Les Européennes lancent “l’acte 2” du quinquennat et la recomposition dans l’UE
Après sa courte défaite aux européennes dimanche, Emmanuel Macron entend garder le cap en France dans un "acte 2" du quinquennat, et s'attelle à...
Par Anne Pascale REBOUL, Marc PRÉEL
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Après sa courte défaite aux européennes dimanche, Emmanuel Macron entend garder le cap en France dans un "acte 2" du quinquennat, et s'attelle à la recomposition du paysage en Europe, à laquelle oeuvre aussi Marine Le Pen arrivée en tête.
Le chef de l'Etat a reçu lundi midi à l'Elysée les principaux responsables de la majorité et de la campagne. La réunion, qui selon l'Elysée visait à "faire le point sur les prochaines étapes", rassemblait notamment le Premier ministre Edouard Philippe, le patron du MoDem François Bayrou, celui de la LREM Stanislas Guérini, la tête de liste Nathalie Loiseau et son numéro 2 Pascal Canfin.
Les Républicains entament eux leur examen de conscience avec un bureau politique convoqué à 18H00 alors que la présidence de Laurent Wauquiez est clairement mise en cause, après leur défaite historique (8,5%). A l'inverse, les écologistes d'EELV, en position de force après leur percée inattendue (13,5%), se posent en "alternative crédible" au RN et au "vieux monde" notamment de gauche.
Avant un sommet européen mardi soir pour le partage des postes-clés de l'UE, Emmanuel Macron doit rencontrer plusieurs chefs d’État et de gouvernement, dont la chancelière allemande Angela Merkel, et l'espagnol socialiste Pedro Sanchez dès lundi soir.
Différence de points entre la liste LREM et la liste RN aux élections européennes par département en France métropolitaine
AFP
Nathalie Loiseau sera, elle, à Bruxelles en fin de journée pour préparer l'atterrissage au Parlement européen, tandis que la délégation d'eurodéputés se réunit dès lundi midi au siège de LREM.
Les élections ont vu dimanche à l'échelle de l'Europe une montée des partis populistes et la fin du traditionnel duopole socialistes-conservateurs qui jusqu'ici faisait la loi au Parlement. Ces deux groupes perdent leur capacité à réunir à eux seuls une majorité. Ils devront désormais composer avec les écologistes ainsi que les libéraux (Alde), dont le parti d'Emmanuel Macron.
"Nous allons sans doute au niveau européen travailler avec (les Verts)", a avancé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
- "Intensifier l'acte 2" -
En France, le scrutin a conforté la recomposition de la scène politique enclenchée en 2017, avec en toile de fond la plus forte participation depuis vingt-cinq ans à un scrutin européen, même si elle reste faible, à 50,12%.
Yannick Jadot célèbre les résultats d'EELV aux Européennes, le 26 mai 2019 à Paris
AFP
Sur les 79 sièges dévolus à la France au Parlement européen, le RN et LREM occuperont tous les deux autant de sièges (23 chacun après le Brexit).
La liste RN emmenée par Jordan Bardella s'est imposée avec 23,31% des suffrages, soit 0,9 point de plus que la liste Renaissance soutenue par le président et menée par l'ex-ministre Nathalie Loiseau (22,41%), selon les résultats définitifs.
Renaissance affiche un score inférieur au résultat d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017 (24%), tandis que l'extrême droite est en deçà de son score déjà victorieux des européennes de 2014 (24,9%) même si en valeur absolue elle progresse.
L'exécutif a relativisé son échec dans le match avec le parti de Marine Le Pen, sur lequel la campagne s'était focalisée.
"Dimanche, le message des Français ce n'est pas que la France arrête de se réformer", a estimé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, tout en concédant qu'"il faut être plus humain, à l'écoute".
Résultats définitifs des élections européennes en % des voix et en nombre de députés élus par principales listes en France
AFP
Le chef de l'Etat n'entend pas changer de cap, et va même "intensifier l'acte 2 de son quinquennat", assure l'Elysée. L'idée d'un remaniement a également été écartée par plusieurs responsables de la majorité.
Une fin de non-recevoir au RN, "le premier parti mais surtout (...) le mouvement de la future alternance" selon sa présidente Marine Le Pen.
"Si le gouvernement est totalement sourd à cette colère (exprimée par les électeurs, NDLR), elle s'intensifiera, et risque de prendre une ampleur tout à fait inédite dans les prochains mois", a mis en garde l'eurodéputé RN Nicolas Bay.
- "Déringardiser" LR -
Nathalie Loiseau applaudit après l'annonce des résultats aux Européennes, le 26 mai 2019 à la Mutualité à Paris
AFP
Le reste de l'échiquier politique est en chantier, alors que PS et LR, qui ont gouverné alternativement la France pendant plus de 35 ans (1981-2017), dépassent à peine les 15% cumulés. "Les anciens clivages ne sont plus", selon le Premier ministre Edouard Philippe.
Chez Les Républicains, qui accusent le pire score de l'histoire de la droite, très loin du résultat de l'UMP en 2014 (20,81%), la ligne droitière de Laurent Wauquiez est sur la sellette, avec la désertion de l'électorat vers Macron et Le Pen. Sa rivale Valérie Pécresse a appelé comme d'autres responsables du parti, dès lundi matin, à troquer "une stratégie de rétrécissement" contre "une stratégie d'élargissement". Au passage, elle a assuré qu'à la place de M. Wauquiez, elle démissionnerait de sa fonction.
La droite doit "se déringardiser d'urgence" et "abandonner son conservatisme sociétal", a plaidé le secrétaire général délégué de LR Geoffroy Didier.
Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry après l'annonce des résultats à Paris, le 26 mai 2019
AFP
De son côté, fort de son score, EELV emmené par Yannick Jadot veut "s'imposer comme le 3e pilier qui organise la politique". "Toute une partie de la gauche a vocation à se retrouver dans ce projet-là. Mais ça va au-delà", a-t-il souligné.
L'alliance Parti Socialiste-Place Publique a recueilli 6,19% des voix, pire score du PS à des européennes, mais qui lui permet au moins de garder six eurodéputés.
Son premier secrétaire Olivier Faure, qui a appelé dès dimanche soir au rassemblement de la gauche, juge que "la social-démocratie doit maintenant se marier avec l'écologie politique".
Mais LFI, qui, avec 6,31% des voix, termine très loin des 19,58% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, ne semble pas se placer dans cette perspective: le député Insoumis Alexis Corbière a relevé lundi ses "désaccords" avec les écologistes de Yannick Jadot, critiquant notamment les alliances nouées au niveau européen.
Quant à l'ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, il "va se mettre en retrait" de la vie politique, selon son bras droit Guillaume Balas.
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Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.
Si une semaine après le renversement du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron est sur le point de nommer un nouveau Premier ministre, la situation politique française inquiète particulièrement les eurodéputés à Bruxelles que certains comparent à celle en Allemagne.
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