les écologistes d'EELV et plusieurs outsiders centristes.
A Bordeaux et Marseille, la succession des maires historiques, Alain Juppé, parti en mars au Conseil constitutionnel, et Jean-Claude Gaudin, qui ne se représente pas, est en jeu. Et la campagne s'annonce rude à Lille, Lyon, Nice ou Toulouse, où les sortants Martine Aubry, Gérard Collomb, Christian Estrosi et Jean-Luc Moudenc devront ferrailler pour conserver leurs fauteuils.
- Prime au sortant-
Au-delà des grandes agglomérations, l'élection se jouera dans les 3.600 villes petites et moyennes et les 31.000 communes de moins de 3.000 habitants. La "prime au sortant" est forte aux municipales et 75% des Français considèrent, selon le CEVIPOF, que leur maire a fait du bon travail au cours de son mandat.
Cédric Villani, candidat à la mairie de Paris, le 6 septembre 2019 à Paris
AFP
Avec le déclin des partis traditionnels et du clivage droite-gauche, le scrutin devrait par ailleurs voir les listes "sans étiquette", pour la défense des seuls intérêts locaux, se multiplier.
-S'implanter ou sauver les meubles-
Pour LREM, l'enjeu sera de s'implanter dans les territoires. Autant qu'au nombre de villes qu'ils parviendront à décrocher, le résultat des macronistes s’appréciera à celui des conseillers qu'ils auront fait élire. Avec un autre scrutin dans le viseur, celui des sénatoriales pour l'instant prévues en octobre 2020 -même si le projet de loi organique sur les institutions prévoit de les repousser d'un an-, puisque le corps électoral choisissant les sénateurs est composé à 95% de délégués des conseils municipaux.
Nicolas Florian, nouveau maire de Bordeaux, le 7 mars 2019 à Bordeaux
AFP/Archives
Si Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe sont très impliqués dans la préparation des élections, LREM reste pragmatique et prudente sur ses objectifs.
Pour Les Républicains, il s'agira de préserver le maximum des près de 70 villes de plus de 30.000 habitants prises à la gauche en 2014. Mais après son échec aux européennes, LR risque rien moins que d'exploser et de voir nombre de ses élus s'allier à LREM, et voir d'autres filer vers le Rassemblement national.
Au PS, le scrutin sera celui de la survie. Soit les socialistes parviendront à conserver leurs fiefs, Paris, Lille, Rennes, Nantes..., et leur ancrage territorial, soit ils se verront réduits au rôle de supplétifs. Le danger viendra des écologistes d'EELV, leurs alliés traditionnels à gauche, qui comme à Paris revendiquent désormais "le leadership" après leur succès aux européennes (13,5%).
Fort de ses 23,3% en mai, le RN vise plusieurs dizaines de villes, dont Perpignan, et voudra siphonner l'électorat de droite. Malmenée au contraire aux européennes, La France insoumise (LFI) tente pour sa part de rassembler à gauche. Des listes se réclamant des "gilets jaunes" devraient également voir le jour.
-Cote d'amour et blues des maires-
Selon une enquête du CEVIPOF (Sciences-Po), les maires restent de loin les élus auxquels les Français accordent le plus leur confiance (71%). Mais les difficultés à exercer un mandat de plus en plus exigeant, les incivilités, la complexité juridique de la fonction, les responsabilités pénales poussent nombre d'élus de petites communes à baisser les bras et ne pas se représenter.
"Il y a un paradoxe terrible : la cote d'amour des maires reste forte, mais on a aussi de plus en plus de cas de menaces auxquelles des élus sont confrontés. Souvent des menaces verbales, parfois des lettres anonymes, des situations qui s'enveniment", résume Christophe Bouillon, le président l'Association des petites villes de France (APVF).
Selon une note du ministère de l'Intérieur révélée par le JDD, 361 maires et adjoints ont été victimes d'"atteintes volontaires à l'intégrité physique" en 2018, soit 9% de plus que l'année précédente. Une dégradation, qui avec le manque de moyens, la charge de travail, alimente la résignation des élus.
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