La « rupture » « raisonnable » selon François Fillon

La « rupture » « raisonnable » selon François Fillon

Après un week-end marqué par une nouvelle polémique et à deux jours d’une convocation chez les juges, François Fillon tient bon sur son programme et y ajoute des mesures en faveur de la transparence et des classes populaires.
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 « Ceux qui décrivent mon projet comme une purge ont tout faux. Ils sont aveuglés par la mauvaise foi ou l’idéologie, empêtrés dans leur propre manque de volontarisme ».

Pas de « purge » mais « réconciliation », « liberté » et « protection »

 Qu'on se le dise, François Fillon est le candidat de la « rupture » « raisonnable ». « Rupture » mot employé dans son interview dans les Echos, « raisonnable » c’est celui répété lors de sa conférence de presse. Et en guise d’objectif « tout à fait raisonnable », il maintient son objectif de réduction de 100 milliards d’euros d’économies dans la dépense publique et la suppression de 500.000 postes dans la fonction publique par le non-remplacement d’un départ sur deux.

« La purge, le manque de perspective, la détresse sociale, c’est maintenant que nous l’avons. Elles sont le résultat d’années de démagogie et d’atermoiement » a fustigé le candidat LR. Souvent qualifié de « candidat des riches », François Fillon a donc donné des signes aux classes populaires, axant son projet sur « la réconciliation », « la liberté » et « la protection ». « Tous les salariés bénéficieront d’un allégement de charges sociales qui leur procurera un gain de 350 euros, et donc de 750 euros pour les couples qui travaillent », a-t-il promis, avant d’annoncer un relèvement du quotient familial. S’il a estimé que son projet était « pour les jeunes », il n’oublie pas non plus les plus anciens, en revalorisant  « les petites retraites » et en augmentant « de 10% les petites pensions de réversion ». « Cela ne sera rendu possible que par l’augmentation progressive de l’âge de la retraite à 65 ans » prévient-il.

 L’augmentation de l’âge de départ à la retraite, thème récurrent pour un candidat de droite tout comme celui de l’autorité de l’Etat. « Tolérance zéro » pour les délinquants peut-on lire dans son projet avec des mesures comme la création de 16 000 places de prison, ou encore le renforcement des polices municipales. En matière de lutte contre le terrorisme, il souhaite notamment « rendre au renseignement territorial les moyens humains et matériels dont il a été privé ».

« Une copie d’élève appliqué »

François Fillon a rendu "une copie d'élève appliquée" selon P. Moreau Chevrolet
01:23

Pour le communicant Philippe Moreau Chevrolet, « c’est une copie d’élève appliqué » rendue par François Fillon, ce lundi. « Il parle beaucoup de pauvreté, pour compenser son handicap sur les catégories populaires. Il rassure complètement à droite en disant qu’il va bien traiter les valeurs morales ».(voir la vidéo). Toutefois, le politologue Olivier Rouquan estime que « ce n’est pas avec ce type de propositions comme augmenter la TVA, que François Fillon envoie un signal aux classes qui lui manquent le plus, les classes actives » (…) « Il y a un manque d’allant pour la suite. On est sur une stagnation par rapport à un électorat qu’il a déjà. Est-ce que c’est suffisant pour relancer une campagne ? Je ne le pense pas »  (voir la vidéo)

Olivier Rouquan analyse le projet de François Fillon
01:07

« Transparence totale » sur les liens de parenté entre les parlementaires et leurs collaborateurs

Après avoir, récemment reconnu « une erreur »  et présenter « ses excuses » aux Français pour avoir employé sa femme et ses enfants en tant que collaborateurs parlementaires, le mea culpa de François Fillon prend la forme de mesures concrètes dans son projet. Il propose d’instaurer la « transparence totale par la publication obligatoire des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs (y compris en cas de recrutement croisé) ».

« Le suffrage universel, c’est la seule réponse »

Affaires : « Le suffrage universel, c’est la seule réponse », répond François Fillon
00:18

Mâchoires serrées et sourire crispé, il est apparu plus tendu lorsqu’il lui a fallu répondre aux journalistes sur « sa stratégie pour mettre derrière (lui) toutes ces affaires ». « Le suffrage universel, c’est la seule réponse » a-t-il rétorqué. De même, concernant la présence de l’ancien ministre de la défense Charles Millon dans son organigramme de campagne, le candidat LR a opposé un démenti ferme. Une affirmation contredite quelques minutes plus tard sur Twitter par une journaliste de France 5, photo de l’organigramme à l’appui.

Plusieurs comparaisons avec des mesures d’Emmanuel Macron

Si François Fillon a affirmé « parler avec tout le monde »  pour constituer une majorité y compris  avec « hommes et les femmes qui sont au centre gauche », ce n’est pas la seule comparaison que l’on pourrait trouver avec Emmanuel Macron. En effet, comme le candidat d’En Marche, François Fillon annonce qu’il organisera des points d’étape destinés à contrôler les objectifs des membres du gouvernement. « Leur action fera l’objet d’un suivi qui sera contrôlé. Les ministres qui n’atteindront pas leur objectif ne resteront pas au gouvernement » a-t-il expliqué. Cette mesure a été annoncée cet automne par le président d’En Marche. Si le candidat LR ne va pas jusqu'à exiger, comme son adversaire à la présidentielle, un casier judiciaire vierge pour les membres du gouvernement, il leur imposera « un code de conduite ».

François Fillon participera lundi soir à une conférence-débat au Crif et interviendra mardi devant l'assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs. Son unique réunion publique de la semaine est jeudi à Caen, au lendemain de sa convocation chez les magistrats.

 

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