Le partage des terres, un sujet ultra-sensible qui s’est apaisé en Nouvelle-Calédonie
Jadis au coeur du conflit entre Kanak et "Caldoches" en Nouvelle-Calédonie, la répartition des terres est, à la veille du référendum sur l...
Par Claudine WERY
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Jadis au coeur du conflit entre Kanak et "Caldoches" en Nouvelle-Calédonie, la répartition des terres est, à la veille du référendum sur l'indépendance du 4 novembre, un sujet qui s'est apaisé grâce à la restitution de milliers d'hectares aux clans autochtones.
Attablé sur sa terrasse en béton à deux pas de la plage, Bernard Lepeu se souvient "qu'aux alentours de 1978", il avait avec son frère réservé un accueil picaresque à Paul Dijoud, alors secrétaire d'Etat aux Dom-Tom, en visite dans sa tribu de Wagap à Poindimié (côte est).
Attablé sur sa terrasse en béton à deux pas de la plage, Bernard Lepeu se souvient "qu'aux alentours de 1978", il avait avec son frère réservé un accueil picaresque à Paul Dijoud, alors secrétaire d'Etat aux Dom-Tom, en visite dans sa tribu de Wagap à Poindimié (côte est).
AFP
"C'est lui qui a initié la première réforme foncière. On lui a donc remis une lettre incendiaire puis on a enroulé un bout d'étoffe autour de sa taille, symbole de revendication chez les Kanak. Il était en furie", se souvient ce gaillard blagueur.
Accaparées par les missionnaires et les colons au XIXe siècle, les terres de Wagap étaient réclamées par ses propriétaires originels.
Lors des événements des années 1980, une quasi guerre-civile entre indépendantistes et pro-français qui a fait plus de 70 morts, la revendication foncière deviendra un marqueur du combat des Kanak. Ils exigent le rétablissement "du lien à la terre" alors que des milliers d'hectares leur ont été confisqués durant la colonisation.
"Nos terres sans condition" est un slogan qui revient en boucle et se traduit sur le terrain par des agressions, des massacres de bétail, incendies et des expulsions musclées d'éleveurs blancs. Sous la pression, la réforme foncière progresse.
"Au milieu des années 1980, l'État a racheté nos terres aux colons. L'un d'eux a été blessé par balles par des jeunes kanak échauffés et le clan Waka des six tribus de la région a récupéré environ 900 hectares", poursuit Bernard Lepeu.
Président de la Chambre d'agriculture, Gérard Pasco appartient à ces familles d'européens chassées de leur propriété.
Président de la Chambre d'agriculture, Gérard Pasco appartient à ces familles d'européens chassées de leur propriété.
AFP
"Mes beaux parents ont été molestés, leur maison brûlée, leur bétail tué", rapporte encore ému cet agriculteur, militant du dialogue et de la réconciliation entre communautés, consacrés par les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998).
Lorsqu'en début d'année, "des revendications confuses et spontanées" ont refait surface en plusieurs points, suscitant l'inquiétude des "broussards", il s'est empressé de calmer les esprits. "On ne veut plus se tirer dessus".
- "Rassurer tout le monde" -
Le 3 juillet, Gérard Pasco entouré d'une délégation d'agriculteurs a rencontré le président du Sénat coutumier, Paul Sihazé, "pour mettre les choses à plat".
Photo prise sur la propriété de Gérard Pasco, nouveau président de la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Calédonie
AFP
"Depuis la prise de possession (1853), il n'y avait pas eu, à ma connaissance, de véritable échange entre les Kanak et les Broussards. C'était historique", se félicite-t-il.
Après le référendum, une commission de travail doit être créée pour que la Chambre d'agriculture contribue à la mise en valeur des terres restituées, dont beaucoup sont en friche.
"Dans la région de Ponérihouen (côte est), on compte 20.000 hectares sur lesquels il n'y a rien", explique M. Pasco, qui a engagé une première démarche de partenariat dans le village de Canala.
Le drapeau du Front de liberation nationale kanak socialiste (FLNKS) enroulé autour d'une sculpture dans une ancienne ferme de Poindimie
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En une quarantaine d'années depuis 1978, 160.000 hectares ont été restitués, dont 130.000 de terres privées rachetées par l'Adraf (Agence de développement rural et d'aménagement foncier de l'État) pour une somme totale de 6 milliards CFP (50 millions d'euros).
Soumis au régime des quatre "i", le foncier coutumier kanak est inaliénable, incessible, insaisissable et incommutable, et est attribué à des entités à cheval entre droit commun et droit coutumier, les GDPL (Groupement de droit particulier local), rassemblant les clans propriétaires.
Augustin Hidele de la tribu Wagap travaille sur une parcelle mise à la disposition de projets de recherche agronomique, à Poindimie
AFP
"Grosso modo sur la Grande-Terre, il y a 290.000 hectares de terres privées et 320.000 hectares de terres coutumières. C'est pour cela que je pense que la réforme est finie, qu'on est arrivé à un équilibre", observe Nicolas Metzdorf, membre du gouvernement en charge de l'agriculture et de l'élevage et fils de broussard.
"La terre reste un clou dans la chaussure entre les Européens et les Kanak. Il faut lister les terres qui sont encore à revendiquer et puis que ça s'arrête pour rassurer tout le monde", préconise-t-il.
Selon l'historien Joël Dauphiné, en 1914, 61 ans après la prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie, où ils étaient alors les seuls habitants, les Kanak ont vu leur territoire réduit à 8% de la superficie de l'île.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.