Laïcité : Sarah El Haïry « extrêmement choquée » par la campagne sur le hijab
Invitée de Public Sénat, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, a estimé que la campagne polémique autour du hijab, diffusée par le Conseil de l’Europe, contrevenait au principe de la laïcité tel qu’appliqué en France. Elle a tenu à faire le distinguo entre croyance et prosélytisme.

Laïcité : Sarah El Haïry « extrêmement choquée » par la campagne sur le hijab

Invitée de Public Sénat, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, a estimé que la campagne polémique autour du hijab, diffusée par le Conseil de l’Europe, contrevenait au principe de la laïcité tel qu’appliqué en France. Elle a tenu à faire le distinguo entre croyance et prosélytisme.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

À la demande de la France, le Conseil de l’Europe a retiré des réseaux en début de semaine la campagne lancée quelques jours plus tôt pour promouvoir la diversité, autour du slogan : « La liberté dans le hijab ». Sur les visuels de cette campagne, plusieurs jeunes femmes apparaissaient avec une partie du visage voilée, accompagnées du slogan : « La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab ». La polémique autour de ces images s’est invitée jusque dans l’hémicycle du Sénat où le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été interpellé par la sénatrice LR Valérie Boyer en milieu de semaine. « J’ai été extrêmement choquée par cette campagne », a réagi vendredi, sur le plateau d’« Extra Local », l’émission de Public Sénat, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement Sarah El Haïry.

« Je lutterai toujours contre les discriminations qui peuvent exister, mais ce n’est pas le résultat de la campagne », estime cette responsable gouvernementale. « Elle utilise un symbole religieux, le hijab, illustre le fait que ce voile est un objet communautaire et en fait la promotion. C’est contraire aux positions de la France, aux positions que nous défendons dans toutes les institutions internationales », martèle Sarah El Haïry. « Ce n’est plus la liberté de religion qui est défendue, mais un symbole religieux. »

« Ma grand-mère était une femme libre et portait le voile »

Pour autant, peut-on être une femme libre et porter le voile ? « Absolument ! », répond la secrétaire d’État. « Ma grand-mère était une femme libre et portait le voile. Il ne faut pas instrumentaliser ou pervertir la laïcité. La laïcité ne combat pas la croyance, elle pose juste une règle : la loi de la République est au-dessus de tout », soutient Sarah El Haïry.

« La laïcité régente la neutralité des agents publics, elle pose le fait qu’il y a des endroits que l’on sacralise, comme l’école où l’on accompagne l’esprit critique. Les signes religieux n’y ont donc pas leur place. Mais elle permet également de protéger celles et ceux qui portent des signes religieux dans l’espace public, que ce soit une croix, un voile ou une kippa », développe l’ex-députée de Loire-Atlantique.

Mercredi, en marge d’une audition au Sénat consacrée au budget 2022, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a estimé que « l’incident n’était pas clos », pointant le fait que « des structures qui ne vont pas dans le sens des valeurs de la République réussissent à s’insinuer dans des institutions parmi les plus importantes ». Un peu plus tôt, Jean-Yves Le Drian avait indiqué aux sénateurs que cette campagne avait été conçue par « des membres de la société civile » dans le cadre d’un atelier organisé par le Conseil de l’Europe contre les discriminations.

» Lire aussi : Comment fonctionne le Conseil de l’Europe

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Emmanuel Macron Receives Malaysia’s PM Anwar Ibrahim
9min

Société

Lutte contre l’entrisme des Frères musulmans : Emmanuel Macron souhaite une loi « à la fin de l'été »

Emmanuel Macron a annoncé lundi soir, à l’issue d’un conseil de défense consacré à l’influence de la confrérie des Frères musulmans en France, un élargissement des sanctions financières contre les structures accusées de pratiquer « l’entrisme » islamistes. Le chef de l’Etat espère qu’un nouveau texte législatif pourra entrer en vigueur avant 2026. Au Sénat, les élus qui ont travaillé sur ce sujet réclament des mesures qui concernent davantage « le quotidien », mais aussi des dispositifs européens.

Le

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Laïcité : Sarah El Haïry « extrêmement choquée » par la campagne sur le hijab
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le