Les dernières annonces d’Emmanuel Macron pourraient coûter jusqu’à 10 milliards d’euros selon le Sénat

Les dernières annonces d’Emmanuel Macron pourraient coûter jusqu’à 10 milliards d’euros selon le Sénat

Alors que le gouvernement s’emploie à trouver des moyens pour financer la baisse de l’impôt sur le revenu pour 15 millions de foyers fiscaux, annoncée par le Président jeudi dernier, l’inquiétude des sénateurs quant à l’équilibre des comptes publics monte. Les nouvelles annonces d'Emmanuel pourraient coûter jusqu'à 10 miliards d'euros, selon le Sénat.
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Par Alice Bardo / sujet vidéo : Sandra Cerqueira

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Ce mardi, le président socialiste de la commission des finances était « préoccupé » : Vincent Eblé est « inquiet » de voir l’exécutif « distribuer assez allègrement les cadeaux fiscaux », à commencer par le dernier en date, la baisse de l’impôt sur le revenu pour 15 millions de foyers fiscaux, dès le 1er janvier 2020, annoncée jeudi dernier par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse.

Une mesure qui se chiffre à hauteur de 5 milliards d’euros, auxquels viennent s’ajouter les 10 milliards d’euros consentis en fin d’année dernière par le gouvernement, afin de répondre à la colère des Gilets jaunes. Ajoutés aux autres gestes d’apaisement de l’exécutif, comme la réindexation des petites retraites de moins de 2000 euros ou encore les pensions de retraite minimum à 1000 euros, cela devrait coûter 17 milliards d’euros à l’Etat selon Bercy, « 20 milliards » d’après le Sénat, qui table plutôt sur un coût de 10 milliards d’euros pour les nouvelles mesures annoncées par Emmanuel Macron, soit 0,4% point de PIB, plutôt que les 7 milliards évoqués par le gouvernement.

Lundi, le rapporteur général (LR) de la commission des finances, Albéric de Montgolfier, s’est d’ailleurs montré particulièrement inquiet quant à la trajectoire budgétaire du gouvernement qui, selon lui, « s’écarte significativement des règles budgétaires européennes », d’autant qu’elle ne tient pas compte des derniers arbitrages de l’exécutif.

« Il est grand temps que l’Etat se remettre en cause »

Les sénateurs regrettent l’orientation choisie par le gouvernement pour financer ces mesures : « Il faut explorer les pistes d’économies budgétaires mais je n’ai rien vu qui aille en ce sens », souligne Vincent Eblé. Et Roger Karoutchi d’abonder : « Quatre mois de Grand débat pour nous dire comment on va dépenser un peu plus, mais pas comment on va économiser un peu plus. Il est grand temps que l’Etat se remette en cause et mette en cause ses structures pour réduire la dépense publique. »

« La réduction de la dépense publique est dérisoire »

Comme le socialiste Vincent Éblé, le sénateur LR ne se satisfait pas des premières pistes avancées par le gouvernement en ce début de semaine, telle la suppression de certaines niches fiscales. « Ces propositions représentent 2 à 3 milliards d’euros donc il manque encore 10 à 15 milliards ! » s’inquiète-t-il. Un « déficit supplémentaire » puisque qu’il « n’imagine pas que l’exécutif ait trouvé une mine d’or ou un gisement de pétrole sous le Palais de l’Elysée ». Passée l’ironie, il déplore que « la réduction de la dépense publique soit dérisoire » quand son collègue socialiste, Vincent Éblé, pointe « un manque de responsabilité » à la tête de l’État.

Ce matin, le ministre de l’Economie et des finances a pourtant assuré que l’exécutif « ne lâcherait rien sur la dépense publique » et qu’il ne laisserait pas « filer », ni le déficit public, ni la dette, tout en précisant viser une réduction de l’impôt sur le revenu à hauteur de 180 à 350 euros par an et par ménage, selon leur tranche d’imposition (seules les deux premières sont concernées).   

Une feuille de route précisée en juin

Si le président de la commission des finances du Sénat regrette l’absence de « solutions nouvelles » pour pallier cette augmentation des dépenses, il « renvoie à l’exécutif le soin de trouver des équilibres budgétaires » faute de « disposer des éléments nécessaires pour construire des alternatives ». Le gouvernement devrait préciser sa feuille de route en juin. Jeudi, le patronat sera reçu à Bercy. Le Premier ministre a d’ores et déjà annoncé que l’allègement de charges pour les entreprises et le crédit d’impôt recherche seraient préservés, sans préciser les niches fiscales auxquelles il compte s’attaquer. Parmi celles envisagées : la TVA réduite pour les restaurateurs. « On peut se poser la question mais je ne retiens pas cette solution, il faut d’abord trouver des économies dans la dépense », commente Vincent Éblé. Et Roger Karoutchi de presser l’exécutif : « Il va falloir qu’on nous dise comment on paie. C’est de l’impôt futur qu’on ne désigne pas aujourd’hui. »

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