Les juges ont terminé leur enquête sur l’affaire Fillon
Dix-huit mois après avoir mis en examen François Fillon, les juges d'instruction ont annoncé vendredi avoir terminé leur enquête sur les emplois...
Par Eleonore DERMY et Benjamin LEGENDRE
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Dix-huit mois après avoir mis en examen François Fillon, les juges d'instruction ont annoncé vendredi avoir terminé leur enquête sur les emplois présumés fictifs de l'épouse et des enfants de l'ex-candidat de droite à la présidentielle, qui avaient entraîné sa chute.
Les trois juges en charge de l'affaire ont notifié vendredi la fin de leurs investigations, selon le parquet national financier, confirmant une information de BFMTV.
Il revient désormais au PNF de prendre ses réquisitions, avant que les juges ne décident de renvoyer ou non devant le tribunal correctionnel l'ex-candidat de la droite à la présidentielle en 2017, son épouse et son ancien suppléant parlementaire Marc Joulaud.
Le quatrième mis en examen de ce dossier a pour sa part opté pour une alternative au procès: soupçonné d'avoir accordé un emploi fictif à Penelope Fillon à La Revue des deux mondes, l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière a accepté une procédure de "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité" (CRPC), a-t-on appris vendredi de source judiciaire, confirmant une information du journal Le Monde.
François Fillon, mis en examen le 14 mars 2017, notamment pour "détournement de fonds publics" et "complicité et recel d'abus de bien sociaux", avait été réentendu début septembre au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, après que les policiers ont remis cet été aux juges leur rapport de synthèse.
Le PNF avait ouvert une enquête après des révélations du Canard enchaîné, le 25 janvier 2017, qui se sont avérées fatales pour la candidature de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Parti favori dans la course à l'Elysée - après avoir remporté la primaire de la droite en mettant en avant son image d'homme intègre - il avait finalement été éliminé dès le premier tour, en avril.
Au cœur du dossier, les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Pénélope et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires.
Les investigations portaient aussi sur les salaires - 3.500 euros net par mois - touchés de mai 2012 à décembre 2013 par son épouse pour un emploi à la "Revue des deux mondes". Sur cette période, Mme Fillon n'avait publié que deux notes de lecture, assurant par ailleurs avoir assumé un rôle de conseiller auprès du propriétaire Marc Ladreit de Lacharrière.
Lors de sa mise en examen, quelques jours après les perquisitions de son manoir sarthois et des ses anciens bureaux à l'Assemblée nationale, M. Fillon s'était borné à lire une brève déclaration devant les juges.
- Costumes -
Aux soupçons d'emplois fictifs s'étaient ensuite ajoutées les révélations de Robert Bourgi. Cette figure des réseaux de la "Françafrique" s'était vantée d'avoir offert deux costumes d'une valeur de 13.000 euros à l'ancien Premier ministre. L'enquête avait alors été élargie à des soupçons de "trafic d'influence" qui n'ont finalement pas été retenus par les juges.
Passée l'élection, il avait été entendu pour la première fois sur le fond de l'affaire fin juillet 2017 par les juges du pôle financier Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tacheau.
Lors de cette audition, M. Fillon avait défendu la réalité des emplois d'assistants de sa femme à l'Assemblée nationale entre 1986 et 2013, lorsqu'il était député, et de ses enfants Charles et Marie quand il siégeait au Sénat, entre 2005 et 2007.
François Fillon le 18 avril 2017 à Lille
AFP/Archives
Entendus à leur tour, les deux enfants du couple Fillon ont été placés sous le statut de témoin assisté, échappant aux poursuites.
Par la suite, l'enquête avait semblé tourner au ralenti tandis qu'aucun des recours envisagés initialement par le camp de l'ex-Premier ministre n'avait été déposé.
La défense avait initialement remis en question la compétence du PNF et fait valoir que le délit de détournement de fonds publics n'était pas applicable à un député. Ce dernier argument a été rejeté récemment par la Cour de cassation dans une autre affaire.
Plus d'une dizaine d'auditions ont été menées au fur et à mesure par les policiers de l'Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), sans entraîner de nouvelles poursuites connues à ce jour.
Les investigations s'étaient, dans un deuxième temps, intéressées à la société 2F Conseil, créée en 2012 par M. Fillon, et à d'éventuels conflits d'intérêts. Après des perquisitions chez ses clients, notamment l'assureur Axa, dont l'ex-PDG Henri de Castries est un ami de l'ex-Premier ministre, aucune nouvelle mise en examen n'a été prononcée.
Désormais retiré de la vie politique, l'ancien Premier ministre, âgé de 64 ans, a rejoint il y a un an la société de gestion d'actifs et d'investissement Tikehau Capital.
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Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
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