Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
« La France est en panne » : retour sur le black-out de 1978
Par Clara Robert-Motta
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Il est 8h27 ce 19 décembre 1978 quand la quasi-totalité de la France plonge dans le noir. Plus de métros, plus de trains, ni de feux tricolores, d’ascenseurs ou d’escaliers mécaniques. Des personnes sont bloquées dans les ascenseurs, des immeubles entiers n’ont plus de chauffage électrique et les casernes de pompiers sont noyées sous les appels de Français catastrophés. Certains hôpitaux ne disposant pas de générateur de secours sont dans le noir complet et des opérations stoppées en plein milieu.
« La France est en panne », commente Patrick Poivre d’Arvor au JT de l’époque. Si les trois quarts du pays n’ont plus de jus, c’est la faute à une surcharge électrique dans un poste EDF près de Nancy apprendra-t-on durant la journée.
En effet, les températures froides ont induit une importante hausse de la demande en énergie ce jour-là. Les techniciens chargés du réseau importent alors de l’électricité depuis l’Allemagne, mais à la façon d’un disjoncteur dans un appartement, la surcharge d’un gros câble électrique - une ligne de 400 000 volts à Bezaumont, en Meurthe-et-Moselle - fait sauter le courant sur les autres réseaux de la région… puis, par effet domino, sur toute la France. Seules quelques régions dans le Sud-Est et les frontières nord et est échappent à cette panne généralisée.
Après la panne, l’énergie nucléaire décriée
Pourtant, un plan de sécurité avait été mis en place après la coupure généralisée qu’avait connue New York en 1965. Ce découpage en région pour éviter la propagation des incidents, n’avait pas fonctionné à temps.
Malgré un rétablissement du courant sur les coups de midi, la panique provoquée par ce black-out géant a secoué l’Hexagone. La question de la diversification des sources d’énergie est alors vivement débattue. L’énergie nucléaire est pointée du doigt pour sa rigidité face aux fluctuations de la demande, et la politique du « tout électrique » remise en question.
« La panne historique du 19 décembre reflète ainsi l’échec d’une politique, écrit dans le Nouvel Obs du 23 décembre 1978 le journaliste et philosophe, André Gorz, sous son nom de plume, Michel Bosquet. Loin de préparer la réconciliation des Français avec le programme électronucléaire, elle fournit de nouvelles armes à ceux qui le critiquent et demandent une révision complète de la politique énergétique, dans le sens de la diversification, de la lutte contre les gaspillages et du développement des autres sources nationales d’énergie. » Au contraire, André Giraud, ministre de l’Industrie du gouvernement Raymond Barre III, assurait même que « les centrales nucléaires ont pleinement assuré leurs fonctions ».
A l’époque, la contestation contre le nucléaire est forte, et les mouvements qui s’opposent à la construction de nouvelles centrales fleurissent un peu partout sur le territoire. Pourtant, les antinucléaires n’auront pas gain de cause, et la panne, vue comme un incident de parcours, ne signera pas la fin du nucléaire. Loin de là.