« Pourquoi les bateaux seraient épargnés par la question écologique ? » C’est la question que pose la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Sami Ghali. La sénatrice des quartiers nord de Marseille profite de l’examen au Sénat du projet de loi de François de Rugy sur l’énergie et le climat pour viser les bateaux de croisière. Ces paquebots polluent énormément.
Selon une étude publiée en juin dernier par l’ONG Transport & Environment, Carnival Corporation, leader mondial de la croisière de luxe, a émis en 2017 avec ses 47 navires opérant en Europe dix fois plus d’oxyde de soufre autour des côtes que l’ensemble des 260 millions de véhicules du parc européen. En France, la cité phocéenne est aux premières loges de cette pollution. « A Marseille, par exemple, 57 navires de croisière ont émis en 2017 presque autant d’oxyde d’azote que le quart des 340 000 voitures de tourisme de la ville » écrit l’ONG.
« Je ne vois pas pourquoi on serait obligé de subir l’arrivée de bateaux polluants »
Face à cette situation, Samia Ghali propose, via un amendement déposé sur le texte, une solution radicale : interdire « à partir du 1er janvier 2024, le séjour en port des navires les plus polluants ». Les seuils seraient définis ensuite par décret. « Je ne vois pas pourquoi on serait obligé de subir l’arrivée de bateaux polluants. On ne peut pas dire aux Français qu’il faut interdire les véhicules les plus polluants dans la ville et ne pas le faire pour des bateaux qui polluent autant que les véhicules, sous prétexte qu’ils sont sur l’eau » explique la sénatrice, membre du groupe PS, mais qui n’a plus sa carte au Parti socialiste.
« Les quartiers Nord sont plus touchés, mais toute la ville est impactée » précise la sénatrice. Samia Ghali insiste sur le danger que représente cette pollution :
« Je ne suis pas opposée à ce que le tourisme de croisière se développe, mais pour que ça fonctionne bien, il faut s’ils s’équipent pour ne plus être polluants. Ça ne peut plus être des usines à cancer, ce n’est pas possible. Sur la région de Marseille, les cancers de la vessie ont explosé ».
La sénatrice a déposé un autre amendement afin de taxer les navires polluants. Il s’agit d’« intégrer dans le calcul des droits de port, la pollution engendrée par les carburants des navires qui stationnent dans les ports maritimes français ». De quoi financer, dans l’esprit de Samia Ghali, « l’électrification immédiate » de tous les quais. « Les bateaux de la SNCM sont déjà électrifiée à quai pour éviter de faire tourner les moteurs et polluer. Les autres ne le sont pas » souligne l’élue des Bouches-du-Rhône, qui ne cache pas ses ambitions pour la mairie de Marseille. La question de la pollution des navires est un enjeu local. La France insoumise a fait avec Jean-Luc Mélenchon une opération, fin mai, pour dénoncer la pollution de ces géants des mers.