Les jeux sont faits. Ou presque. Sans surprise, le projet de loi relatif à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques a été adopté au Parlement.
« Les conditions permettant de célébrer dignement le centenaire des Jeux de 1924 sont désormais réunies » s’est félicité Jean-Jacques Lozach, sénateur socialiste de la Creuse. Au sein de la Haute assemblée, tous se réjouissent du travail transpartisan effectué tant par les députés que les sénateurs malgré « la polémique selon laquelle nous ne pourrions réaliser ces Jeux dans les délais et le budget » souligne la rapporteure du texte, Muriel Jourda. Un travail salué par la ministre des Sports, elle aussi satisfaite de la « complémentarité dans le débat des deux chambres ».
« Les conditions permettant de célébrer dignement le centenaire des Jeux de 1924 sont désormais réunies » s’est félicité Jean-Jacques Lozach
L’enjeu de ce texte n’est pas des moindres, comme l’a rappelé Laura Flessel : il s’agit tant de « rayonner au niveau international » que d’assurer « l’héritage promis aux Français » après les Jeux. Lorsque la France a décroché l’organisation des JO 2024, rien n’était gagné. Très vite, des doutes quant au respect des délais - six mois et demi - et du budget - 6,8 milliards d’euros - ont émergé. Une « note d’alerte » de l’Inspection générale des finances, dévoilée mercredi par Le Parisien, a d’ailleurs pointé le coût de certaines infrastructures. « Dans le passé, des dérives ont pu écorner l’image des Jeux », a rappelé la ministre avant de certifier qu’elle sera « fidèle à (s)es engagements », bien qu’ « il y ait des révisions à faire ». Et d’ajouter : « Nous n’aurons pas trop de six ans et demi. »
« L’héritage des Jeux se joue maintenant »
Pierre Laurent : « L’héritage des Jeux se joue maintenant »
Pour réviser sa copie avant de la transmettre au Comité international olympique (CIO) en juin prochain, Laura Flessel va engager la phase de concertation avec les élus locaux. Ceux-ci devraient reprendre certaines des inquiétudes formulées par les sénateurs, concernant principalement l’héritage des Jeux. « Nous n’avons pas de temps à perdre, l’héritage des Jeux se joue maintenant », a prévenu Pierre Laurent. Le sénateur communiste de Paris a notamment tenu à attirer l’attention sur « la question du handisport » qui, selon lui, devrait être érigée au rang de « grande cause nationale ». Car si le texte prévoit la simplification de la procédure de mise en accessibilité des métros de Paris et Marseille aux personnes handicapées, l’égal accès à la pratique du sport tant pour les valides que pour les personnes à mobilité réduite est encore loin d‘être acquise.
Pierre Laurent a également évoqué la question du sport féminin. Là encore, les sénateurs se sont félicités de l’adoption par la commission mixte paritaire de l’amendement du Sénat pour assurer une représentation équilibrée entre les femmes et les hommes et à favoriser la parité au sein des instances consultatives. Mais, de l’avis du sénateur communiste, cela doit être l’occasion de revaloriser la place des femmes dans le sport.
« L’occasion de remédier à certains déséquilibres territoriaux »
La sénatrice Les Indépendants de la Seine-et-Marne, Colette Mélot, a quant à elle rappelé que « l’aménagement d’infrastructures olympiques est une occasion de remédier en partie à certains déséquilibres territoriaux » et se réjouit par conséquent de la construction du centre aquatique olympique en Seine-Saint-Denis. Mais « une question est en suspens » : « Comment étendre les retombées socio-économiques des JO 2024 à l’ensemble des territoires, y compris aux zones rurales ? ». Ce à quoi Laura Flessel répond qu’il revient « à chaque territoire de s’approprier les Jeux, de créer leur Jeux à eux », avant de s’empresser d’ajouter que « 4 milliards de téléspectateurs » vont pouvoir regarder les épreuves. Un chiffre qui risque toutefois d’être revu à la baisse car, comme l’ont regretté la plupart des sénateurs, l’amendement tendant à diffuser en clair l’intégralité des épreuves a été rejeté.
Colette Mélot : « L’aménagement d’infrastructures olympiques est une occasion de remédier en partie à certains déséquilibres territoriaux »
« Les Parisiens pourront enfin se baigner dans la Seine »
Un héritage semble toutefois acquis aux yeux des sénateurs : « Après les JO, les Parisiens pourront enfin se baigner dans la Seine » s’est réjouie Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrice socialiste de Paris. Comme l’a rappelé Muriel Jourda, rapporteure du projet de loi, l’amendement « péniche » du Sénat fut décisif. Celui-ci impose à tous les propriétaires de péniches de se raccorder au réseau des eaux usées afin que la Seine soit « en bon état sanitaire et écologique ».
: « Après les JO, les Parisiens pourront enfin se baigner dans la Seine » s’est réjouie Marie-Pierre de la Gontrie
En conclusion de son propos introductif de la séance, Muriel Jourda a formulé un vœu : celui que ce projet de loi soit « un texte d’appel pour que nous puissions simplifier la vie de tous ». Un vœu partagé par l’ensemble des sénateurs et qui pourrait être exaucé l’année prochaine, à l’occasion du projet de loi Sport et société qu’ambitionne de présenter Laura Flessel. « Je ne suis pas que la ministre des Jeux mais bien plus encore : je suis ministre des Sports et des pratiques dans toutes ses formes » a-t-elle rappelé pour appuyer son « objectif d’avoir un héritage après les Jeux ».
Pierre Laurent : « L’héritage des Jeux se joue maintenant »