Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Après Brexit : « Soit les Britanniques s’alignent sur nos normes, soit l’Union, leur sera fermée », selon Yves Bertoncini
Par Hugo Ruaud
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Le 31 décembre dernier, à minuit, le droit de l’Union européenne a cessé de s’appliquer au Royaume-Uni. Ce fut long, parfois laborieux, mais les deux parties ont finalement trouvé un terrain d’entente pour entériner leur divorce, tout en évitant un « no deal ». Presque cinq ans après le référendum remporté par le « non », le Brexit est devenu effectif. La récente tension entre Paris et Londres concernant la pêche aux abords de Jersey vient le rappeler : le Royaume-Uni a bel et bien tourné le dos à l’Europe. Pour se concentrer sur le Commonwealth et recréer du lien avec les pays anglophones ? « Les ex-colonies et les anciens dominions vont jouer un jeu important, surtout les pays émergents, en particulier l’Inde » explique Marc Roche, journaliste correspondant à Londres. « Cela fait partie du mythe impérial que le Royaume-Uni tente de ressusciter » selon Yves Bertoncini, président de Mouvement Européen. Mais la place du pays au sein du Commonwealth reste à redéfinir, à l’heure où la Grande-Bretagne a perdu en prestige et en influence. « On n’est plus au temps de la colonisation, et l’Inde est aujourd’hui plus intéressée par l’Europe car le marché est plus grand. Les Britanniques essayent de négocier des accords commerciaux, mais pour l’instant on ne voit pas venir grand-chose » conclut-il, sceptique.
Diversifier ses partenaires : la stratégie du triptyque
Pour Marc Roche, la situation est plus nuancée. Si le Royaume-Uni va bien tenter d’établir ou de renouveler ses relations avec ses partenaires d’antan, il va avant tout essayer de jouer sur plusieurs tableaux en même temps : « La stratégie du Commonwealth va parallèlement avec une stratégie pro américaine et bien sûr de rester proche de l’Europe. C’est un triptyque : Etats-Unis, Europe, Commonwealth ». Un plan de route qui peut sembler sinueux et paradoxal, mais qui s’explique très bien par la personnalité et l’opportunisme politique de Boris Johnson, qui veut satisfaire son électorat tout en sachant qu’il ne peut se permettre de se couper du monde : « Boris Johnson est nationaliste dans les bastions brexiters du Nord et des Midlands, et cosmopolite dans le Sud des services et des populations un peu plus éduquées » explique Marc Roche.
« Le Royaume-Uni reste un pays européen »
Derrière le symbole fort que représente le Brexit, le Royaume-Uni devrait donc tout faire pour ménager l’Europe et continuer d’entretenir des relations fortes avec le vieux continent, c’est en tout cas dans ses intérêts : « Le Royaume-Uni est totalement lié à l’Union européenne. Militairement, diplomatiquement, et évidemment économiquement : c’est son premier partenaire commercial. Mais le Royaume-Uni reste un pays européen, où vivent énormément d’Européens ». Revient alors une question : pourquoi avoir quitté l’Union européenne si les liens entre les deux ensembles perdureront inévitablement ? Avant tout pour une question de souveraineté, bien sûr. L’argument phare des « Brexiters » était la volonté de laisser les Britanniques définir leurs propres règles, leurs propres normes, plutôt que de les voir décidées à Bruxelles ou à Strasbourg. Mais selon Yves Bertoncini, ce sera toujours le cas : « Désormais, soit ils s’alignent sur nos normes, soit ils s’en éloignent trop et à ce moment-là il y aura des conséquences, et l’Union européenne, son plus grand marché, lui sera fermé ». Difficile dès lors de considérer cela comme une souveraineté retrouvée.
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