Quelle sera le visage de la nouvelle Assemblée nationale et par ricochet celui du gouvernement dans un mois ? Officiellement chez Les Républicains, l’objectif d’une victoire lors d’« un troisième tour » est affiché. « Puisque le président Macron a nommé un Premier ministre de droite, donnons-lui une majorité de la droite et du centre, un gouvernement entier de la droite et du centre pour mettre en œuvre le projet de la droite et du centre ! Il a mis un pied dans l'eau... en prenant un Premier ministre de droite... emmenons-le se baigner ! Il se dit en marche, emmenons-le jusqu'au bout du chemin » a scandé la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, lors de du meeting de lancement de la campagne pour les législatives au parc floral de Vincennes.
Baroin : « Je voudrais que nous donnions au pays une majorité de droite et du centre »
C’est un « troisième tour » aussi pour François Baroin, qui après s’être vu successivement Premier ministre de Nicolas Sarkozy puis de François Fillon, se rêve maintenant en chef d’un gouvernement de cohabitation d’Emmanuel Macron. « Je voudrais que nous donnions à la France cette majorité de droite et du centre. Je voudrais que nous donnions au pays une majorité de droite et du centre. Au fond, je voudrais qu’Emmanuel Macron ait la majorité qu’il faut à la France : une majorité sans ambiguïté, sans faux-semblant et non une majorité de circonstances, de rencontres et d’ambitions personnelles » a martelé, samedi, le chef de file des Républicains pour les élections législatives, sans citer les, désormais, anciens LR et actuels ministres : Édouard Philippe, Bruno le Maire et Gérald Darmanin.
Le « contrat avec la nation » des candidats LREM est « inconstitutionnel » selon les LR
Derrière le discours officiel, difficile de voir clair dans les aspirations diverses des élus LR à l’approche des législatives. « Quand on est en campagne électorale, l’objectif, c’est de gagner » résume le sénateur LR de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. « Accepter l’idée de la défaite c’est déjà être vaincu. » a, pour sa part, réagi, l'eurodéputé, Brice Hortefeux sur Public Sénat et Sud Radio.
Hortefeux à propos des législatives : : « On n’est pas dans le déni. Bien sûr qu’on sait que c’est compliqué. »
Pour le moment, les sondages rendent cet objectif plus qu’hypothétique. Une étude Opinionway pour Les Échos, Orpi et Radio classique, place les candidats de la République En Marche en tête avec 27% d’intentions de vote, devant les LR et le FN, tous deux à 20%. LREM récolterait 280 à 300 sièges, soit la majorité absolue. Une majorité en théorie exsangue de frondeurs grâce au « contrat avec la nation » que se sont engagés à signer les candidats investis par le mouvement fondé par Emmanuel Macron. Un document selon lequel le candidat s’engage à voter au Parlement les principales réformes portées par l’exécutif. Une parade « antifrondeurs » dont plusieurs élus LR pointent l’inconstitutionnalité. « Je rappelle qu’en France, il n’existe pas de mandats impératifs pour les parlementaires. C’est contraire à l’article 27 de la Constitution selon lequel : tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel » souligne Philippe Dallier.
Interrogé par le Journal du Dimanche, le Premier ministre Édouard Philippe, voit dans la séquence qui arrive « l'occasion de dépasser quelque chose qui est bloqué ». « Les deux partis qui géraient alternativement la France ont été éliminés dès le premier tour de la présidentielle. La désaffection des Français à leur égard est considérable. Le système partisan français était dans une impasse. C'était inextricable. Le Président a tranché le nœud gordien ». Une analyse de la refondation politique à venir, là encore fortement contestée par les Républicains. Dimanche, le député LR, Éric Woerth a mis en garde contre le danger de la fin du pluralisme. Selon lui, le nouveau Président « cherche à créer un parti unique, c'est d'une grande violence (...) Le parti unique, c'est évidemment dangereux parce qu'il n'y a rien entre ce parti-là et les extrêmes. À un moment donné, il n'y a plus d'alternance possible » a-t-il insisté.
Quid de la coalition « à l’allemande » ?
Si, n’en déplaise à François Baroin, il n’y a pas de cohabitation après le 18 juin, qu’en est-il d’une grande coalition « à l’allemande ». En Allemagne, depuis 2013, la coalition au pouvoir rassemble les deux principaux partis, la CDU chrétienne-démocrate de la chancelière, Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD. C’est ce qu’aimerait voir, le sénateur LR de l’Hérault, le juppéiste, Jean-Pierre Grand. « La cohabitation, ça ne veut rien dire, c’est un message négatif. On doit faire campagne pour son propre parti en vue des législatives. Une fois les élections passées, alors se tiendrait une longue discussion entre la droite et la gauche pour aboutir à une coalition. Là, ça aurait du sens. Les majorités absolues on a vu ce que ça a donné…. On ne peut pas mettre en avant le renouveau, en restant sur les schémas d’hier » fustige le sénateur. Problème. La coalition « à l’allemande » présente un gros défaut aux yeux d’Emmanuel Macron. Elle laisse la part belle aux partis et non aux projets comme il le déplorait en mars sur RTL. « Ma volonté (...) est de construire une nouvelle majorité de projets (…) « La démarche qui est la mienne (…) c'est la dénonciation de l'incohérence profonde sur le plan idéologique des deux grands partis de gouvernement que sont le Parti socialiste et Les Républicains, sur la base desquels se nourrit le Front national »arguait-il. En cas de revers le 18 juin prochain, sa position pourrait-elle changer ?