Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Joséphine Baker devient la première femme noire à entrer au Panthéon
Par Flora Sauvage
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« A travers ce destin, la France distingue une personnalité exceptionnelle, née américaine, ayant choisi, au nom du combat qu’elle mena toute sa vie pour la liberté et l’émancipation, la France éternelle des Lumières universelles », précise l’Elysée dans un communiqué. Joséphine Baker deviendra ainsi la première femme noire et ouvertement bisexuelle à entrer dans ce mausolée républicain dédié aux personnages ayant marqué l’histoire de France.
Figure éminente de la Résistance et de la lutte antiraciste Joséphine Baker est décédée en 1975. Quand elle vivait aux États-Unis, elle s’est opposée au Ku Klux Klan avant de s’impliquer en faveur des droits civiques des Afro-américains, au côté de Martin Luther King. En Europe, face au nazisme, Joséphine Baker s’est illustrée dans le contre-espionnage. Elle y est devenue une agente française de renseignement, et a ainsi été décorée de la médaille de la Résistance, peu après la fin de la Seconde guerre mondiale. La pétition lancée il y a 2 ans par Laurent Kupferman avait rassemblé 38 000 signatures.
Face à ce choix de l’Elysée, les sénateurs et sénatrices se félicitent de cette décision.
Une femme de conviction
Sénateur LR des Hauts de Seine, Roger Karoutchi salue cette décision. « C’était nécessaire que Joséphine Baker entre au Panthéon dans une période où l’on n’arrête pas de dire que la société française est fracturée, elle incarne une femme de conviction qui n’a pas hésité à s’engager dans la résistance pour défendre les valeurs d’un pays qu’elle avait adopté ».
Selon Roger Karoutchi, Joséphine Baker incarne le symbole d’une France unie. Mariée à un Français, cette femme née dans l’Amérique ségrégationniste n’hésite pas à s’engager dans la résistance en transportant des documents dans ses partitions. A travers un parcours de vie exceptionnel, elle représente l’universalisme à la française selon les partisans de son entrée au Panthéon.
La Dordogne se réjouit
Pour Marie-Claude Varaillas, sénatrice communiste de la Dordogne qui a signé la pétition, c’est « une immense joie » de voir Joséphine Baker entrer au Panthéon. Car « aujourd’hui encore plus qu’hier, il est important de saluer cette femme qui se sentait investie d’une mission pour l’égalité, la tolérance, et la lutte contre le racisme ». L’histoire de Joséphine Baker est intimement liée à celle du Périgord. C’est en Dordogne qu’elle achète en 1947 le château des Milandes. Née dans le Missouri en 1906, la chanteuse, danseuse et meneuse de revue, s’installe en Dordogne avec ses 12 enfants adoptés (de 12 nationalités différentes). Elle y restera pendant 20 ans jusqu’en 1968 où, totalement ruinée, elle sera chassée par les huissiers. Elle sera ensuite recueillie par le Prince Rainier de Monaco en 1975.
Sixième femme au Panthéon
Celle qui se fit connaître de ce côté-ci de l’Atlantique dans la « Revue nègre » au Théâtre des Champs Elysées en 1925, sera la deuxième femme à entrer au Panthéon après Simone Veil, depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017. Si la présidente de la Délégation sénatoriale aux droits des femmes éprouve « une immense satisfaction », Annick Billon souligne toutefois que Joséphine Baker sera la sixième femme à entrer au Panthéon (après Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle- Anthonioz et Simone Veil) sur un total de 80 personnes inhumées dans ce temple républicain.
« Six femmes sur quatre-vingts personnes au Panthéon c’est relativement peu, mais cela démontre que la place des femmes dans l’espace public n’est pas quelque chose de naturel », ajoute la sénatrice centriste. Cette panthéonisation contribue à rendre les femmes plus visibles dans l’espace public, estime la sénatrice qui rappelle que « 12 % seulement des rues de Paris ont des noms de femmes, contre 11 % à Lyon et seulement 3 % à Nantes ». Selon Annick Billon, Joséphine Baker représente une figure d’émancipation pour toutes les femmes, et un « bel exemple pour les générations actuelles ». Son entrée au Panthéon lance un message « extrêmement positif ».
« Concorde nationale » autour d’un symbole
Au sein du groupe socialiste, certains comme le sénateur du Val d’Oise Rachid Temal saluent l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, mais espèrent que Gisèle Halimi sera la prochaine femme à lui succéder. « Une bonne nouvelle. Et pour Gisèle Halimi, des nouvelles ? » écrit-il sur son compte Twitter.
Un projet que l’Elysée a relégué aux oubliettes en choisissant la chanteuse franco américaine dont le profil est nettement plus consensuel. Pour le président du groupe socialiste Patrick Kanner, Joséphine Baker « coche beaucoup de cases : femme, noire, résistante » et bisexuelle. Si elle a été mariée à plusieurs hommes, elle aussi eu des histoires d’amour avec des femmes comme l’écrivaine française Colette ou Frida Kahlo. Selon Patrick Kanner, « un peu de concorde nationale autour d’un symbole ne peut pas faire de mal ». La cérémonie aura lieu le 30 novembre, jour anniversaire de sa naturalisation française (en 1937). Le corps de Joséphine Baker restera toutefois à Monaco, où elle est enterrée.