Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
La France insoumise joue l’ouverture pour être incontournable
Par Baptiste BECQUART
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Se revendiquant première force d'opposition à Emmanuel Macron, La France insoumise, réunie de jeudi à dimanche à Marseille pour ses "Amfis" d'été, affiche son ouverture pour mieux prouver qu'elle est incontournable et, pourquoi pas, engranger des ralliements.
Les cadres de La France insoumise l'assurent en chœur : le mouvement a toujours été ouvert. Quel meilleur endroit pour le prouver, disent-ils, que les "Amfis", où près de 150 ateliers et conférences se succèdent avec une pluralité d'intervenants?
Mais cette année, ont été aussi invités des parlementaires d'autres partis, à gauche comme la députée européenne écologiste Karima Delli et le député socialiste Boris Vallaud, jusqu'à droite avec la venue des députés LR Alain Marleix et Marianne Dubois.
Ils participeront à des conférences-débats sur des sujets bien précis (Alstom, le service national...) Mais l'idée est bel et bien d'afficher la vocation de centralité de LFI, qui dans les sondages apparaît comme incarnant le mieux l'opposition à Emmanuel Macron: "Ça nous donne une responsabilité, celle de tendre la main et d'ouvrir les bras", souligne Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI et possible tête de liste pour les élections européennes, auprès de l'AFP.
LFI a désigné la plupart de ses candidats pour cette échéance, mais a laissé d'autres positions ouvertes pour les représentants de la société civile... et d'autres personnalités à gauche qui se rallieraient.
L'une des prises éventuelles serait symboliquement forte: des discussions ont lieu entre les Insoumis et Emmanuel Maurel, représentant de l'aile gauche du PS et membre de son bureau national.
Le député européen doit participer à une conférence samedi. Jean-Luc Mélenchon devrait se rendre en retour à une réunion que le premier co-organise avec une autre membre de l'aile gauche du PS, bien connue du leader insoumis: Marie-Noëlle Lienemann.
Ce type de ralliement, "on verrait ça d'un très bon œil, si cela se fait sur la base d'une clarification programmatique", confie Danielle Simonnet, conseillère municipale LFI à Paris et co-présidente du Parti de gauche.
Selon elle, tandis que "le pouvoir a fait la preuve de son sectarisme", "il est important qu'on montre qu'il y a du débat dans l'opposition".
Emmanuel Maurel, lui, admet: "On a plus d'accords que de désaccords, notamment pour contrecarrer les projets du gouvernement, sur les retraites, le gel des minima sociaux, les privatisations..."
Pour autant, il attend que la "clarification" au PS sur la nature du projet aux européennes ait lieu dans les prochaines semaines, après quoi il prendra une décision. "Je ne désespère pas de convaincre mes collègues", confie-t-il, notamment de ne pas confier la tête de liste à Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques.
- Retour de la "vieille politique"? -
Après avoir vilipendé le Parti socialiste durant la dernière décennie, Jean-Luc Mélenchon accueillerait certains de ses membres? "Pour nous les portes ont toujours été ouvertes, le mouvement est en perpétuelle construction", assure Danielle Simonnet.
Le NPA, dont la porte-parole participe à un atelier des "Amfis", ne se dit pas non plus fermé à une coalition: "On aimerait bien qu'il se passe quelque chose de ce côté-là. D'ailleurs, ça se discute", a déclaré son dirigeant Philippe Poutou vendredi sur LCI.
Le député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel prévient cependant: "On n'est pas dans un bis repetita des accords d'appareil".
"Discuter à l'ancienne, nous ne voulons pas le refaire", abonde le député du Nord Adrien Quatennens. "La méthode LFI continue d'agréger. (...) Dès lors que des personnalités politiques tiennent compte des nouveaux rapports de force, on garde la porte ouverte".
C'est "le retour de la +vieille politique+", la "rhétorique de l'unité, dérivée de la stratégie d'union de la gauche, dont usait jadis François Mitterrand pour réduire l'influence du Parti communiste", a toutefois critiqué dans une tribune au Monde l'un des fondateurs de LFI, Liêm Hoang-Ngoc, qui a suspendu sa participation en juillet.
Il avait estimé que son mouvement était insuffisamment représenté dans la liste pour les Européennes, des accusations balayées par LFI.