Le Parlement européen a décrété symboliquement l’urgence climatique depuis plus d’un an et demi. Si l’Union a revu ses objectifs climatiques à la hausse récemment, notamment avec la réduction de 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et ce pour atteindre la neutralité carbone en 2050, dans certains domaines, les Etats membres semblent faire preuve d’incohérence environnementale. Pour la députée Belge : « Il y a encore deux grandes politiques européennes qui ne respectent pas la trajectoire climatique, c’est la politique agricole commune et la politique commerciale. On voit que ces politiques n’intègrent pas les objectifs climatiques. Les émissions de CO2 liées aux importations ne sont pas comptabilisées aujourd’hui », affirme l’eurodéputée verte. Comme bon nombre de ses collègues au Parlement européen de tous bords, l’élue plaide pour un abandon total du Mercosur, ce projet d’accord de libre-échange en négociation depuis l’an 2000.
« Un modèle agricole intensif, émetteur fortement de CO2 »
En juin 2019, un accord de principe a été trouvé, pour la suppression de quasiment toutes les taxes douanières entre l’Union européenne et les quatre économies d’Amérique du Sud les plus puissantes (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay). Mais les textes définitifs ne sont pour le moment pas ratifiés. « L’accord du Mercosur est l’exemple type d’un accord commercial qui va à l’encontre des objectifs climatiques. C’est notamment, renforcer un modèle agricole intensif, émetteur fortement de CO2, utilisateur de pesticides et amenant à des problématiques comme la déforestation. Et cela s’est renforcé depuis que les négociations sont conclues. »
Au Brésil, une politique volontariste contre l’environnement
Des critiques qui visent nommément le président brésilien Jair Bolsonaro. « Penser que Bolsonaro va changer son fusil d’épaule via un protocole additionnel négocié, il faut être dupe pour y croire. Encore récemment, il y a eu des lois de recul environnemental au Brésil. Donc il y a vraiment une politique volontariste de réduire la protection de l’environnement. Et derrière ce sont les communautés indigènes, donc les droits humains qui sont impactés », s’insurge Saskia Bricmont.
Pour que l’accord entre en vigueur, chaque Etat membre doit encore ratifier le traité. Et là ça coince, du côté de la France par exemple. Emmanuel Macron a publiquement désapprouvé l’accord en l’état.
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