Le Sénat vote le budget pour les Outre-mer

Le Sénat vote le budget pour les Outre-mer

La Haute assemblée a adopté jeudi le budget du ministère des Outre-mer pour 2021. La crise sanitaire a fortement fragilisé des territoires déjà défavorisés. Le ministre a par ailleurs annoncé la levée partielle des restrictions sanitaires pour la Martinique.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Dans un contexte particulier de crise sanitaire et économique, les sénateurs ont voté jeudi les crédits de la mission pour les Outre-mer dans le cadre du projet de loi de finances 2021. Comme le rappelle le rapporteur spécial de la commission des finances, Georges Patient (LREM), « la situation économique en Outre-mer apparaît bien plus défavorable qu’en métropole, le PIB par habitant et près d’1,5 fois supérieur dans l’hexagone qu’en Guyane et près de 3 fois plus élevé qu’à Mayotte ». Selon l’Insee, Le taux de pauvreté monétaire (seuil à 60 %) des départements d’Outre-mer est deux à cinq fois plus élevé qu’en France métropolitaine.

Les effets de la pandémie n’en sont que plus alarmants souligne le sénateur de Guyane qui alertait en mai dernier sur un possible « krach financier » pour les collectivités d’Outre-mer en proie à des pertes fiscales majeures (lire ici). A l’Assemblée nationale, où le budget a été voté le 5 novembre, un amendement du gouvernement engage 30 millions d’euros sur trois ans pour accompagner les communes en difficultés financières qui s’engageront, sur la base du volontariat, à des efforts de redressement.

Martinique : un déconfinement partiel

La situation sanitaire évolue différemment selon les collectivités, et c’est la raison pour laquelle le ministre des Outre-mer a annoncé pour la Martinique la levée des restrictions de déplacement dès le 8 décembre avec le maintien d’un couvre-feu pendant la nuit. « Si les indicateurs continuent à évoluer favorablement, les restaurants pourront rouvrir aux alentours du 15 décembre prochain », a-t-il également précisé.

L’enjeu des crédits de paiement non-consommés

L’enveloppe de son ministère augmente cette année de 2,5 % en crédits de paiement à 2,43 milliards, par rapport à 2020. « Entre les mesures d’urgence qui représentent 4,5 milliards d’euros pour les Outre-mer, le 1,5 milliard d’euros socle, et non pas plafond, du plan de relance et les crédits du plan de relance européen se sont plus de 7 milliards d’euros supplémentaires qui seront à disposition entre 2020 et 2023 », affirme Sébastien Lecornu.

Néanmoins les crédits propres au logement connaissent une baisse de 5 millions d’euros, soit une baisse de 2,74 %, justifiée par une « sous-consommation » des crédits de paiement faute notamment d’ingénierie locale. La sous-exécution importante de ces budgets constitue une « question centrale et récurrente », soulève Georges Patient qui, avec son collègue de l’Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve, a rendu un rapport en décembre dernier pour soutenir les communes des départements et régions d’Outre-mer.

Le ministre a reconnu une part de responsabilité de l’Etat dans la sous-consommation de ces crédits mais pointe « le rôle des porteurs de projets ». L’ancien ministre des Outre-mer, Victorin Lurel (PS), insiste : le gouvernement ne peut pas se défausser sur les collectivités. Lui qui a, en vain, déposé un amendement sur le sujet souligne pour la seule année 2019 on compte « 191 millions d’euros non consommés : avec 7,4 % d’écart entre programmation et exécution ».

Hôpitaux : « On meurt à la Martinique faute de soins, faute de médecins »

Sébastien Lecornu a vivement été interpellé sur la situation sanitaire à la Martinique par la socialiste Catherine Conconne. « Les conditions d’accueil et l’accès à la santé sont indignes. On meurt à la Martinique faute de soins, faute de médecins. Un plan santé est nécessaire. Les promesses de longue date n’ont pas été tenues, des budgets n’ont jamais été exécutés pour l’hôpital de Trinité », a-t-elle dénoncé en appelant le ministre à prendre à bras-le-corps le sujet de l’hôpital et de l’accès aux soins dans son département (lire notre article)

Renforcement de l’aide à la continuité territoriale funéraire

Un amendement du gouvernement modifie l’aide à la continuité territoriale pour se rendre à des obsèques. « La limitation au parent au premier degré réduit fortement l’amplitude de la mesure », constate-t-il. Les conditions de versement de l’aide sont aussi étendues dans le temps pour permettre aux Ultramarins de se rendre au chevet de leur parent avant le décès. Un amendement déposé par le sénateur de la Polynésie française, Teva Rohfritsch, « ouvre également le dispositif de continuité territoriale funéraire aux frères et sœurs du défunt, jusqu’alors réservé aux parents et enfants ».

« Je vais prendre un arrêté pour doubler le plafond » de ressources qui s’élève aujourd’hui à 6 000 euros, a aussi annoncé le ministre des Outre-mer concernant, cette fois, l’aide à la continuité territoriale funéraire. Ce dispositif, mis en place en 2018, permet la prise en charge d’une partie du titre de transport du corps vers son territoire d’origine afin d’y être inhumé́. Mais du fait des critères d’éligibilité cette aide est « inopérante », selon le sénateur de la Martinique, Maurice Antiste. En plus du relèvement du plafond de ressources, son amendement proposait également de « réformer les conditions de résidence qui ne permettent pas à̀ un Ultramarin résidant en hexagone depuis plusieurs années de bénéficier du dispositif ». Il n’a pas été adopté.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Le Sénat vote le budget pour les Outre-mer
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Le Sénat vote le budget pour les Outre-mer
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le