Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
L’Aquarius : pour ne pas laisser notre humanité sombrer
Par Priscillia Abereko
Publié le
La Méditerranée peut parfois s’avérer cruelle. Si nous la connaissons lumineuse et pleine de grâce, elle est devenue au fil des années un immense cimetière, pouvant tuer en une année 10 000 personnes.
Pourtant, le nombre de migrants qui tente la traversée ne faiblit pas : 1 million en 2016. Pourquoi prennent-ils toujours autant de risques ? Dans ce film documentaire, où l’importance des images et du son l’emportent sur les mots, Jean-Paul Mari et Franck Dhelens nous dévoilent un véritable combat à bord de l’Aquarius pour sauver ceux qui peuvent l'être.
L’Aquarius, un navire humanitaire
Dans les eaux territoriales libyennes, un bateau pas comme les autres a fait du sauvetage des migrants une priorité : l’Aquarius. Cette idée d’un navire, le SOS Méditerranée, qui sillonnerait la mer pour porter assistance à des hommes et des femmes qui ont fui leur pays, est née d’un constat amer ressenti par un capitaine allemand et une humanitaire française.
En effet, puisqu’en Méditerranée de nombreuses personnes se noyaient, il fallait les secourir. Or, pour les sauver il fallait un bateau mais comme l’Europe selon eux ne faisait rien, alors ils ont décidé de le faire eux-mêmes.
Klaus Vogel Président fondateur de SOS Méditerranée, se souvient de son déclic : « J’étais jeune officier sur un bateau assez grand de 200 m et très moderne, c’était l’époque des Boat people. On savait qu’il y avait des boat people dans la mer mais notre bateau ne s'est pas dérouté. C’est la compagnie dans laquelle je me trouvais qui en a décidé ainsi. Je me suis dit, que je ne voulais plus jamais ça et c’est pour ça que je suis ici maintenant ».
Sur l’Aquarius, l’équipage est majoritairement composé de bénévoles, de marins, de médecins, d’infirmiers ou encore de cuisiniers. Tous, n’ont qu’un but, venir en aide aux migrants qui tentent désespérément de rejoindre l’Europe.
Un drame humain
Torturés, exploités et pourchassés, de nombreux migrants vivent un calvaire digne de l'esclavage moderne. Pour les bénévoles de l’Aquarius il est urgent de leur venir en aide.
Devant son équipage, Klaus Vogel dénonce le manque de considération d’une partie de l’opinion publique face à cette situation inhumaine : « Pour schématiser, je dirais qu’ils vivent là-bas comme dans un camp de concentration. C’est de l’esclavage. Nous sommes là à 20 miles d’eux, sur une mer trop dure à traverser pour eux, trop dangereuse. […] Les gens n’aiment pas affronter la vérité. Et personne n’en parle vraiment. Mais ici sur l’Aquarius, nous vivons cette situation de l’intérieur. […]. Et le message que nous envoyons, depuis ce navire, pourrait être que nous espérons que les Européens comprendront que la Méditerranée, doit être un espace humain pour les humains ».
Chaque jour depuis l’Aquarius, l'équipage scrute l'horizon en quête d'embarcations en détresse, de naufragés sur le point de se noyer, pour leur faire atteindre en toute sécurité les côtes Européennes. Jean Passot, officier de marine sait combien leur mission est cruciale : « quand je suis de garde à la passerelle avec les jumelles à la main, je ne pense qu’aux migrants que je suis en train de chercher. J’essaye d’imaginer ce qu’il faut que je cherche, ça peut être un bateau en caoutchouc, un petit bateau de pêche ou une barque. Cela devient clairement une obsession (...) On a vraiment peur de les manquer, de passer à côté sans les voir. Il y a le risque d’une frustration en disant que ces gens vont quand même traverser mais nous ne serons peut-être pas là pour eux »
Secourir une épave pleine de migrants prête à couler ne s’improvise pas. L'équipage s’entraîne sans cesse, répète les mêmes manœuvres, les mêmes gestes pour être toujours plus rapide et efficace.
Secouru par les bénévoles de l’Aquarius, Assiz d’origine guinéenne est rassuré. Pour des raisons économiques, il a quitté son pays il y a sept ans pour tenter d’apporter une vie meilleure à sa famille : « quand j’ai quitté la Guinée Bissau, j’avais 17 ou 18 ans. Je suis parti car mon père est décédé. Ma mère est encore en vie mais j’ai beaucoup de petits frères. J’ai vu qu’on n’avait pas d’argent pour les nourrir. Ça me tracassait alors j’ai décidé de gagner ma vie. Si je réussis ma famille sera riche, sinon je ne reviendrai pas. »
Tous rêvent d’une vie meilleure en Europe, mais le voyage est souvent long pour y parvenir. Des jours, des mois, des années, qu’importe pourvu de rejoindre cet eldorado.
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Retrouvez l'intégralité du documentaire, Les migrants ne savent pas nager, samedi 16 juin à 14 heures.