C’est l’un des objectifs affirmés par le président de la République pendant l’été 2017 dans le domaine numérique : faire de la France l’un des leaders dans l’intelligence artificielle. Distancée dans cette course technologique par les États-Unis et la Chine, la France cherche à accroître son attractivité. Ce jeudi après-midi, le chef de l’État doit préciser le niveau de ses ambitions en annonçant une série de mesures pour favoriser le développement dans ce secteur d’avenir.
C’est au Collège de France, dans le cadre du colloque sur « l’intelligence artificielle au service de l’humanité », qu’il s’exprimera, accompagné du ministre de l’Économie Bruno Le Maire et du secrétaire d’État chargé du numérique Mounir Mahjoubi.
Plusieurs grandes entreprises étrangères sur le point de s’implanter sur le sol français
Dès hier, plusieurs chercheurs internationaux ont été reçus à l’Élysée. L’opération n’est pas sans rappeler le sommet « Choose France » organisé à Versailles au mois de janvier pour convaincre les groupes étrangers de s’implanter et de se développer dans l’Hexagone. Emmanuel Macron pourrait évoquer dans son discours les projets qui se concrétisent actuellement en France.
La veille, le géant coréen Samsung a annoncé qu’il installerait son troisième centre de recherche en France, après la Corée du Sud et les États-Unis. Le japonais Fujitsu a précisé lui qu’il accélérait sa présence sur son site français. En janvier, Google a annoncé qu’il ouvrait son centre de recherche et développement en Île-de-France : mercredi, la firme californienne a officialisé son premier recrutement.
Le discours présidentiel est un événement concomitant avec la remise mercredi du rapport conduit par le député (LREM) Cédric Villani. Le mathématicien dresse une série de pistes et de recommandations pour que la France soit à la pointe de l’intelligence artificielle. L’élu de l’Essonne invite à se concentrer sur quatre grands secteurs : l’application dans le domaine de la santé (c’est d’ailleurs l’objet d’un déplacement d’Emmanuel Macron ce matin à l’Institut Curie), l’environnement, le transport et la défense.
Les travaux de la mission de Cédric Villani abordent divers points, de la gestion des données, « matière première » pour l’intelligence artificielle, aux impacts sur l’emploi, en passant par l’encadrement des algorithmes et des technologies comme les objets connectés ou le véhicule autonome. Autant de questions qui avaient fait l’objet d’un précédent rapport, dans le cadre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Doublement du salaire des jeunes chercheurs ?
Parmi ses recommandations les plus fortes, le député de l’Essonne propose de « doubler » les salaires des chercheurs en début de carrière pour réduire l’écart avec certains pays. « On préconise un encouragement à la recherche fondamentale », nous expliquait au mois de juillet la sénatrice Dominique Gillot.
Cette ambition sur la recherche se décline également sur la formation. Le parlementaire entend tripler le nombre de personnes formées chaque année à l’intelligence artificielle, en ouvrant des formations à BAC+2.
Reste la question des moyens de ces ambitions. Reconnaissant devant les journalistes des Échos que le « sujet est global », car interministériel, le rapport du mathématicien ne fait pas mention de budgets concrets. Le fonds pour l’innovation de rupture, doté de 10 milliards d’euros et financé par les cessions d'actifs et les privatisations, ou encore les 15 milliards d’euros du grand plan d’investissement, pourrait être mis à contribution. Cet après-midi, Emmanuel Macron présentera ses arbitrages.