Le controversé Steve Bannon en vedette du congrès de “refondation” du FN

Le controversé Steve Bannon en vedette du congrès de “refondation” du FN

Le 16e congrès du Front national a ouvert ses portes samedi à Lille avec la présence inattendue de l'ex conseiller de Donald Trump Steve Bannon,...
Public Sénat

Par Anne RENAUT

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le 16e congrès du Front national a ouvert ses portes samedi à Lille avec la présence inattendue de l'ex conseiller de Donald Trump Steve Bannon, qui va expliquer comment "la victoire est possible" pour le parti d'extrême droite, avant que Marine Le Pen ne propose dimanche un nouveau nom pour un parti devenu "adulte".

Steve Bannon, incarnation de la droite américaine la plus dure, qui a dirigé la campagne présidentielle de Donald Trump dans la dernière ligne droite avant de devenir son conseiller à la Maison Blanche, doit intervenir samedi en fin d'après-midi.

"Il va nous expliquer que la victoire est possible", a justifié Sébastien Chenu, porte-parole du FN, interrogé sur la venue de cette personnalité américaine influente et controversée, annoncée vendredi soir par le vice-président du parti Louis Aliot.

Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le qualifiant de "roi des Fake news et des suprémacistes blancs", a estimé qu'avec M. Bannon le FN allait peut-être changer "de nom, mais pas de ligne politique".

C'est une visite "paradoxale" qui n'est "pas exactement la définition de la +dédiabolisation+" lancée depuis 2011, a commenté le cofondateur du FN Jean-Marie Le Pen. L'ancien président du parti, exclu par sa fille pour ses propos polémiques sur la Shoah, a avoué sa "sympathie" pour M. Bannon lors d'une séance de dédicace de ses mémoires à Paris.

- Un parti 'adulte' -

Le conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, Steve Bannon, est l'invité surprise du congrès du FN à Lille. Photographié le 5 décembre 2017 à Fairhope, Alabama
Le conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, Steve Bannon, est l'invité surprise du congrès du FN à Lille. Photographié le 5 décembre 2017 à Fairhope, Alabama
GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Ce congrès doit parachever la refondation du FN engagée par Marine Le Pen depuis qu'elle en est devenue présidente en 2011, en vue des élections européennes l'an prochain où elle croit à une victoire des populistes comme en Italie.

"Le Front national est devenu adulte. (...) Il est passé d'un parti d'abord de protestation dans sa jeunesse, puis d'un parti d'opposition à un parti de gouvernement", a déclaré vendredi Mme Le Pen.

"Changer le nom, c'est une des manières de le faire savoir", a ajouté la finaliste de la présidentielle, battue par Emmanuel Macron après avoir engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour.

A l'entrée du Grand palais de Lille, Sarah Fert, enseignante de 26 ans venue de Rouen, pense qu'il faut "repartir sur d'autres bases". "On sort d'une grande période électorale, il est temps de refédérer" le parti.

Le changement de nom a été validé par une "courte majorité" de militants, a affirmé Mme Le Pen, qui proposera dimanche une nouvelle appellation avant de la soumettre à un vote des militants.

Mais Jean-Marie Le Pen met en doute ce résultat, et un cadre frontiste a dit avoir eu écho d'une "courte majorité +contre+ le principe d'un changement de nom".

Pour le responsable des jeunes au FN, Gaëtan Dussausaye, il faut "ravaler sa fierté" et changer de nom car "la marque FN est encore un blocage pour les électeurs".

- 'Trou d'air' -

"J'ai toujours préféré le mot nation au mot patrie", confie Marine Le Pen, qui trouve "ringard" le terme "patriotes", pris par son ancien conseiller Florian Philippot pour son propre parti. Elle ne veut plus de "front", trop "militaire".

Marine Le Pen, dont l'image s'est dégradée depuis la présidentielle selon de récents sondages, estime qu'il n'y a "rien d'étonnant" à subir "un trou d'air" après sept années "d'expansion" pour son parti.

Après son débat "raté" entre les deux tours face à Emmanuel Macron, certains militants se demandent si elle a encore la capacité à diriger le parti.

Elle-même instille le doute, jurant qu'elle "n'a pas terminé (son) travail" mais qu'elle ne va pas "s'éterniser" à son poste et qu'elle est prête à le céder à un successeur "mieux placé".

Depuis la présidentielle, elle a subi deux grandes défections: sur sa gauche, celle du souverainiste Florian Philippot, qui fustige un congrès "de liquidation", et sur sa droite, la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen.

Marine Le Pen et sa nièce Marion Marechal-Le Pen en février 2010 à Paris
Marine Le Pen et sa nièce Marion Marechal-Le Pen en février 2010 à Paris
AFP

Très appréciée dans le parti, l'ex-députée a fait un retour remarqué devant les ultra-conservateurs américains le mois dernier, mais n'est pas attendue à Lille. Steve Bannon l'a qualifiée en 2016 de "nouvelle étoile montante" de l'extrême droite.

Marine Le Pen a aussi essuyé des coups de son père, qui conteste sa ligne. Mais ce dernier a renoncé à un dernier coup d'éclat et n'ira pas au congrès --une première pour lui--, où il sera déchu de sa présidence d'honneur.

Dans la même thématique

Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, pendant le vote de la motion de censure contre Michel Barnier.
3min

Politique

Sondage : après la motion de censure, Marine Le Pen toujours en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle

Une semaine après la censure du gouvernement Barnier par la gauche et le Rassemblement national, un sondage Ifop pour Le Figaro Magazine et Sud Radio révèle que Marine Le Pen améliorerait son score au premier tour de l’élection présidentielle. En fonction des candidats face à elle à gauche et chez les macronistes, elle recueille entre 36 et 38 % des intentions de vote.

Le

Le controversé Steve Bannon en vedette du congrès de “refondation” du FN
3min

Politique

La consultation des partis à l’Élysée marque « le retour de l’UMPS », estime Thomas Ménagé (RN)

Emmanuel Macron a réuni mardi les responsables de plusieurs partis politiques à l’Élysée pour les consulter avant la nomination d’un nouveau Premier ministre pour remplacer Michel Barnier. Pour le député RN Thomas Ménagé, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi, cet échange marque « le retour de l’UMPS » sous la forme d’un « parti unique qui va du PS jusqu’à Laurent Wauquiez ».

Le

Le controversé Steve Bannon en vedette du congrès de “refondation” du FN
4min

Politique

Archive. Quand Jean-Luc Mélenchon justifiait les bombardements sur les rebelles syriens

Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.

Le