L’hommage populaire réunissant des milliers de personnes aux Invalides, dimanche, s’est poursuivi jusqu’au petit matin de cette journée de deuil national. L’hommage à Jacques Chirac s'est tenu en présence de personnalités françaises et de nombreux dignitaires étrangers.
Par Public Sénat avec AFP
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Ce jour de deuil national a commencé à l'aube aux Invalides où des milliers de personnes se sont pressées pour saluer, une dernière fois, la mémoire de Jacques Chirac. Les hommages se sont poursuivis dans la cour d'honneur des Invalides, à l'église Saint-Sulpice, en présence du président de la République et de nombreuses personnalités françaises et étrangères.
Un signe de la main, le portrait de Jacques Chirac trône à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis aux Invalides. Des milliers de personnes ont bravé la pluie pour rendre un dernier hommage à l’ancien président de la République. Le cercueil, drapé du drapeau tricolore, avait quitté le domicile rue Tournon en convoi peu avant 13 heures, dimanche. Il était arrivé quelques minutes avant l’ouverture des grilles sous les applaudissements.
« Il était proche des simples. Il aimait les gens. Il disait ce qu'il pensait avec son franc-parler. On manque aujourd'hui de responsables politiques qui vont au contact », confie à l’AFP un homme venu saluer l’ancien président. Quelque 7 000 personnes se sont pressées, jusqu'à lundi matin, pour honorer l'ancien chef de l'État aux Invalides. Claude Chirac est allée à leur rencontre pour les en remercier.
Claude Chirac rend visite aux personnes venues rendre hommage à son père
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Dans la matinée, une cérémonie privée, célébrée par Monseigneur Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe) a eu lieu aux Invalides, en présence de son épouse Bernadette et quelque 200 personnes, famille et personnel médical ayant assisté Jacques Chirac.
Les honneurs militaires rendus à Jacques Chirac
En cette journée de deuil national, l’ex-président de la République, qui s’est éteint à l'âge de 86 ans, a reçu les honneurs militaires dans la cour d'honneur des Invalides, en présence d’Emmanuel Macron. Martin Rey-Chirac, 23 ans, petit-fils unique de l'ancien président, a pris la parole pour rendre hommage à son grand-père, avant l'arrivée du président, visage grave et fermé, venu rendre les honneurs funèbres militaires dans la cour pavée. Comme le veut la tradition, le président de la République a passé en revue les troupes avant d’observer une minute de silence devant le cercueil de son prédécesseur.
Hommage rendu par Emmanuel Macron aux Invalides le 30 septembre 2019
POOL/AFP
Hommage solennel à l'église Saint-Sulpice
Accompagné d’une escorte, le convoi funéraire a rejoint l’église Saint-Sulpice où un service solennel a été célébré à midi par Monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris, en présence d'Emmanuel Macron et des anciens présidents de la République, Valéry Giscard d’Estaing, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Une grande partie de la classe politique française, à l’exception notable des représentants du Rassemblement national, était présente. De nombreux dignitaires étrangers sont également venus rendre un dernier hommage à Jacques Chirac.
Hommage à Jacques Chirac : arrivée des personnalités à l'église Saint-Sulpice
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Bill Clinton, ancien président des États-Unis qui entretenait une relation chaleureuse avec Jacques Chirac a fait le déplacement, accueilli par le Premier ministre aux portes de l’église Saint-Sulpice. Également présents, les présidents russe Vladimir Poutine, italien, Sergio Mattarella ; et congolais, Denis Sassou-Nguesso ; la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili ; les premiers ministres libanais, Saad Hariri, et hongrois, Viktor Orban. Aussi, le roi de Jordanie, Abdallah II, et l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani. Une centaine de représentants étrangers sont présents pour le service solennel à l'église Saint-Sulpice.
Des Parisiens et des touristes ont observé le passage du cortège funèbre, parfois avec émotion. « Il dégageait une chaleur que beaucoup de présidents n’ont pas », témoignage une Parisienne au micro de l’AFP.
« Jacques Chirac dégageait une chaleur que beaucoup de présidents n’ont pas », témoignage une Parisienne
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Le cercueil de Jacques Chirac a remonté la nef de Saint-Sulpice au son du requiem de Gabriel Fauré, sous les yeux de près de 2 000 invités venus du monde entier. Durant l'heure et demie d'office, plusieurs d'entre eux, fidèles et proches, n'ont pas masqué leur émotion à l'évocation du souvenir de l'ancien maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre, puis deux fois élu président de la République. Bernadette Chirac, affaiblie et qui n'est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux à leur domicile parisien, rue de Tournon, est absente "en raison de sa santé".
