L'enquête sur des accusations de viol visant Gérald Darmanin a été classée sans suite vendredi par le parquet de Paris, mais le ministre des Comptes publics, qui a résisté jusqu'ici aux appels à la démission, doit encore affronter une enquête pour abus de faiblesse.
Les investigations "n'ont pas permis d'établir l'absence de consentement de la plaignante et n'ont pas caractérisé davantage l'existence d'une contrainte, d'une menace, d'une surprise ou d'une quelconque violence à son endroit", a expliqué le parquet sollicité par l'AFP.
Classée sans suite en juillet, cette enquête contre ce poids lourds du gouvernement avait été rouverte fin janvier après l'envoi d'un nouveau courrier de la femme qui l'accuse de l'avoir violée en 2009 alors qu'elle sollicitait de l'aide dans une affaire judiciaire.
La plaignante, Sophie Patterson Spatz, 46 ans aujourd'hui, s'était adressée à M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation à son encontre datant de 2004 pour des faits de chantage et d'appels malveillants contre un ancien compagnon.
Selon elle, M. Darmanin lui aurait alors fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie en échange de faveurs sexuelles.
"Depuis le début de cette calomnie, j’ai toujours eu confiance en la justice (...) J’avais immédiatement déposé plainte en dénonciation calomnieuse en juillet dernier et il va sans dire que j’irai jusqu’au bout", a réagi le ministre auprès de l'AFP.
"Il est hors de question qu'on en reste là. Nous contestons l'appréciation portée à ce stade sur l'impossibilité de prouver l'absence de consentement", a réagi auprès de l'AFP Me Elodie Tuaillon-Hibon, avocate de Mme Patterson Spatz.
La plaignante a encore la possibilité de déposer une plainte avec constitution de partie civile afin d'obtenir la désignation directe d'un juge d'instruction.
Dans le sillage de l'affaire Weinstein aux Etats-Unis ayant provoqué une onde de choc mondiale, c'est le ministre lui-même qui avait révélé mi-janvier avoir été visé par cette enquête au printemps 2017. Il avait affirmé avoir été l'objet d'accusations "d'abus de faiblesse, d'abus de pouvoir, voire de viol".
Gérald Darmanin, 35 ans, a jusqu'ici résisté aux appels à la démission lancés par son ancien parti, Les Républicains, et dans une pétition féministe.
- "Faveurs sexuelles" -
Mercredi, LR a de nouveau réclamé son départ du gouvernement, après la révélation d'une nouvelle plainte, cette fois pour "abus de faiblesse", et qui relaye des accusations d'une certaine similitude.
Une habitante de Tourcoing (Nord), ville dont Gérald Darmanin fut maire de 2014 à 2017, affirme que ce dernier lui a demandé des faveurs sexuelles en échange d'un logement. Cette femme a été entendue par les enquêteurs mardi, dans la foulée de son dépôt de plainte.
Cette enquête "se poursuit et de nombreux actes d'investigation restent encore à réaliser", a indiqué le parquet de Paris.
Réagissant à cette nouvelle menace judiciaire, le Premier ministre Edouard Philippe a appelé mercredi à respecter "la parole du plaignant" comme "la présomption d'innocence" et réaffirmé "la même" position selon laquelle un ministre peut rester au gouvernement tant qu'il n'est pas mis en examen.
Mardi, Emmanuel Macron avait mis en garde mardi contre une "forme de République du soupçon" à propos des accusations d'agression sexuelle visant ses ministres Gérald Darmanin et Nicolas Hulot. Ce dernier entend déposer plainte pour diffamation contre le magazine Ebdo et les journalistes à l'origine d'un article le mettant en cause pour des violences sexuelles.
Interrogé en janvier sur franceinfo sur sa réputation de "dragueur lourd", M. Darmanin avait reconnu "avoir pu être léger" dans ses relations avec les femmes, "avoir envoyé des SMS un peu lourds" et "avoir pris des vents".
"Je pense que la libération de la parole, c'est très important parce que chacun a pu se poser la question : j'ai sans doute dû être pas très fin", avait-il poursuivi.