JO-2024: Philippe lance les travaux du village olympique en Seine-Saint-Denis
Cinq ans avant les JO, Edouard Philippe défend déjà l'héritage de Paris-2024: en déplacement en force en Seine-Saint-Denis, le Premier ministre...
Par Jérémy MAROT, Wafaa ESSALHI
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Cinq ans avant les JO, Edouard Philippe défend déjà l'héritage de Paris-2024: en déplacement en force en Seine-Saint-Denis, le Premier ministre a donné le coup d'envoi du chantier controversé du village olympique et érigé ces Jeux en "accélérateur de politiques publiques" utile à la population.
"Si on veut qu'ils soient réussis, il faut que toute cette organisation, ces financements, cette mobilisation, ne disparaissent pas au moment où la flamme olympique va s'éteindre. Il faut que tout ça dure", a scandé le Premier ministre à Saint-Ouen où il a symboliquement lancé les travaux pharaoniques du village des athlètes.
A l'issue d'un chantier de trois ans, le site de 51 hectares à cheval entre Saint-Denis, Saint-Ouen et L'Ile-Saint-Denis accueillera près de 15.000 athlètes et officiels en 2024 avant d'être reconfiguré en un nouveau quartier, comptant plus de 3.000 logements en 2025.
"Il faut qu'il reste quelque chose, a matraqué Edouard Philippe. Ce quelque chose sera matériel: ce sont les équipements publics, ce village de 51 hectares. Mais c'est aussi des pratiques, des politiques publiques (...) et notamment le fait de redévelopper la pratique sportive chez nos concitoyens."
- Pack de 170 mesures -
Plus tôt dans la matinée, à Saint-Denis, un paquet de 170 mesures en lien avec les JO, déjà prises ou attendues, a été annoncé à l'issue d'un comité interministériel.
Certaines sont déjà connues, comme la création d'une cellule à Pôle Emploi dédiée aux postes liés aux JO, le plan "aisance aquatique" destiné à lutter contre les noyades, le plan vélo ou encore un système de défiscalisation pour faciliter le sport en entreprises et les inciter à se doter d'équipements sportifs, douches et vestiaires.
Parmi les mesures nouvelles, sont prévus la création d'un label égalité hommes-femmes, qui aura vocation à s'étendre à d'autres événements sportifs, et un plan de formation de jeunes en service civique sur des missions d'accompagnement aux JO (10.000 par an à partir de 2020).
Autre objectif: la formation de 3.000 personnes en situation de handicap pour devenir bénévoles des Jeux.
Le village des médias sera érigé sur le site de Paris-Le Bourget, vu ici lors de l'inspection du CIO le 15 mai 2017
AFP/Archives
Par ailleurs, une enveloppe de 20 M EUR sera allouée à un vaste programme de recherche sur la haute performance sportive destiné très concrètement à accroître les chances de médailles en 2024.
Localement, des protestations s'élèvent déjà contre le projet de village olympique qui promet de raser une zone accueillant plus d'une vingtaine d'entreprises, trois écoles, un hôtel, une résidence étudiante et un foyer de travailleurs étrangers.
"Cela fait 40 ans que nous sommes là et il n'y a plus de place pour nous, c'est insultant", déplore Boubacar Diallo, représentant des résidents du foyer de travailleurs étrangers de Saint-Ouen sur lequel a été accrochée une large banderole "En lutte pour un relogement digne".
En remplacement, deux nouvelles résidences doivent voir le jour en 2022. Mais les résidents refusent le relogement provisoire proposé par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l'établissement public chargé des chantiers des JO.
Le foyer demeure l'un des derniers dossiers épineux pour la Solideo qui a acquis "près de 90% du foncier à l'amiable" pour un montant de 110 millions d'euros, selon l'Établissement public foncier d'Ile-de-France.
- Nuisances -
Egalement mécontente, l'école publique d'ingénieurs Supméca, dont le campus sera coupé en deux. "On nous supprime notre réserve foncière. C'est l'argent public qui va permettre de régler le problème des promoteurs privés", tempête son directeur Alain Rivière.
A Saint-Denis, certains habitants craignent aussi des nuisances en raison de la concentration, dans une zone restreinte, de la future piscine olympique, la plus grande gare du Grand Paris, l'enfouissement des lignes à haute tension, le mur anti-bruit de l'A86 et l'aménagement des berges de Seine.
La Solideo promet "qu'il n'y aura pas de chantier de nuit" et assure que "ce qui va se passer en 3-4 ans est la compensation de ce qui ne s'est pas passé depuis 30 ans". Un message qui fait écho à celui du gouvernement qui a dévoilé jeudi une batterie de mesures spécifiques pour la Seine-Saint-Denis.
Les attentes sont également fortes dans le sport, où les craintes de suppression, puis de changement de statut des 1.600 conseillers techniques sportifs ont soulevé de vives critiques.
Le Comité national olympique et sportif français a profité de l'occasion pour interpeller l'exécutif et le Parlement lundi: dans une pleine page de l'Equipe, le CNOSF les exhorte à doter le "budget du sport français à la hauteur des ambitions de notre pays".
"Les clubs sportifs français sont aujourd'hui en plein désarroi", alerte le mouvement olympique français pointant la "diminution de plus de 20% du budget qui leur était consacré par l'Etat" et la "diminution sévère des emplois aidés".
Entre les coûts d'organisation et les chantiers, le budget total des Jeux s'élève à ce stade à 6,8 milliards d'euros, dont 1,5 milliard de dépense publique.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.