La droite sénatoriale face à la candidature Éric Zemmour

La droite sénatoriale face à la candidature Éric Zemmour

Le polémiste d’extrême-droite a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux, mardi 20 novembre. Une annonce faite à quelques heures du dernier débat des Républicains. Malgré ce télescopage, la plupart des LR épargnent Éric Zemmour quand certains, moins nombreux, épousent sa ligne.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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Un micro imposant posé au premier plan, Éric Zemmour a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle, mardi 30 novembre, dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux. Une mise en scène marquée par un clin d’œil très appuyé à l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Le polémiste d’extrême-droite s’est présenté comme le seul capable de « sauver » la France du « déclin et de la décadence ».

« Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver, c’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle », a-t-il déclaré à l’issue d’un laïus catastrophiste sur l’état du pays.

« C’est honteux ». La récupération de cette figure hautement symbolique a « sidéré » la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas. Un clin d’œil qui passe d’autant plus mal que le polémiste soutient – contre l’avis des historiens – que le général Pétain a « sauvé des juifs de France » pendant la Seconde Guerre mondiale.

Soutien de la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, la sénatrice n’a même pas regardé jusqu’au bout cette vidéo qui « n’est pas l’image de la France ». Entrecoupée d’images de violences urbaines et d’images d’Epinal, la vidéo d’Éric Zemmour fait d’ailleurs l’objet d’une controverse. Un certain nombre d’extraits ont été utilisés sans l’accord de leurs auteurs.

Droitisation du débat : « Il y a probablement une responsabilité des candidats mais des chaînes également. »

La candidature attendue du polémiste d’extrême droite tombe, opportunément, à quelques heures du dernier débat des Républicains destiné à désigner le candidat LR à la présidentielle. Éric Zemmour sera également sur le plateau du 20 heures de TF1 ce soir. La précampagne trébuchante de l’ancien éditorialiste du Figaro et de Cnews a orienté la teneur des débats LR où ses thèmes de prédilection, la sécurité et l’immigration, ont prédominé.

« Les trois chaînes ont toutes fait leurs entrées sur ces sujets, dans le même ordre, rétorque Sophie Primas. Il y a probablement une responsabilité des candidats mais des chaînes également. » Un argument également avancé par Jérôme Bascher, sénateur LR de l’Oise, pour qui « Éric Zemmour a polarisé le sujet, mais vivement que la vraie campagne commence, qu’on parle de tous les sujets ! »

Zemmour candidat à la présidentielle : « Les sondages aujourd’hui le mettent face à la réalité »
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L’espoir que le phénomène Zemmour s’essouffle avec l’entrée dans le dur de la campagne est largement partagé. « Les sondages aujourd’hui le mettent face à la réalité de ce qu’il est : quelqu’un qui a effectivement animé le débat. Mais ça ne suffit pas pour être un bon candidat et peut-être que les Français s’en rendent compte », veut croire Jacqueline Eustache Brinio, sénatrice LR du Val-d’Oise (voir la vidéo ci-dessus).

La candidature d’Éric Zemmour : « Une bonne nouvelle » pour LR ?

Selon un sondage Harris Interactive pour Challenges publié ce mardi, Éric Zemmour perdrait encore quelques points dans les sondages au bénéfice de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Le président de la République arriverait en tête du premier tour de l’élection présidentielle, selon ce même sondage.

En baisse dans les trois derniers baromètres, le polémiste d’extrême droite passerait en quatrième position si Xavier Bertrand (14 %, stable) venait à être désigné candidat Les Républicains samedi par les adhérents du parti. Il devancerait toujours, en revanche, Valérie Pécresse (11 %) et Michel Barnier (10 %), également stables.

Cette baisse sondagière correspond à une mauvaise séquence qui ne semble pas prendre fin pour le polémiste d’extrême-droite. Entre sa visite chahutée à Marseille - qui s’est terminée par un échange de doigts d’honneur avec une passante - et le lâchage de certains de ses soutiens et financeurs.

Sur les réseaux sociaux, les réactions à l’officialisation de la candidature d’Éric Zemmour se sont faites rares chez LR, où les élus ne semblent pas décidés à l’attaquer frontalement.

« Cette candidature est une chance pour nous, car Éric Zemmour arrive à diviser les voix de Marine Le Pen », assure même Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône.

A notre micro, Marc-Philippe Daubresse voit lui aussi « une bonne nouvelle » en cette candidature : « Le polémiste va devenir candidat, il va donc falloir qu’il cesse de tout miser sur la polémique et les outrances et qu’il aille dans le vrai débat qui concerne les Français : pouvoir d’achat, sécurité et politique européenne » (voir la vidéo ci-dessus).

« On a mis les amplis sur Zemmour et bien là vous allez voir que les amplis vont être débranchés assez rapidement »

Le sénateur du Nord balaie lui aussi la supposée influence qu’aurait Éric Zemmour sur les débats des LR. « On a toujours eu ces débats, la seule chose c’est que vous (les journalistes) ne les médiatisez pas de la même manière et subitement au mois de septembre tout tournait autour de Zemmour », accuse-t-il. Et d’assurer : « On a mis les amplis sur Zemmour et bien là vous allez voir que les amplis vont être débranchés assez rapidement ».

On retrouve le même reproche chez le vice-président LR du Sénat, Roger Karoutchi. « Les Républicains n’ont pas attendu Éric Zemmour pour prendre à bras-le-corps les sujets régaliens », lâche-t-il en somme. Et de rappeler qu’il avait fait porter la proposition d’instaurer « un système de quotas pour contrôler l’immigration régulière » dans le cadre de la loi Asile Immigration (voir la vidéo ci-dessous).

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« Je ferai en sorte que le candidat vainqueur réponde aux questions posées par Éric Zemmour »

Au sein de la droite sénatoriale, on trouve aussi des voix franchement réceptives aux discours d’Éric Zemmour. « Je ferai en sorte que le candidat vainqueur réponde aux questions posées par Éric Zemmour », soutient le sénateur du Rhône, Etienne Blanc. Lui qui ne cache absolument pas sa proximité idéologique avec le polémiste enjoint son parti : « Attention si vous n’êtes pas sur ces sujets-là, vous ne serez pas au 2nd tour de la présidentielle. En ne les abordant pas, on est chassé de la vie politique ».

Sénateur du Val-d’Oise, Sébastien Meurant porte lui aussi une ligne très proche de celle d’Éric Zemmour. « Je n’ai pas de pudeur à employer les mots de grand remplacement, c’est une réalité », explique-t-il par exemple. Le sénateur a sans surprise choisi de soutenir le candidat le plus à droite au Congrès LR : Éric Ciotti. « Éric Zemmour et Éric Ciotti posent des constats qui collent à la réalité », justifie Sébastien Meurant. Par conséquent, cette candidature lui apparaît comme quelque chose de plutôt positif, l’essentiel restant que « les idées d’Éric Ciotti et Éric Zemmour restent au centre du débat ».

Des positions qui font grincer en off. « Je préfère que Ciotti aille chercher l’électorat tenté par Éric Zemmour et qu’il reste dans notre famille politique. Au sein de la droite républicaine, on aura toujours le sens des équilibres », détaille une source du groupe LR. Preuve que l’officialisation de la candidature d’Éric Zemmour ne laisse pas de marbre chez Les Républicains.

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