Qui n’a pas rêvé pendant le confinement d’échanger son appartement ou son petit extérieur contre un (grand) brin de verdure ? Sans doute ceux déjà heureux de leur logement. Mais à en croire les sites et agences immobilières, l’intérêt des Français pour ces biens a été fortement amplifié par la crise sanitaire. Et alors que le Sénat a adopté ce matin un rapport sur l’inflation des prix de l’immobilier, lancé bien avant la crise actuelle, les débats ont tourné autour des changements que le coronavirus pourrait engendrer.
La tentation de la campagne ?
Jean-Marie Bockel, sénateur Union Centriste du Haut-Rhin et président de la délégation aux collectivités locales l’annonce d’emblée : « Les demandes de maisons avec jardin explosent et on peut le comprendre. Des habitants se disent prêts à quitter les grandes métropoles pour avoir plus d’espace. Et inversement d’autres qui ne veulent plus subir l’inadaptation des transports en commun et leurs risques sanitaires associés souhaitent se rapprocher des centres-villes. »
Mais il n’oublie pas que la crise sanitaire pourrait aussi se transformer en crise sociale et « on ne sait pas encore quelle sera l’ampleur de la restriction de l’accès au crédit de la part des banques », citant une étude de l’Observatoire Crédit Logement / CSA qui évoque 220 000 ménages supplémentaires exclus de ces crédits immobiliers.
Le télétravail, un déclic ?
Philippe Dallier :"Est-ce que cette crise aura un impact sur le comportement des Français en matière de logement?"
Même réflexion pour le sénateur LR de Seine-Saint-Denis Philippe Dallier. « La possibilité de télétravailler, que l’on a expérimentée à très grande échelle, va peut-être ralentir le phénomène de métropolisation » estime-t-il, avant de pondérer. « Je dis ralentir car on ne l’arrêtera pas. C’est une tendance lourde qui génère des besoins de logements importants. »
Et pour lui, seuls « des changements de comportements d’un côté et une relance forte de ce secteur qui va beaucoup souffrir de la crise de l’autre » permettront de freiner l’inflation immobilière, objet originel du rapport.
Freiner la hausse des prix
Car ce qui inquiétait les sénateurs avant cette crise sanitaire, c’est bien la hausse des prix de l’immobilier, qui empêche certains ménages d’acheter et créé des distorsions importantes entre territoires. Jean-Marie Bockel a d’ailleurs présenté et fait adopter 4 mesures dans son rapport, axées sur la hausse de l’offre de logements pour freiner cette escalade des prix. Selon lui, il faut « encourager les mises en chantier, car cela permet de doper l’offre. Mieux aménager le territoire pour que la population soit mieux répartie. Lutter contre les logements vacants pour réinjecter de l’offre sur le marché ». Et enfin « réhabiliter les logements anciens dégradés. Notamment dans les centres-villes et centres-bourgs. Outre l’aspect revitalisation, cela permet de renouveler l’offre ».
Des préconisations qu’il faudra désormais, de l’aveu même des sénateurs, réévaluer dans quelques mois en fonction des évolutions du marché de l’immobilier après cette crise sanitaire. Avec pourquoi pas un rééquilibrage des prix et de la répartition géographique de la population.