« Adieu et merci Monsieur Chirac »
« Un homme chaleureux », c’est par ces mots que l’archevêque de Paris, Monseigneur Michel Aupetit, a rendu hommage à Jacques Chirac. Dans son homélie, l’archevêque est revenu sur l’héritage politique de l’ancien président, rendant hommage au « véritable amour des gens » qui le caractérisait. « Le président Jacques Chirac (...) avait axé sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale, portant ainsi son regard sur ceux qui restent sur le bord de la route », a déclaré Monseigneur Michel Aupetit. L’archevêque de Paris a également rappelé le non à la guerre en Irak et salué sa sortie prévoyante en matière d’écologie au sommet de l’ONU. « Adieu et merci Monsieur Chirac », a conclu Monseigneur Michel Aupetit.
Hommage à Jacques Chirac : arrivée du cercueil à l'église Saint-Sulpice
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L'assistance, dans ce deuxième plus grand édifice religieux de la capitale, fut à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi. Dans les premiers rangs, le président russe Vladimir Poutine, qui en juin avait déclaré que Jacques Chirac était le dirigeant qui l'avait "le plus impressionné" dans sa carrière. Signe des liens forts que Jacques Chirac entretenait avec le Liban, Saad Hariri a décrété une journée de deuil national lundi dans le pays. Le Premier ministre libanais, dont le père Rafic Hariri était très proche de Jacques Chirac, est apparu très ému lors de la cérémonie à l'église Saint-Sulpice.
Hommage à Jacques Chirac
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Jacques Chirac inhumé dans la plus stricte intimité au cimetière du Montparnasse
À 14 heures, le convoi funéraire de Jacques Chirac est arrivé au cimetière du Montparnasse. L’ancien président sera inhumé dans un cadre strictement privé, selon la volonté de son épouse Bernadette Chirac. Il reposera dans le caveau de leur fille aînée, Laurence Chirac, morte en 2016.
Au même moment, les dirigeants étrangers sont conviés à déjeuner à l'Élysée. Une salade corrézienne doit être servie aux 69 dirigeants reçus, un "clin d'œil" préparés par le chef du palais, Guillaume Gomez. Emmanuel Macron devrait être assis à la même table que l'ancien président américain Bill Clinton, le roi Abdallah de Jordanie, les Premiers ministres belge Charles Michel et libanais Saad Hariri, le grand-duc du Luxembourg, les présidents du Congo Denis Sassou N'Guesso et d'Italie Sergio Mattarella ainsi que l'ancien dirigeant sénégalais Abdou Diouf. Les anciens présidents français François Hollande et Nicolas Sarkozy doivent présider d'autres tables.
Une minute de silence observée dans toute la France
Dans les administrations, les écoles et les deux chambres du Parlement, une minute de silence a été respectée pour honorer la mémoire de Jacques Chirac. Un imposant portrait de l’ancien Président au Perchoir a été installé dans la cour d’honneur du palais Bourbon, où les députés se sont réunis à 15 heures. Trois anciens présidents de l'Assemblée, dont Jean-Louis Debré, Bernard Accoyer (LR) et François de Rugy (LREM) se sont joints à cet « hommage au grand républicain » qu'était Jacques Chirac, selon les mots de Richard Ferrand, titulaire actuel du perchoir à l'origine de ce rendez-vous. Plusieurs présidents de groupes politiques étaient également présents : Jean-Luc Mélenchon (LFI), Christian Jacob (LR), Gilles Le Gendre (LREM), Valérie Rabault (PS) et André Chassaigne (PCF). Les hommages à l'Assemblée nationale se poursuivront mardi à 15 heures avec un discours de Richard Ferrand. Marine Le Pen sera absente cette semaine de l'Assemblée nationale, pour cause d'opération, a fait savoir son entourage à l'AFP. Une minute de silence a également été observée au palais du Luxembourg.
La journée de deuil national décrétée ce lundi était la huitième depuis le début de la Ve République en 1958. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics. Un hommage sera également rendu à l'ancien président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, dont il fut le député.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.