Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
« Je ne laisserai pas une once de territoire de France à Le Pen » affirme Macron à Arras
Par Alice Bardo
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« Marine Le Pen a passé un quart d’heure sur un parking avec des militants du FN à faire des selfies et elle est repartie. » Voilà ce que retient Emmanuel Macron du passage surprise de la candidate frontiste sur le parking de l’usine Whirlpool d’Amiens, alors qu’il était en réunion avec l’intersyndicale, dont il a tenu à rappeler « le rôle formidable ».
Peu après cette entrevue, le leader d’ « En Marche ! » a décidé de se rendre sur place. Au milieu des salariés et des journalistes, il a tenté pendant plus d’une heure de répondre à leurs inquiétudes. Hier soir, devant les 3000 « Marcheurs » d’Arras, après avoir dénoncé « le cynisme et le choix brutal » des patrons, il a attaqué sa rivale : « Elle a fait des images donc les gens ont trouvé ça formidable. Et puis le soir, elle a ressorti son programme sur les PME, alors que Whirlpool n’a rien à voir avec les PME. »
« Il ne faut pas oublier la menace du FN »
Après la « joie » du soir du premier tour - « qu’il ne faut pas bouder » -, Emmanuel Macron appelle à la « gravité » : « Il ne faut pas oublier la menace du FN. » « Notre joie est grave parce que notre responsabilité est immense », tient-il à rappeler.
Puis, le candidat répond aux provocations de Marine le Pen, qui l’avait qualifié de « candidat des villes ». « Il y aurait la France des villes et la France des champs ? Mais il n’y a qu’une France : la notre! », martèle le leader d’ « En Marche ». C’est « projet contre projet », en prônant l’ « unité » dont il veut être « le garant » face aux « fractures », qu’il déroule son discours.
« Je n’ai qu’un ennemi : ce sont nos fractures et nos divisions »
Au « repli » et à « la négation du monde, la haine de l’autre et la sortie de l’UE », il oppose « une France conquérante dans l’Europe et dans le monde ». A « la démagogie » de sa rivale, « le discours de l’intelligence ». « Je n’ai qu’un ennemi : ce sont nos fractures et nos divisions », assène t-il avec une formulation qui n’est pas sans rappeler celle de celui à qui il ambitionne de succéder.
Des fractures qu’il accuse Marine Le Pen d’exploiter et qu’il prend le temps d’énumérer. De la fracture sociale à la fracture territoriale, en passant par les factures politique et démocratique ou encore par celle qui existe entre la France et l’Europe, Emmanuel Macron s’attache à démonter le discours de son adversaire. Il avertit : « J’irai dans tous ces territoires de fractures, je ne laisserai pas une once de territoire de France à Mme Le Pen. »
« Marine Le Pen est née dans un château et elle donne des leçons! »
Echauffé, le leader « d’En Marche ! » s’emporte : « Le FN a les pires pratiques de l’Ancien Régime. Marine Le Pen est née dans un château et elle donne des leçons ! Elle se prétend du peuple mais elle est une héritière ! » Souvent taxé de « candidat des riches », Emmanuel Macron se défend. Pendant son discours, il s’adressera à plusieurs reprises aux « classes moyennes et populaires », cibles de prédilection de la candidate FN. Ainsi, pour réduire la fracture sociale, il mise sur la formation professionnelle « qui ira vers les chômeurs et les moins qualifiés » et compte « investir massivement sur les plus fragiles, jeunes ou non ».
« Le protectionnisme c’est la guerre! »
Dans un même élan de colère, c’est au protectionnisme qu’appelle de ses vœux Marine Le Pen qu’il s’attaque : « Le protectionnisme c’est la guerre ! » « Le FN, ce n’est pas le parti des patriotes c’est celui du nationalisme et le nationalisme, c’est la guerre », renchérit-il. Puis d’un geste, il sort de sa veste « la médaille de Notre-Dame-de-Lorette » et s’époumone : « Ces femmes et ces hommes sont tombés à cause de discours de haine, de la bêtise humaine, d’un choix qui a été fait à un moment par les dirigeants de manière folle de dire que nous valons mieux que le voisin alors allons le détruire avec la chair des autres ! » « Le Pen et ses amis seront réfugiés au château de Montretout et ce sont vous et vos enfants qui irez la faire la même guerre qui en a fait tomber tant et tant », finit-il par lâcher.
Avant le traditionnel « Vive la République et vive la France », Emmanuel Macron appelle à faire barrage au FN : « Ne donnez pas au FN votre colère il ne la mérite pas, ne donnez pas au FN vos espoirs il les trahira, ne donnez au FN vos indignations parce qu’il s’en nourrit sans y répondre. »