Le Pen et Dupont-Aignan scellent leur alliance controversée

Le Pen et Dupont-Aignan scellent leur alliance controversée

Marine Le Pen a scellé samedi son union avec Nicolas Dupont-Aignan, en lui promettant Matignon si elle gagnait la présidentielle,...
Public Sénat

Par Isabelle CORTES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Marine Le Pen a scellé samedi son union avec Nicolas Dupont-Aignan, en lui promettant Matignon si elle gagnait la présidentielle, une alliance inédite critiquée par Emmanuel Macron et dénoncée par plusieurs responsables de droite comme "une trahison".

A huit jours du second tour de l'élection présidentielle, la candidate du Front national a vanté une "grande alliance patriote et républicaine qui incarne la recomposition que le pays attend", lors d'une conférence de presse commune avec le président de Debout La France.

"Présidente de la République, je nommerai Nicolas Dupont-Aignan Premier ministre de la France, appuyé par une majorité présidentielle cohérente", a aussi promis Mme Le Pen au lendemain de l'annonce de son soutien par ce souverainiste.

M. Dupont-Aignan, sixième au premier tour avec 4,70% des voix, a parlé d'"un jour historique" et récusé tout "ralliement" stricto sensu de son parti DLF. Il prendra la parole dès lundi à Villepinte, à l'occasion d'un grand meeting de Mme Le Pen.

L'accord conclu entre les deux comporte six "engagements" avec certains ajustements au programme du FN, notamment sur l'euro pour affirmer que "la transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique".

Pas d'évolution prévue en revanche sur la "priorité nationale", mesure cardinale pour le parti d'extrême droite.

Cette alliance est un signal envoyé à l'électorat de droite pour Mme Le Pen, dont la formation est souvent considérée comme isolée, mais aussi un tournant dans le parcours de M. Dupont-Aignan, ancien du RPR qui ne cesse d'invoquer le général de Gaulle et qui a sévèrement critiqué, encore ces derniers mois, les "excès" du FN et de son "arrière boutique".

A Yerres (Essonne), dont le maire est M. Dupont-Aignan, 200 à 250 personnes, selon une source policière, ont protesté contre cette alliance en manifestant devant la mairie. Deux vice-présidents de DLF ont démissionné pour marquer leur désaccord avec ce rapprochement avec le FN.

Outre l'ex-Premier ministre PS Manuel Valls, plusieurs responsables de droite ont crié à "la trahison" du souverainiste, la jugeant notamment contraire à la tradition gaulliste. "Une imposture", a dénoncé le président du Sénat et du comité politique de LR Gérard Larcher.

- 'Safari ruralité' -

"Nicolas Dupont-Aignan montre son vrai visage", a déclaré l'ancien président de l'Assemblée et secrétaire général de LR Bernard Accoyer, appelant ses ex-électeurs à rejoindre Les Républicains et ses candidats aux législatives à se retirer.

"J'entends des ténors qualifier mon alliance avec de trahison, alors même qu'ils se sont tous soumis à ! Pitoyables", a tweeté M. Dupont-Aignan.

Favori dans les sondages pour le second tour, M. Macron a épinglé samedi la "combine" de Mme Le Pen avec M. Dupont-Aignan, destinée, selon lui, à régler les "problèmes de crédibilité" de la candidate FN et de "financement" de son allié souverainiste.

Le candidat d'En Marche!, en visite dans une exploitation agricole d'Usseau (Vienne), a aussi affirmé que le projet de sa rivale "rendra plus difficile" le quotidien des agriculteurs notamment par la "fermeture des frontières". Un déplacement qualifié de "safari ruralité" par le FN.

Le maire de Bordeaux Alain Juppé a de nouveau appelé les électeurs à voter pour l'ancien ministre de l'Économie, "le seul le 7 mai à pouvoir éviter à la France le malheur du FN", sans pour autant leur demander d'adhérer à sa personne et à son programme. Même soutien nuancé de Nicolas Hulot, qui votera "sans hésitation" pour M. Macron mais ne lui signe "en aucun cas un chèque en blanc", dans une tribune au Monde.

Depuis Bruxelles, où il assistait à son dernier sommet européen, François Hollande a estimé que le second tour serait "un choix" pour ou contre l'Europe et accusé le FN de "masquer son projet de sortir" de la zone euro.

Il a également mis en garde contre le "risque majeur" de voir Marine Le Pen accéder à l’Élysée. "Ça ne devrait pas être un sujet de discussion pour les forces républicaines: on prend le bulletin Macron et on considère que c'est le bulletin qui empêche l'extrême droite" d'arriver au pouvoir, a insisté le président sortant.

Désormais hors course, le candidat de la droite François Fillon a pour sa part publié une lettre à ses soutiens pour les "remercier". "Lorsque la tempête soufflait, vous étiez encore là", a-t-il notamment rappelé.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le