L’irruption d’une liste “gilets jaunes” aux européennes rebat les cartes
Si elle est saluée par la majorité des partis politiques, la constitution d'une liste "gilets jaunes" pour les élections européennes rebat les...
Par Gaëlle GEOFFROY
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Si elle est saluée par la majorité des partis politiques, la constitution d'une liste "gilets jaunes" pour les élections européennes rebat les cartes du scrutin et suscite déjà des interrogations.
"Bonne nouvelle", "welcome", "bonne chance", "pas de problème": du Parti communiste au Rassemblement national, les partis ont salué l'annonce, marque de la "démocratie".
Le "ralliement d'initiative citoyenne" (RIC) a diffusé mercredi un embryon de liste comprenant dix noms. Avec à leur tête Ingrid Levavasseur, une aide-soignante normande de 31 ans, qui avait envisagé de devenir chroniqueuse à la télévision avant de renoncer à cause de menaces.
L'exécutif aussi a applaudi. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a estimé que le "processus" était "intéressant", jugeant "plus sain" que le débat se "fasse dans les urnes à visage découvert plutôt que planqué derrière des pseudos anonymes sur des réseaux sociaux ou cagoulés".
Mais cette liste, qui doit encore être complétée, n'est pas forcément une bonne affaire pour tous les partis.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi et réalisé avant l'annonce, "une liste +gilets jaunes+" arriverait troisième lors des européennes du 26 mai, avec 13% des voix, derrière La République en Marche (22,5%) et le Rassemblement national (17,5%).
Ingrid Levavasseur, une des figures des "gilets jaunes" le 15 janvier 2019 à Grand Bourgtheroulde
AFP/Archives
Un score qui "montre qu'il y a un espace pour que la colère exprimée sur les ronds points ait une traduction politique", a analysé Bernard Sananès, président d'Elabe.
Une tendance se précise: une liste "gilets jaunes" rognerait dans les scores de tous les partis, mais elle le ferait en premier lieu dans celui du RN de Marine Le Pen, qui lui céderait trois points.
Résultat, si La République en marche (LREM) perdrait bien un petit point, elle verrait son avance sur le RN se creuser, selon ce sondage.
"Paradoxalement, ceux qui ont tout à gagner d'une liste +gilets jaunes+, c'est le gouvernement et LREM, tandis que le RN en pâtit le plus, alors qu'il soutient le mouvement", note auprès de l'AFP Gaël Sliman, président de l'institut Odoxa. Dans ces conditions "LREM n'a qu'à se taire, ne rien faire, et tirer les marrons du feu".
- "C'est voter Macron" -
"Voter Gilets jaunes, c'est voter Macron", prévient dans un communiqué "La France en colère!!!", le groupe d'Eric Drouet, "gilet jaune" controversé.
D'où certaines critiques accusant la majorité d'avoir poussé en sous-main la constitution d'une telle liste. Ce que nie le patron des LREM, Stanislas Guerini.
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale à Paris le 23 janvier 2019
AFP/Archives
Pour les autres partis, difficile de critiquer une formation issue d'un mouvement qu'ils ont soutenu depuis deux mois.
Face à ces futurs concurrents, le RN a seulement avancé un possible risque de "manipulation politique", Marine Le Pen évoquant le passage de Hayk Shahinyan, le directeur de campagne de la liste, au MJS socialiste il y a huit ans.
Le président de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, fervent soutien des manifestants, s'est interrogé, lui, sur un possible "coup politique avec Bernard Tapie", qui avait prêté début janvier les locaux du journal La Provence à des "gilets jaunes", dont Ingrid Levavasseur.
"Rien à voir avec Bernard Tapie", a balayé jeudi M. Shahinyan.
Les chances de réussite de la nouvelle liste, qui devra compter 79 noms au total, restent incertaines, d'autant que le mouvement des "gilets jaunes" est marqué depuis le début par de profondes divergences.
Maxime Nicolle, autre personnage controversé des "gilets jaunes", dénonce ainsi une liste "d'opportunistes" et de "vendus".
"La thématique, centrale chez eux (les gilets jaunes), de la démocratie directe est totalement antagonique de la constitution d'une liste avec une hiérarchie, un tri des candidats, une tête de liste", a noté Jean Garrigues, professeur à l'Université d'Orléans et à Sciences Po, sur RTL.
L'exercice pourrait même se retourner contre eux, prévient Gaël Sliman: "Soit ils parviennent à s'accorder et à dire des choses précises, et il sera difficile de continuer à plaire à tout le monde ; soit ils n'y parviennent pas, et le flou ne peut pas être toléré pour un parti politique qui se présente aux élections".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.