Le gouvernement s’étoffe avec Delevoye aux retraites et Djebbari aux transports
Le gouvernement s'est élargi mardi avec les nominations de Jean-Paul Delevoye, qui défendra politiquement la réforme des retraites, et du député...
Par Jérôme RIVET
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Le gouvernement s'est élargi mardi avec les nominations de Jean-Paul Delevoye, qui défendra politiquement la réforme des retraites, et du député Jean-Baptiste Djebbari qui hérite du portefeuille des Transports.
Au total, 37 membres du gouvernement - 19 hommes et 18 femmes - assisteront mercredi au séminaire gouvernemental qui marque la rentrée autour d'Emmanuel Macron et Édouard Philippe.
Avec ces deux nominations, le nombre d'hommes au gouvernement redevient majoritaire après avoir, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, penché au bénéfice des femmes après la démission le 17 juillet du ministre de la Transition écologique François de Rugy, remplacé par Elisabeth Borne, qui conserve aussi les Transports dans son périmètre.
La promotion à l'âge de 72 ans de Jean-Paul Delevoye n'est pas une surprise. Son entrée au gouvernement va lui permettre d'"écrire la future loi" réformant les régimes de retraites, puis de la présenter en Conseil des ministres, où il pourra désormais siéger, et enfin de la défendre devant le Parlement.
Comme pour Martin Hirsch en 2007, il conserve le poste de haut-commissaire à la réforme des retraites, qu'il occupe depuis septembre 2017 auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, déjà mobilisée sur de nombreux fronts (projet de loi de bioéthique, crise des urgences,...).
A ce titre, l'ancien ministre chiraquien avait remis mi-juillet au Premier ministre le rapport qui lui avait été commandé. Il y préconise l'instauration d'un "système universel" par points remplaçant les 42 régimes actuels et un âge de 64 ans pour une retraite à taux plein.
Il retrouvera dès jeudi les partenaires sociaux, sur fond de cacophonie gouvernementale notamment sur "l'âge pivot" à 64 ans et l'agenda de la réforme.
La semaine dernière, Emmanuel Macron avait cependant annoncé sa préférence pour une modulation de la durée de cotisation plutôt que de l'âge de départ.
"Jean-Paul Delevoye porte depuis trois ans la réforme des retraites, il est naturel qu'il poursuive ce projet au sein du gouvernement. Il a montré une très grande écoute des partenaires sociaux, qui correspond à la méthode de travail voulue pour l'acte II" du quinquennat, précise l'Elysée.
- "Logique" -
Dans un entretien à La Voix du Nord, cet habile négociateur, ancien ministre de la Fonction publique (2002-2004), a salué dès mardi matin "la confiance que (lui) montre le président par (sa) nomination", devançant l'annonce de l'Elysée.
Il indique qu'il restera "l'interlocuteur privilégié des partenaires" sociaux sur ce dossier hautement explosif et prioritaire pour la deuxième moitié du quinquennat.
"Je garde la même équipe, le même lieu, pour être l'interlocuteur privilégié des partenaires et écrire la future loi", précise Jean-Paul Delevoye, qui assure "n'avoir rien revendiqué".
"Nous sommes dans le même couloir, son bureau est à côté du mien, nous nous voyons tous les jours", avait souligné Mme Buzyn fin août, estimant qu'il n'y aurait "pas de changement" à ce fonctionnement si M. Delevoye entrait au gouvernement.
La nomination de ce vieux loup de mer intervient deux jours après une réunion à Matignon, où sont attendus les partenaires sociaux pour un nouveau round de concertation.
Édouard Philippe doit préciser à cette occasion le calendrier et la méthode de la réforme, alors qu'Emmanuel Macron a indiqué fin août qu'il "préfère un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge".
Le député LREM de la Haute-Vienne, Jean-Baptiste Djebbari à Saint-Junien, le 13 juin 2017
AFP/Archives
Âgé de 37 ans, Jean-Baptiste Djebbari, rapporteur de la réforme de la SNCF en 2018, hérite lui du portefeuille des Transports pour épauler la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne.
"En tant que spécialiste des transports et porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée, il incarne le renouvellement et pourra porter l’accélération de la transition écologique, priorité de l'acte II", fait valoir l'ELysée.
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