Législative partielle sous tension à Mayotte: les deux finalistes de 2017 qualifiés
Les deux finalistes de l'élection législative sur la 1ère circonscription de Mayotte en juin 2017 se sont qualifiés pour le second tour de la...
Par Cécile AZZARO
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Les deux finalistes de l'élection législative sur la 1ère circonscription de Mayotte en juin 2017 se sont qualifiés pour le second tour de la partielle organisée dimanche dans un contexte de forte crise sociale, avec un avantage à la députée sortante Ramlati Ali, désormais sans étiquette.
La première femme députée de l'île est arrivée en tête avec 36,15% des voix, devant le candidat LR Elad Chakrina (32,59%), qui avait obtenu mercredi le soutien inédit de la présidente du FN Marine le Pen.
En juin 2017, se présentant alors sous l'étiquette PS (elle a ensuite siégé au sein du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale), Mme Ali avait obtenu au premier tour 16,81% des voix, au coude à coude avec M. Chakrina (16,82%). Le second tour aura lieu dimanche prochain.
Dans un contexte rendu difficile par un mouvement de contestation populaire qui paralyse le territoire depuis près d'un mois, le taux d'abstention s'élève à 69,61%. Un taux toutefois comparable aux législatives partielles organisées ces dernières semaines en métropole.
Dans la soirée, Christophe Castaner, délégué général de LREM, a appelé dans un communiqué "à se mobiliser au second tour et à voter en faveur de Ramlati Ali", arrivée "nettement en tête, confirmant le travail entrepris aux côtés du gouvernement depuis le mois de juin".
Sans lien avec le résultat, les organisateurs du mouvement de contestation populaire ont annoncé dimanche le durcissement du mouvement à partir de lundi, avec "un renforcement des barrages".
Quelques incidents ont émaillé le scrutin, notamment à Mtsamboro (nord-ouest) où, dans deux bureaux de vote, "deux individus ont pris les urnes et sont partis, avant de revenir avec quelques minutes plus tard", a indiqué le maire Harouna Colo à l'AFP. "D'après les présidents des deux bureaux, rien n'a changé dans les urnes," a précisé l'élu.
La préfecture a confirmé que les urnes avaient été brièvement subtilisées mais pas violées. Les voleurs sont en garde à vue.
A Acoua (nord-ouest), les neuf bureaux de vote avaient été bloqués à l'ouverture, parfois fermés avec de la glu, selon la mairie, qui a dépêché les services municipaux pour les dégager.
A Longoni (nord), un journaliste de Mayotte la1ere a indiqué sur Twitter qu'il était "impossible d'atteindre le village".
Dans les 176 bureaux de vote, parfois difficiles d'accès à cause des barrages, l'affluence a été relativement faible. Mais, quoique gréviste, Toilianti Soihili, 26 ans, est venue car "on a le droit de vote, c'est un acte important".
"Comme l'élection a été maintenue, on n'a pas le choix, il faut voter", dit une autre électrice. "Mais vu le contexte, on n'a pas trop le sentiment de faire quelque chose pour l'avenir. C'est juste un devoir, on n'attend rien de particulier", ajoute cette mère de famille.
Son frère, qui habite en dehors de la ville, "voulait aller voter, mais c'est trop dangereux, il n'a pas pu passer".
La plupart des élus et les organisateurs du mouvement avaient demandé le report du scrutin mais le préfet de Mayotte leur a opposé une fin de non-recevoir, assurant que l'État prendrait "toutes les dispositions pour assurer le bon déroulement du scrutin".
Données clés sur l'immigration à Mayotte : nombre de naufrages de migrants, lieu de naissance des habitants de l'île et comparaison du nombre d'expulsions avec la France métropolitaine
AFP
Outre les difficultés de certains électeurs pour accéder aux bureaux de vote, les élus avaient fait valoir que les conditions de sécurité n'étaient pas garanties et ont souligné les difficultés de campagne des candidats.
- Appel au boycott -
Fiche sur le 101e département français
AFP
Un porte-parole du mouvement social, Salim Nahouda, avait appelé la population à boycotter le scrutin.
Ahamada Haribou, directeur général adjoint des services à la mairie de Mamoudzou, a souligné que "beaucoup d’électeurs votent à Mamoudzou mais habitent hors Mamoudzou".
Dans ce contexte particulier, les électeurs devaient choisir entre huit candidats, dont les deux finalistes de juin.
L'élection de Ramlati Ali a été annulée le 19 janvier après un recours de son opposant, l'avocat Elad Chakrina, le Conseil constitutionnel ayant considéré que, eu égard au "faible écart de voix" entre eux, "la sincérité du scrutin (avait) été altérée".
Mme Ali a été mise en examen le 14 février pour complicité de fraude électorale dans une affaire de procurations litigieuses lors du précédent scrutin. Ayant fait appel, elle s'est représentée sans étiquette.
Alors que la présidente du FN Marine le Pen avait appelé à voter pour le candidat LR, démarche inédite pour le parti d'extrême droite, les Républicains se sont désolidarisés de ce soutien.
"Je tiens à préciser que je ne partage pas les idées du Front national (...) Je note juste que Mme Le Pen fait le constat de ce qui se passe à Mayotte", avait déclaré Elad Chakrina à l'AFP.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.