Débarqué à l’âge de seize ans dans la capitale, le comédien est originaire de Lorraine où il a grandi jusqu’à ses seize ans. « C’est une région abandonnée, abîmée par la désindustrialisation, mise de côté. Les gens sont cabossés. On ne leur donne jamais la parole. Ils subissent beaucoup, se taisent, puis se fâchent très fort » regrette le comédien. Aujourd’hui, une partie de Laurent Stocker est encore un peu lorraine et cela transparaît dans ses films. « Ce que je garde de cette région, c’est l’âpreté, la dureté. J’ai vu des gens de ma famille effectuer des travaux extrêmement difficiles, dans les mines. Aujourd’hui, j’aime incarner ce genre de rôles au cinéma ou au théâtre ».
La mémoire de la Lorraine ouvrière toujours vive
Et de cette Lorraine natale, Laurent Stocker garde en tête une influence particulière, celle de son grand-père qui lui a donné l’envie de monter sur les planches. « Mon grand-père était très fantasque. Il jouait de la clarinette et de l’orgue du matin au soir alors qu’il ne savait pas lire les notes de musique. C’était un comédien né » évoque-t-il avec une pointe de nostalgie.
Laurent Stocker et la Comédie Française
Après des cours d’art dramatique et le conservatoire, Laurent Stocker devient membre de la Comédie Française en 2001. Un lieu qu’il ne souhaitait pas forcément intégrer au départ. « A l’époque, j’étais au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et pour moi, la Comédie Française c’était le temple classique où il ne fallait pas aller. Je rêvais de faire un théâtre décalé, un peu « underground » » raconte le comédien. Et puis rapidement, Laurent Stocker change d’avis, jusqu’à devenir sociétaire de la Comédie Française en 2004. « La première année, j’ai cru que je ne resterai jamais dans cette institution marquée par l’ordre et la hiérarchie. Et puis, j’ai compris que ce cadre rigide était fait pour être dépassé. Si Molière a créé ce lieu et qu’il existe encore, c’est qu’il a su se renouveler » estime Laurent Stocker.
Mêler cinéma et politique
Si Laurent Stocker a endossé des rôles très divers, il s’est notamment fait remarquer grâce à ses interprétations d’hommes politiques dans des films tel que L’exercice de l’état de Pierre Schoeller en 2011 ou plus récemment dans la série Jeux d’influence sur Arte. Et l’acteur reconnaît qu’il apprécie particulièrement jouer ce genre de rôles : « C’est très plaisant parce que c’est totalement théâtral. Les bons politiques sont d’excellents tribuns même si ce ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées » s’amuse-t-il. D’ailleurs, Donald Trump est un personnage que Laurent Stocker aimerait particulièrement incarner. « Pour le jouer, j’aurais besoin d’un bon coiffeur. Il y aurait plein de séquences drôles à faire sur le décoiffage. L’objectif serait de mettre un peu d’humour dans cette personnalité si complexe et à la fois tragique pour le monde » plaisante le comédien.
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