« L’exécutif est en retard sur l’ensemble de la politique sanitaire », déplore Brice Hortefeux
Invité de la matinale de Public Senat « Bonjour chez vous », le député européen membre des Républicains a fustigé les décisions sanitaires du gouvernement, tout en refusant d’accabler l’Union Européenne.
Par Pierre Maurer
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Emmanuel Macron a promis mardi que tous les Français adultes pourront bénéficier d’un vaccin « cet été s’ils le souhaitent ». Pas de quoi rassurer Brice Hortefeux. Invité de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », le député européen (Les Républicains) fustige la politique sanitaire du gouvernement, « en retard sur tout » depuis le début de la crise. « C’est une ligne constante : un retard sur les masques, les tests, l’isolement, sur les fermetures des frontières, sur les vaccins. C’est la marque de fabrique de ce gouvernement », estime-t-il.
Dernier exemple en date concernant la fermeture des stations de ski. Alors que le gouvernement a annoncé depuis des mois des aides importantes au secteur de la montagne, Brice Hortefeux a constaté des retards sur le terrain, dans sa région Auvergne-Rhône-Alpes. « J’ai eu des remontées selon lesquelles, les versements d’aides ne se font pas aussi rapidement. J’ai le cas de quelqu’un au Mont d’Ore qui a perçu une aide en novembre et n’a rien perçu depuis », assure-t-il. Comme le président de la région et ancien chef des Républicains, Laurent Wauquiez, Brice Hortefeux pense que la politique sanitaire ne doit être que « régalienne ». « Les collectivités sont là pour accompagner et compléter. Mais il ne doit pas y avoir de confusion des genres », prévient-il.
Quant à la responsabilité de l’Europe dans les retards de livraison des doses de vaccins, il reconnaît qu’il y a « une responsabilité de la Commission européenne et de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen », mais refuse d’accabler l’Union des 27. « L’Europe a joué un rôle positif pour la sûreté sanitaire et sur les prix des vaccins. Le fait que l’Europe se soit regroupée, a certainement joué sur les prix. Au départ les vaccins c’était 30 euros. Aujourd’hui c’est autour de 14 euros », observe-t-il. Pour Brice Hortefeux, le problème n’est pas un « excès d’Europe », mais plutôt un « déficit d’Europe ». Puis il tempère : « Mais on est moins fort à 27 sur la rapidité de vaccination, il faut le reconnaître ». « Le retard qui a été pris vient du fait qu’il n’y avait sans doute pas assez de concertation », veut-il croire, ciblant les Agences régionales de Santé (ARS) en France. Pour être plus rapide, faut-il négocier et commander des vaccins hors des cadres de l’UE, comme le fait actuellement la Hongrie ? La situation l’inquiète, mais il n’écarte pas cette possibilité pour la France.
Loi séparatisme : « Ce n’est pas inutile mais il n’y a rien d’essentiel »
La loi sur le respect des principes de la République - aussi appelée sur les « séparatismes » - est en train d’être examinée par l’Assemblée nationale, non sans vifs débats, au sein même de la majorité. Qu’en pense l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy ? « Tout n’est pas inutile mais il n’y a rien d’essentiel. Il y a des bonnes mesures sur la clarté du financement, pour permettre aux préfets d’agir efficacement. En revanche il n’y a rien sur la question migratoire. Le gouvernement l’a écartée sans doute par peur », regrette-t-il.
L’ami de Nicolas Sarkozy déplore particulièrement que le texte ne prévoie rien sur la question du voile à l’université. « Je pense que c’est une erreur grave erreur », tance-t-il. « Aujourd’hui le voile à l’université ça ne concerne personne, à peu près 15 cas. Si on décide son interdiction aujourd’hui ce ne serait pas un drame. Mais on attend, on ne fait rien. Et on aboutira au voile à l’université, et après ce sera le sport non mixte etc. C’est écrit », croit-il, avant de conclure : « Pourquoi être toujours en retard ? »
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.
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