L’art d’annoncer les mauvaises nouvelles : la communication du gouvernement face à la deuxième vague

L’art d’annoncer les mauvaises nouvelles : la communication du gouvernement face à la deuxième vague

Alors qu’en mars dernier, les mesures anti-covid prises par le gouvernement étaient globalement acceptées par la population, la grogne et les protestations se font entendre depuis la rentrée. Comment Olivier Véran, Jean Castex et Emmanuel Macron s’y prennent-ils pour annoncer ces mauvaises nouvelles aux Français reconfinés ? C’est à cette question qu’Hélène Risser et ses invités tentent de répondre sur le plateau de l’émission Hashtag.
Public Sénat

Par Quentin Poirier

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Le 4 novembre dernier, alors qu’il rentre d’un déplacement dans un hôpital, Olivier Véran apprend que les députés Les Républicains ont voté la fin de l’urgence sanitaire pour mi-décembre et celle du confinement fin novembre… Son sang ne fait qu’un tour, il se rend aussitôt à l’Assemblée et sermonne avec émotion les parlementaires.

Pour Sylvie Bommel, journaliste et experte en management, cette réaction est une erreur de com' qu’elle impute aux communicants des politiques. Elle explique : « Lorsque l’on est en communication de crise, on sait qu’il faut protéger les gens qui sont au front comme des soldats. Et il faut, par exemple, les obliger à dormir. Là, il y a un vrai problème. Il lui faudrait peut-être même une assistance psychologique, c’est prévu dans les crises ». Le coup de sang d’Olivier Véran est donc « une erreur grave » pour l’experte car exprimer de la colère dans cette période ne fait rien pour rassurer les Français.

Le communicant, Philippe Guibert complète : « ça ne tombe pas très bien, parce qu’on a l’impression que l’exécutif suit les événements au jour le jour, au fil de l’épidémie, et qu’il est obligé de prendre par deux interventions, un peu précipitées, du président de la République, des mesures très difficiles ». Il ajoute : « On a le sentiment qu’il faudrait plutôt associer la société, les partis politiques, rechercher le consensus, rechercher l’union nationale ».
La volonté du gouvernement semble donc de faire front seul et ainsi se placer comme l’unique acteur légitime face à la crise du covid-19 19 au risque de s’exposer aux critiques et que la population accepte moins bien les mesures liées à ce second confinement.
 

Jean Castex face au reconfinement

Lors de la première vague de la pandémie, l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe était très souvent au côté d’Olivier Véran sur le volet de la santé, mais qu’en est-il de Jean Castex ?
Pour Sylvie Bommel « le président de la République, a pris un énorme risque en changeant de Premier ministre en période de crise et en choisissant quelqu’un que n’a pas d’expérience du gouvernement ».

Philippe Guibert abonde : « Le deuxième confinement ne marche pas comme le premier dans la psychologie collective et je trouve que c’est une petite maladresse de la part de Jean Castex qui a moins l’expérience qu’Edouard Philippe de la chose politique. C’est une maladresse de dire sur un plateau de journal télévisé : « Pourquoi vous protestez maintenant alors que pendant le premier confinement vous n’avez pas protesté ? » ».
Jean Castex n’était pas aux commandes lors de la 1re vague, jusqu’à présent il n’avait eu qu’à gérer le déconfinement. Pour le communicant, cette prise de position de la part du Premier ministre montre donc à la fois ses lacunes par rapport à Edouard Philippe ainsi qu’une méconnaissance des spécificités de la 2e vague par rapport à la 1re.
 

La communication de crise d’Emmanuel Macron : un exemple ?

Pour Sylvie Bommel la communication de crise d’Emmanuel Macron est « parfaite », « il pose les questions, propose les alternatives possibles. Il fait preuve de pédagogie, de fermeté et d’empathie. Il a l’art de la formule. On n’est pas du tout dans un discours technocratique. Il utilise les mots des vraies gens ».

Véran, Castex, Macron, chacun sa technique de communication à cette période de crise. Mais Philippe Guibert nuance tout de même : « s’il y a eu une reprise de contrôle de la parole par le président de la République tout le pataquès sur les commerces de proximité a quand même laissé une tache avec notamment un sentiment d’injustice ».

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