"L'Etat est laïc en France, mais la société française n'est pas laïque", a assuré mardi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, au lendemain du discours d'Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques, très critiqué à gauche.
M. Griveaux a fustigé sur Europe 1 "les réactions quasi pavloviennes d'une partie de la classe politique française où en 140 signes dans un tweet on condamne un discours de plus d'une heure". "Il n'y a pas le moindre doute" ni "le moindre fléchissement" sur le sujet de la laïcité, a-t-il tranché.
"Le président a dit hier très clairement que l'Eglise n'avait rien à attendre de lui et que lui attendait des catholiques un engagement, qui est un engagement ancien dans l'histoire de France, dans le monde associatif, caritatif", via le travail "sur les questions de vulnérabilité, de grande pauvreté et de fragilité des personnes", a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron a simplement "rappelé son rôle" lundi: "assurer, en tant que président de la République, la liberté totale en France de croire ou de ne pas croire et d'accepter sans aucun compromis toutes les lois de la République. C'est ça la laïcité", a aussi expliqué M. Griveaux.
Les catholiques "ne sont pas en dehors de la société française", et "l'Eglise doit aussi être pleinement dans son siècle", a-t-il ajouté, en évoquant les sujets de la fécondation in vitro ou de l'homoparentalité.
Notant qu'Emmanuel Macron était "de la même manière intervenu" lors du récent dîner annuel du Crif ou, à l'automne, devant l'Eglise protestante, il a souligné que "le président de la République s'adresse par définition à tous les Français".
Interrogé pour savoir en quoi le lien entre l'Eglise et l'Etat a été "abîmé" comme M. Macron l'a déclaré, Benjamin Griveaux a évoqué "l'absence de dialogue". "Il faut pouvoir dialoguer avec chacun. Le fait de sortir les autorités religieuses du Comité consultatif national d'éthique n'était pas une bonne idée", a-t-il estimé.
"Je ne partage pas, moi, certaines conceptions de l'Eglise catholique sur la PMA par exemple ou sur le mariage, mais on sort toujours plus fort d'un dialogue nourri, d'un dialogue exigeant, avec ceux qui ont une présence dans la société française", a-t-il poursuivi.
"Qui demain contestera aux personnes qui participent aux actions faites par Emmaüs ou le Secours catholique le fait qu'elles sont engagées dans la vie de la cité?", a-t-il interrogé.
Le président du groupe majoritaire LREM à l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, le 21 mars 2018
AFP
Le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a abondé sur franceinfo en estimant qu'Emmanuel Macron "au fond dit à l'Eglise +mettez-vous en marche+": "La société française attend de tous ses corps constitués qu'ils s'engagent et lui est le garant de la laïcité de l'Etat", a-t-il fait valoir.
Quant au "lien abîmé", Richard Ferrand a dit ne l'avoir "personnellement jamais ressenti ainsi". "Mais que le président veuille faire dans l'oecuménisme, ce qui est son rôle de rassembler, c'est plutôt à son honneur", a-t-il ajouté.
"Sans doute des liens ont pu se distendre et le président de la République a incité à l'engagement dans le rappel des règles de notre république", a-t-il ajouté.
Au final, Emmanuel Macron "a toujours dit +la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905+. Dans tout ce qu'il a dit hier, il n'y a rien d'attentatoire à cette ligne de conduite", a-t-il conclu.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.