La réforme de l’apprentissage “sera un échec pour la France”, selon Hervé Morin

La réforme de l’apprentissage “sera un échec pour la France”, selon Hervé Morin

La réforme de l'apprentissage présentée vendredi en Conseil des ministres "sera un échec pour la France", selon le président de...
Public Sénat

Par Dominique CHABROL

Temps de lecture :

3 min

Publié le

La réforme de l'apprentissage présentée vendredi en Conseil des ministres "sera un échec pour la France", selon le président de Régions de France, le centriste Hervé Morin, qui bataille depuis des mois contre le texte du gouvernement.

Destinée à relancer la filière, elle transfère notamment le pilotage du secteur aux branches professionnelles, au détriment des régions.

QUESTION : Que reprochez-vous au dispositif du gouvernement ?

REPONSE : Cette réforme sera un échec pour l'apprentissage et pour la France. Elle laissera une partie de nos jeunes, notamment dans les zones rurales ou semi-rurales ou dans les quartiers, sans solution. Donc, ce sera un handicap de plus pour ces territoires déjà en difficulté, parce qu'il n'y aura pas les qualifications et les compétences à proximité. Le sujet majeur, aujourd'hui, c'est +comment faire en sorte que nos ouvertures de formations en apprentissage trouve un public ?+ On va se retrouver avec des zones entières où les centres de formation, parce qu'ils n'auront pas les effectifs nécessaires, fermeront des formations. Nous estimons que près des deux-tiers des centres de formation (CFA) sont en péril".

Q : Le gouvernement entend pourtant lever les obstacles à l'apprentissage ?

R : On crée un système totalement centralisé, qui va être d'une bureaucratie et d'une complexité extraordinaires. Le prix de formation décidé au niveau national empêchera l'analyse fine de chaque formation. Or, il n'y a pas une formation qui ressemble à une autre, pas un centre de formation qui ne s'adapte en fonction des publics, des besoins de l'économie, du bassin d'emploi... Tout ça va se trouver confronté à une uniformisation absolue dans un monde beaucoup plus complexe que des prix et une tarification de la formation centralisée au niveau national. A notre demande, le gouvernement a créé un fonds d'aménagement du territoire, mais dont la dotation est tellement faible qu'elle ne permettra jamais de maintenir des formations dans des zones qui en ont pourtant considérablement besoin. Et s'il n'y a plus ces formations, il n'y aura plus, derrière, les entreprises. Dans le bâtiment, le bassin de recrutement est de trente kilomètres maximum aux alentours. Si vous n'avez pas le centre de formation à côté, vous n'avez plus de collaborateurs et un jour vous déménagez. Désormais, l'apprentissage sera soumis à la loi du marché".

Q : Qu'attendez-vous du débat parlementaire ?

R : Il faut d'abord avoir des parlementaires qui ont géré l'apprentissage. Comme il n'y a plus de cumul des mandats, peu sont ceux qui ont eu des mandats locaux leur permettant de parfaitement appréhender le mécanisme. Il y a des gens conscients des difficultés. Mais je dis aux députés +vous serez comptables et responsables de l'évolution de l'apprentissage dans votre circonscription ou votre département+".

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

La réforme de l’apprentissage “sera un échec pour la France”, selon Hervé Morin
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

La réforme de l’apprentissage “sera un échec pour la France”, selon Hervé Morin
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le