Les édiles, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal

Les édiles, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal

Un ami redevable, un avocat fidèle ou un milliardaire saoudien: c'est l'heure du jugement vendredi pour toute une galaxie...
Public Sénat

Par Sofia BOUDERBALA

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Un ami redevable, un avocat fidèle ou un milliardaire saoudien: c'est l'heure du jugement vendredi pour toute une galaxie gravitant autour des époux Balkany, dans le volet blanchiment et corruption de leur procès.

Les Balkany

Isabelle et Patrick Balkany ont été condamnés pour fraude fiscale mi-septembre, dans le premier volet de leur procès: 4 ans de prison ferme pour lui, trois ans pour elle. Le maire LR de Levallois-Perret a été incarcéré immédiatement. Tous deux ont fait appel.

Le couple qui règne depuis 36 ans, presque sans discontinuer, sur cette commune cossue de l'ouest parisien est aussi accusé de blanchiment, pour avoir dissimulé au moins 13 millions de patrimoine et d'avoirs occultes en ayant recours à des prête-noms et à des structures offshore, entre 2007 et 2014.

Perles de ce patrimoine dissimulé pour les juges: une villa à Saint-Martin, qu'ils ont finalement reconnu posséder, et un riad à Marrakech, dont ils nient toujours être les propriétaires.

Contre Patrick Balkany, aussi accusé de corruption passive et de prise illégale d'intérêts par personne dépositaire de l'autorité publique, le parquet a requis sept ans de prison, avec incarcération immédiate, dix ans d'inéligibilité et la confiscation de tous ses biens.

Contre sa première adjointe Isabelle, l'accusation a demandé quatre ans avec sursis et 500.000 euros d'amende.

Le parquet n'a requis qu'une amende (100.000 euros) contre leur fils Alexandre, "entraîné dans cette aventure par ses parents", pour avoir souscrit "deux baux de location fictifs" en 2011 et 2014 pour le riad de Marrakech.

Jean-Pierre Aubry

Ancien président du club de basketball et bras droit de Patrick Balkany à la mairie de Levallois, il devient en avril 2008 (et jusqu'en 2014) directeur général de la Semarelp, société en charge de l'aménagement de Levallois présidée par le maire. Il a comparu notamment pour blanchiment de fraude fiscale, prise illégale d'intérêts et complicité de corruption passive.

Contre cet homme, "prête-nom jusqu'au sacrifice", le parquet a demandé trois ans dont un avec sursis et 150.000 euros d'amende.

A la barre, jamais il n'a trahi la confiance de Patrick Balkany. Sa ligne de défense est simple: il a participé au complexe montage de sociétés panaméennes (Hayridge et Himola) impliquées dans l'acquisition du riad en 2010, mais il n'est bénéficiaire que "sur le papier" de titres "au porteur". "Je le dis et le redis, je ne suis pas le propriétaire de cette maison", a-t-il affirmé.

Arnaud Claude

L'indispensable avocat, ex-associé de Nicolas Sarkozy qui fut longtemps un intime des Balkany, a assisté à de nombreuses négociations impliquant la commune et son maire - il s'est vanté à l'audience d'avoir "exproprié tout Levallois".

Avocat de la Semarelp, "gros client" de son cabinet, il est poursuivi pour blanchiment et complicité de corruption commise par Patrick Balkany.

L'accusation a requis quatre ans dont deux avec sursis et une interdiction d'exercer contre l'avocat, désigné comme "le pilote de l'opération" marocaine, "la direction intellectuelle et juridique".

C'est lui qui accompagne Jean-Pierre Aubry en Suisse pour créer deux sociétés, lui qui négocie avec l'agent immobilier pour le riad de Marrakech, lui qui donne des instructions au notaire marocain: il est "omniprésent" selon les juges. Lui affirme que son intervention a été "purement amicale pour aider M. Aubry sur les aspects de pure technique immobilière".

Mohamed Al Jaber

Richissime homme d'affaires saoudien aux féroces appétits immobiliers, Mohamed Al Jaber est accusé de "corruption active envers une personne dépositaire de l'autorité publique", en l'occurrence Patrick Balkany.

Il est soupçonné d'avoir réglé en 2009, via un notaire, le prix officiel du riad marocain (2,75 millions d'euros) en échange de délais de paiement supplémentaires dans un juteux marché, celui de la construction des Tours de Levallois - qui ne sortiront finalement jamais de terre.

Il a réfuté tout "pacte de corruption", sa défense mettant au défi le parquet de prouver ce pacte, c'est-à-dire d'établir qu'un accord ait été scellé avant l'octroi de délais, conformément à la loi de 2007.

Pour le parquet, "peu importe que le pacte de corruption n'ait pas été explicitement formulé": il a requis quatre ans dont deux avec sursis et 150.000 euros d'amende contre le milliardaire saoudien, estimant qu'il avait "sciemment corrompu un élu de la République".

Dans la même thématique

Les édiles, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

Les édiles, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Les édiles, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le