Le PS a-t-il un avenir ? Le parti cinquantenaire jouera son va-tout aux élections municipales de mars 2020, après des élections présidentielle et législative catastrophiques, et des européennes où il devrait choisir samedi de s'effacer derrière la candidature du fondateur de Place publique, Raphaël Glucksmann.
"Les européennes, c'est un vote défouloir, les têtes de liste sont peu connues. Les municipales serviront de juge de paix. Le PS a des sortants, il gère beaucoup de villes", explique Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop.
"Si les européennes (du 26 mai 2019) ne sont pas bonnes, avec un PS derrière EELV et LFI, les municipales feront office de dernière chance", souligne-t-il.
"Notre avenir passe par la stabilisation aux municipales. Il n'y aurait pas eu 1981 s'il n'y avait pas eu 1977", note le sénateur PS Patrick Kanner, dans une allusion à la reconquête opérée par François Miterrand.
Pour M. Dabi, il est difficile de prédire à un an de l'échéance quel sera l'état des rapports de forces, entre un PS qui peine à renaître et une République en marche déjà usée par le pouvoir. Il note cependant qu'il pourrait y avoir une "prime pour les sortants". "Ils apparaissent comme un pôle de stabilité dans un monde incertain", souligne-t-il.
"Les bons maires vont rester. Il y en a beaucoup", prédit un ancien ministre de François Hollande.
Un ancien député PS partage cet optimisme. "Aux élections locales il y a une plus-value pour les sortants s'ils ne sont pas usés. Les maires socialistes sont plutôt des maires jeunes sauf à Lille. Anne Hidalgo (la maire de Paris, NDLR), c'est son premier mandat", note-t-il.
- L'épineuse question des alliances -
Le PS, qui avait été sévèrement battu aux municipales de 2014, perdant plus d'une centaine de villes de plus de 10.000 habitants, part cependant à la bataille avec deux gros handicaps: la fuite d'un partie de ses électeurs à la République en marche, bien sûr, mais aussi le "morcellement de la gauche", qui se "reproduit au niveau local", selon M. Dabi.
A Générations, comme au PCF, on pose des "lignes rouges" en terme d'alliances, qui pourraient poser au PS des choix cornéliens. "Le PS n'est pas notre ennemi. Aux municipales on ne fera la peau à personne. Mais on ne veut pas d'alliances avec les macronistes ni au premier ni au second tour", affirme à l'AFP Pascal Cherki, un des proches de Benoît Hamon.
Chargée des élections au PS, Sarah Proust pense que la ligne du PS sera plutôt "pas d'alliance avec LREM et LFI au premier tour".
Dans les faits, les choses pourraient s'avérer compliquées, voire difficilement lisibles, avec l'émergence un peu partout de "plateformes citoyennes" où les étiquettes s'effacent. "Il y a déjà des discussions entre le PCF et LREM", note un observateur. Au Mans, par exemple, le PCF et EELV discutent avec la socialiste Marietta Karamanli qui est elle-même en dialogue avec des Marcheurs. Objectif: faire pièce au maire PS Stéphane Le Foll.
- "Vol d'étourneaux" -
Dans ce jeu stratégique, les européennes joueront un rôle non négligeable. "Pour les municipales, le score des européennes sera très important. Il y a un risque de vols d'étourneaux", si le score du PS est trop faible, souligne un sénateur PS. Autrement dit un risque que les maires aujourd'hui identifiés comme socialistes s'envolent vers la République en marche.
A Strasbourg, à Lyon, à Besançon, à Metz, le scrutin municipal s'annonce d'ores et déjà très difficile, avec des maires sortants ou des dauphins désignés passés du PS à LREM.
Pour contrer cette dynamique centrifuge, l'alliance avec Place publique peut être un atout pour les socialistes. "Dans Paris, Place publique peut reprendre de l'espace à En Marche", note un sénateur PS. C'est vrai de manière plus générale dans la plupart des métropoles, et les maires de Paris, Lille, Nantes et Rennes ont apporté sans ambiguïté vendredi leur soutien à la démarche d'union lancée par Raphaël Glucksmann et Olivier Faure.