Juppé tend la main à Macron sans convaincre au sein de LR

Juppé tend la main à Macron sans convaincre au sein de LR

Alain Juppé tend la main à Emmanuel Macron en prônant un "grand mouvement central" avec le chef de l'Etat aux élections européennes, une idée...
Public Sénat

Par Mathieu FOULKES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alain Juppé tend la main à Emmanuel Macron en prônant un "grand mouvement central" avec le chef de l'Etat aux élections européennes, une idée qui ne convainc pas des ténors des Républicains, en particulier Laurent Wauquiez.

C'est devant l'Association de la presse diplomatique française que l'ex-Premier ministre a fait vendredi cette proposition, rapportée par plusieurs médias : pourquoi ne pas bâtir un "grand mouvement central" avec le chef de l'Etat aux européennes de 2019 ?

M. Juppé, que M. Macron a chaleureusement salué samedi lors de la cérémonie du 11-novembre à Paris, a en particulier adressé un satisfecit au discours sur l'Europe prononcé il y a quelques semaines à la Sorbonne par le président de la République : "j'aurais peu de choses à y changer (...) c'est un bon discours qui trace des perspectives claires".

Le Premier ministre Edouard Philippe (G) serre la main de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, à Bordeaux, le 20 octobre 2017
Le Premier ministre Edouard Philippe (G) serre la main de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, à Bordeaux, le 20 octobre 2017
AFP/Archives

Dimanche après-midi, il a nettement atténué son propos en tweetant: "Liste commune avec E. Macron aux Européennes? On n'en est pas là". "Fausse nouvelle une fois de plus!", s'est-il emporté.

Vendredi, M. Juppé s'était réjoui, en se référant à l'Europe, de "la crédibilité française retrouvée, et d'une capacité d'initiative de la France qui s'était érodée dans la période précédente". Il a en particulier apprécié l'expression de "bien commun" utilisée par M. Macron pour parler de la construction européenne dans son discours.

Globalement, depuis l'élection de M. Macron il y a six mois, "il y a une forme de crédibilité retrouvée. L'image de la France a changé", veut croire M. Juppé, très proche du Premier ministre, Edouard Philippe.

M. Juppé, ministre des Affaires étrangères à deux reprises, a décerné un bon point à M. Macron pour sa visite jeudi soir en Arabie saoudite, destinée à faire baisser la tension avec l'Iran. "Il est bon que le président mouille sa chemise pour jouer un rôle de médiateur", a-t-il dit.

Pour lui, dans la politique étrangère de M. Macron, il y a "beaucoup plus d'éléments de continuité que de rupture". Il a par contre égratigné le chef de l'Etat sur ses relations avec Donald Trump : "je ne suis pas sûr que j'aurais manifesté autant d'empathie avec le président américain", reçu en grande pompe le 14 juillet à Paris.

Cette main tendue est encouragée par le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, qui y voit "le signe que cette recomposition politique" issue de l'élection de M. Macron "se poursuit".

Thierry Solère, député pro-Macron exclu de LR, abonde sur BFM dans le même sens: face au "glissement de la droite française vers le FN, il y a à fabriquer une offre politique de droite pro-européenne".

A deux ans du scrutin européen, prochain rendez-vous de l'agenda électoral français, la proposition du maire de Bordeaux suscite par contre l'agacement au sein de LR, qui va élire dans un mois un nouveau président.

- 'Heure de gloire' -

Grand favori de cette élection interne, Laurent Wauquiez a ainsi jugé sur France 3 que cette idée était une "erreur".

"Nous ne partageons pas la même vision de l'Europe qu'Emmanuel Macron", en particulier sur l'élargissement éventuel de l'Union européenne, a-t-il expliqué. "C'est une profonde erreur car l'élargissement a tué l'Europe", a prévenu M. Wauquiez, ancien ministre des Affaires européennes.

M. Juppé avait pour sa part égratigné vendredi des personnalités de son parti : "J'insupporte le discours anti-élites de certains dirigeants de LR. (...) Un peuple sans élites est un peuple sans repères".

Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, a elle aussi pris ses distances avec M. Juppé, qu'elle soutenait pourtant à la primaire de la droite en 2016.

"Des pro-Européens, il y en a toujours eu à gauche et à droite. François Mitterrand était pro-Européen, je n'ai jamais voté pour une liste socialiste" aux européennes, a-t-elle souligné au Grand Rendez-vous CNews-Europe 1-Les Echos.

Marine Le Pen, présidente du FN, a elle ironisé sur BFM sur l'"UMPS" qui vivrait ainsi son "heure de gloire": "Bienvenue à ce grand mouvement du mondialisme décomplexé face auquel il y aura le grand mouvement des nationaux décomplexés que nous représentons!".

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le